Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

dimanche 16 novembre 2025

[RF Kuang] La guerre du pavot (éditions Acte Sud) / Quelques extraits que j'apprécie

  • Tante Fang : Garde la tête basse et fais ce qu’il te dit ; tais-toi et deviens sa petite esclave domestique jusqu’à ce qu’il te fasse confiance. Et quand ce sera le cas, commence à lui filer de l’opium. A petites doses d’abord, même si ça m’étonnerait qu’il n’ait jamais fumé. Ensuite, tu lui en donnes de plus en plus chaque jour. Fais ça le soir, juste après qu’il en a fini avec toi, pour qu’il associe toujours ça eu plaisir et au pouvoir.
  • Jun : On a quelqu’un comme toi tous les ans, un pèquenaud qui croit mériter mon temps et mon attention parce qu’il a réussi un examen (…) Ce garçon, là, dit Jun en indiquant du pouce la direction qu’avait suivie Nezha, c’est peut-être un con, mais il a tout en lui pour faire un commandant. Toi, par contre, tu n’es qu’une sale paysanne.
  • Rin : Elle raffolait des compliment, les désirait ardemment. Elle en avait besoin, et se rendait bien compte qu’elle n’était soulagée que quand on les lui accordait.
  • La neige fut plaisante à observer le temps de deux sereines minutes, avant de ne plus devenir qu’un emmerdement.
  • Rin : Parce qu’il croyait pouvoir se débarrasser de moi. Parce que j’ai envie de lui éclater la tête, à cet abruti.
  • Devant l’insistance de Kitay, Lan leur cuisina une soupe au poivre noir, mais aussi délicieuse fût-elle, Rin vécut l’expérience singulière de pleurer pendant son repas. Le jour suivant, elle passa la majeure partie de son temps assise sur les toilettes, le rectum en feu.
  • Rin (avant une bataille) : La peur enflait au fond de sa gorge, si épaisse et tangible qu’elle était proche de l’étouffer. La peur faisait trembler si violemment ses doigts qu’elle en lâchait pratiquement son épée. La peur l’amenait à oublier comment respirer. Elle devait forcer l’air à s’engouffrer dans ses poumons, fermer les yeux et compter mentalement tandis qu’elle inspirait et expirait. La peur lui donnait des vertiges et des nausées, l’envie de vomir par-dessus la muraille.
  • Qara : Un shaman doit savoir quand résister au pouvoir des dieux. On appelle ça la sagesse. Mais un dirigeant doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauver son pays. On appelle ça le sens des responsabilités. Quand tu tiens le sort de ta nation entre tes mains, quand tu as consenti à ton devoir envers ton peuple, ta vie ne t’appartient plus.
  • Rin (à propos du feu d’Altan) : Celui d’Altan, en revanche, prenait sa source dans une haine continuelle. C’était une brûlure lente, profonde. Rin sentait presque son goût, sa fielleuse intensité, sa tristesse ancestrale. Elle était horrifiée.
  • Golyn Niis passa d’une cité de cadavres à une cité de cendres.
  • Feylen : Maintenant que nous sommes devenus divins, tu crois que nous nous préoccupons du sort des mortels ?
  • Le Phénix : Les dieux ne veulent rien. Ils se contentent d’exister. Nous ne pouvois aller contre notre nature. Nous ne sommes qu’essence, élément. Vous, les humains, vous infligez tout vous-mêmes pour nous blâmer ensuite. Toutes les calamités ont provoquées par l’Homme. Nous ne vous forçons à rien. Nous n’avons jamais fait qu’aider.
  • Elle voulait tout oublier. Oublier la guerre, oublier ses dieux. Elle se contenterait d’exister, de savoir que ses amis étaient en vie et que le monde entier, après tout, n’était pas si sombre.

samedi 15 novembre 2025

Oeil-de-Nuit avec les loups

Grâce au Vif, Fitz et Œil-de-Nuit partagent un lien fort, une relation qui est difficilement compréhensible pour les autres. Pour quelques-uns, le Vif est une perversion. Fitz, lui, chérit sa relation avec le loup même s’il lui a fallu bien du temps et du courage pour passer outre toutes les bêtises inculquées par Burrich. Durant une bonne partie de son enfance, Fitz grandit à Castelcerf. Œil-de-Nuit est donc amené à évoluer dans un milieu urbain où les loups sont bien peu présents.

Le loup ne semble donc avoir que Fitz. Il semble pour lui extrêmement compliqué d’avoir une compagne ou intégrer une meute. Certes, il y a très peu d’occurrences où il en parle comme un but mais on peut penser qu’il existe une forme de solitude en lui : il est la seule créature de son espèce à Castelcerf. Quand Fitz se retrouve seul à décider de sa vie (le début du tome le Poison de la vengeance), il prend la décision d’aller tuer Royal. C’est un long voyage qui l’attend et Œil-de-Nuit y voit là une opportunité de rencontrer d’autres loups (« j’aimerais bien trouver des loups là où nous allons »). Même s’il répète sans cesse que Fitz lui suffit, on voit bien qu’il y a un manque, un vide.

Le problème est que ni Fitz ni Œil-de-Nuit n’ont été formés à cette magie. Ils n’ont jamais réellement réfléchi à ce qu’elle était, si elle avait ses règles. Sur leur route, ils tombent sur Rolf le Noir, un homme à l’apparence bourru mais qui connait bien des choses sur cette magie. A sa manière, brutalement donc, il tente de leur montrer et de les convaincre que leur relation est déséquilibrée : Fitz obtient plus du loup que l’inverse, le loup doit vivre parmi les hommes, etc. Rolf est choqué de voir que cela ne bouleverse pas plus que ça Œil-de-Nuit. Pourtant, Rolf soulève des questions importantes : « que doit-on faire quand votre compagnon souhaite s’intégrer à une meute de vrais loups ? » Les deux ne se sont jamais posés ce genre de question, se contentant de vivre au jour le jour.

Malheureusement, Fitz est rattrapé par les événements. Alors qu’ils se rapprochent de Gué-de-Négoce, des bruits de loup sont entendus. Œil-de-Nuit change radicalement d’attitude, c’est comme si quelque chose de primitif se réveillait en lui, presque un besoin instinctif. Liés comme ils le sont, le bâtard ne peut que ressentir ce qui traverse son ami (« le choc que j’avais perçu en lui lorsqu’il avait entendu le cri lointain du loup m’avait fait bondir le cœur dans la poitrine ; je n’aurais pas été plus bouleversé si ma propre mère m’avait soudain appelé dans la nuit »). La comparaison est très équivoque : le loup a potentiellement trouvé une famille qu’il ne savait pas avoir perdu.

Œil-de-Nuit adopte alors une nouvelle attitude. Il ne peut plus être le prédateur, le chasseur conquérant qu’on voyait jusqu’à maintenant. Pour lui, c’est l’inconnu. Il n’a jamais fréquenté de meute de loups et il doit se montrer prudent. Pire, rien n’indique que la meute accepte de l’accueillir ; après tout, il n’est qu’un étranger. Le premier contact montre qu’il « suivait la meute à distance respectueuse » et que « le chef s’arrêtait fréquemment pour uriner puis gratter la terre des pattes arrière ». 

Le temps passe. Fitz échoue à tuer Royal et se retrouve à la recherche de Vérité. Alors qu’il cherche à pénétrer dans les Montagnes, Œil-de-Nuit revient vers lui. C’est la malheureuse preuve qu’il a échoué à intégrer la meute même si cela semble avoir été une expérience positive (« j’ai couru avec eux. Ils ont fini par me laisser une place dans la meute. Nous avons chassé ensemble, tué ensemble partagé la viande. C’était très bon »). Pour justifier son échec, Œil-de-Nuit explique qu’il a voulu être le leader, le mâle dominant et qu’il n’a pas réussi. Il affirme que « Loup Noir est très grand et rapide. Je suis plus fort que lui, je pense, mais il connait plus de ruses que moi (…) Il est resté le chef. Il a toujours la femelle et la tanière ». Autrement dit, Œil-de-Nuit ne voulait pas être un loup parmi d’autres : il voulait être le chef de la meute, celui qui commande et donne les ordres. N’ayant pas réussi à atteindre son but, il est revenu vers Fitz. Mais, on peut aussi penser que le loup a été contaminé par l’ordre d’Art de Vérité qui a ordonné à Fitz de le rejoindre. Une nouvelle fois, Œil-de-Nuit est touché par des désirs humains qui le dépassent. Il est la victime collatérale, piégé par son lien de Vif.

C’est une vision pessimiste des choses qu’il ne semble pas partagé. Œil-de-Nuit fait sa vie avec Fitz et il n’en veut pas d’autres. Il est prêt à tout accepter pour rester avec lui car « nous ne sommes qu’un » et « je ne suis plus un loup, tu n’es plus un homme ». Plus tard, Ortie dira d’eux qu’ils forment un « Fantôme-de-Loup », une sorte de créature hybride. Il y a sans doute du vrai tant les deux semblent avoir du mal à vivre dans leur milieu naturel : Fitz avec les humains, Œil-de-Nuit avec loups.


jeudi 13 novembre 2025

Quelques extraits appréciés

  • (Vérité) :  La justice. Nous l'appelons toujours de nos voeux et nous en sommes toujours privés. Non, nous devons nous contenter de la loi et c'est d'autant plus vrai que le rang est elevé.
  • (Kettricken) : Nous avons tous suffisamment souffert. Que chaque mort aujourd'hui soit aussi rapide et miséricordieuse que possible, pour notre bien à tous. Serrons les dents et arrachons de notre flanc ce foyer d'infection avec la même résolution et les mêmes regrets que si nous amputions un membre gangréné de notre corps.
  • (Vérité) : Sacrebleu, Kettricken a raison depuis le début ! Le roi est l'Oblat du peuple ! Et son neveu aussi. Ça a été un vrai carnage dans les collines ; je sais de quoi tu parles. J'ai vu Lame s'éloigner pour vomir après vu un des cadavres, je l'ai vu garder ensuite ses distances avec Fitz. J'ignore comment ce garçon... ce jeune homme s'en est tiré vivant. En faisant ce qui était nécessaire, je suppose.
  • (Fitz) : Il y a très longtemps, un vieil homme m'a dit qu'un jour je comprendrais quelque chose. Il a dit que les gens des Six-Duchés étaient mon peuple, que c'était dans mon sang de les protéger, de ressentir leurs blessures comme les miennes.
  • (Royal) : Tu es le misérable bâtard d'un petit prince qui n'a même pas eu le courage de devenir roi-servant ; tu es le petit-fils d'une reine disparue dont la basse extraction s'et vue dans la roturière avec laquelle son fils aîné a couché pour te concevoir. Toi qui te donnes le nom de FitzChevalerie Loinvoyant, il te suffit de te gratter un peu pour trouver Personne, le garçon de chenil.
  • (Le Fou) : Je sais que les massacres des Pirates rouges te semblent une catastrophe, mais les maheurs qu'ils infligent aux tiens ne sont pas davantage qu'un bouton sur les fesses du monde.
  • (Astérie) : L'honneur, la courtoisie, la justice... rien de tout ça n'existe, Fitz. Nous y prétendons tous et nous les brandissons comme autant de boucliers, mais ils gardent que de ceux qui portent les mêmes boucliers. Contre ceux qui les ont rejetés, ce ne sont plus des boucliers, mais seulement de nouvelles armes que ces hors-la-loi utiliseront pour nous faire souffrir.
  • (Fitz) : Tu n'es même pas capable d'imaginer ce dont tu m'as dépouillé. Je devrais être mort mais tu m'as interdit de mourir, avec les meilleures intentions du monde, en croyant toujours faire le bien, même si ça me faisait du mal. Mais qui donc t'a donné ce droit sur moi ?
  • (Fitz) : Pourquoi es-tu toujours là ? Pourquoi me remets-tu toujours debout alors qu'on me rejette par terre à chaque fois ?
  • (Burrich) : Il y a des choses qui ne se résolvent pas, fit-il d’un ton philosophe. L’alcool les rend beaucoup plus supportables.
  • (Abeille) : Je tournai un regard sans aménité vers le Fou - car c’était le Fou maintenant ; sire Hasard, dame Ambre et sire Doré s’étaient dissipés sous sa peine. Ce n’était plus le Bien-Aimé de personne, mais un petit homme triste, un bouffon brisé.

lundi 10 novembre 2025

Mes citations préférées

  • Astérie / La reine solitaire : La route nous a menés de l'hiver au printemps hier.
  • Heur / Adieux et retrouvailles : D'après Grincegorge, quand on se laisse aller, qu'on s'en remet à son destin au lieu de forcer l'existence et d'essayer de lui imposer sa volonté, on s'aperçoit alors que le bonheur marche toujours derrière soi.
  • Elliania / Le dragon des glaces : Un garçon ensanglante son épée pour devenir un homme, non ? Par sa capacité à tuer, il annonce qu'il est achevé. Ce qu'on homme peut prendre par l'épée, une femme peut le donner par sa seule chair : la vie.
  • Ambre / Prisons d'eau et de bois : La moitié du mal en ce monde s'accomplit sans que les honnêtes gens interviennent : ils ne font rien de mal. Il ne suffit pas d'abstenir de faire le mal, Trell. On doit s'efforcer de faire le bien, même quand on ne croit pas au succès.
  • Fitz (en tant que narrateur) / Le prophète blanc : J'ai appris que la vérité est un arbre qui croît à mesure qu'on acquiert de l'expérience. L'enfant voit la graine de sa vie quotidienne mais l'homme qui se retourne sur son existence en voit l'arbre.
  • Kettricken / L'assassin du roi : Notre ambition, les tâches que nous nous donnons, le cadre que nous nous efforçons d'imposer au monde, tout cela n'est que l'ombre d'un arbre projetée sur la neige. Elle change avec le soleil, disparaît la nuit, danse avec le vent et, quand la neige fond, elle gît déformée sur la terre inégale. Mais l'arbre continue d'exister.
  • Le Fou / La voie magique : Mais en cet instant, ici, rien qu'entre nous, et pour le seul motif que je suis ce que je suis et que tu es ce que tu es, je te le dis : je suis heureux, que tu sois vivant. Te voir respirer insuffle l'air dans mes poumons. Si mon sort doit être lié à celui de quelqu'un je suis heureux que ce soit le tien.
  • Umbre / L'apprenti assassin : Nous nous fabriquons souvent nous-mêmes nos propres prisons. Mais on peut aussi créer sa propre liberté.
  • Althéa / Les aventuriers de la mer : Pourquoi faut-il que l'amour ait un prix ? Pourquoi le désir doit-il être mêlé à l'amour ? Pourquoi ne peut-on être comme les papillons, nous unir en plein soleil et nous séparer quand il fait encore jour ?
  • Ambre / Les aventuriers de la mer : Demain vous doit la somme de vos jours passés. Rien de plus.  Et rien de moins. Parfois, on regrette que demain nous ait réglé aussi exactement notre compte.
  • Parangon / Les aventuriers de la mer : Contente-toi de ta vie, mon amie, et vis-la bien. Laisse les autres décider par eux-mêmes de la voie qu'ils vont suivre.
  • Fitz (en tant que narrateur) / La secte maudite : L'histoire n'est pas plus figée ni morte que l'avenir. Le passé est tout près ; il commence à la dernière respiration qu'on a prise.
  • Sire Doré (Le Fou) / Le dragon des glaces : Fouille la mémoire de ton coeur, remonte en arrière, remonte et remonte encore. Les ciels de notre monde sont faits depuis toujours pour accueillir des dragons ; quand ils en sont absents, ils manquent aux hommes. Certains n'y songent jamais, naturellement, mais des enfants, dès leur plus jeune âge, lèvent les yeux vers l'azur de l'été et le sondent en vain du regard ; ils savent ; ils cherchent ce qu'y devrait s'y trouver mais s'est estompé et a disparu
  • Abeille / La fille de l'assassin : Rappelez à ma soeur que mon père est un homme d'un grand courage, quand vous la verrez ; dites-lui que j'apprends moi aussi à être courageuse.
  • Heur / Le destin de l'assassin : Et ainsi, le Loup du Ponant surgit de la pierre ! Et il surgira encore si le peuple des Six-Duchés l'appelle à son aide.
  • Subtil / La nef du crépuscule : Mon jeune assassin, qu'ai-je fait de toi ? Comment ai-je pu ainsi pervertir ma propre chair ? Tu ignores à quel point tu es jeune encore ; fils de Chevalerie, il n'est pas trop tard pour te redresser. Relève la tête, vois au-delà de tout cela.
  • Fitz (en tant que narrateur) / La nef du crépuscule : Il est un lieu où tout temps est maintenant, où les choix sont simples et ne sont jamais ceux d'un autre. Les loups n'ont pas de roi.
  • Fitz (en tant que narrateur) / Le poison de la vengeance : Il existe une heure morte dans la nuit, l’heure la plus froide, la plus noire, celle où le monde a oublié le soir et où l’aube n’est pas encore une promesse, une heure où il est beaucoup trop tôt pour se lever mais si tard que se coucher n’a plus guère d’intérêt.
  • Les marches du trône : Les tâches ménagères sont réconfortantes. Quand on nettoie, qu'on arrange une pièce, on peut affirmer son autorité. On peut même feindre croire, brièvement, qu'on met pareillement de l'ordre dans la vie.
  • Le Fou (à Fitz) : Rejoins-le. Ne le laisse pas se fermer à toi. Tu devrais savoir, depuis le temps, combien il est facile de perdre quelqu'un simplement en ne le retenant pas.