Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Fitz se voit-il en héros ?

Fitz est-il un héros ? Pour le lecteur, la réponse est positive. Peu importe la série de livres choisis, il est celui qui fait changer les c...

jeudi 25 décembre 2025

Petit billet # 3 : Lestra

Elliania a une rivale : Lestra. Cette dernière ne semble pas réellement vouloir Devoir pour ce qu’il est mais plus parce que cela ennuierait fortement Elliania. Quand elle parle du prince des Six-Duchés, c’est avec des termes bien plus flatteurs. Elle dit de lui que « c’est un gamin aux joues lisses qui joue à l’homme fait ». Lestra sent le désarroi de Devoir, elle se rend compte qu’il est mal à l’aise. Elle en profite pour asséner un nouveau coup : « vous êtes aussi peureux qu’elle. Je pourrais peut-être vous apprendre l’audace. Il ne regarde même pas ses seins ». Lestra apparait donc être à l’aise avec les mots, les mots qui piquent en tout cas.

Quand il échange avec Fitz, Devoir montre qu’il est désarçonné par la franchise de Lestra et son aspect très direct. Il dit à Fitz que « Lestra prétend avoir échangé des baisers et des vrais, plusieurs fois alors qu’elle n’a pas encore saigné ». En observant Lestra, Devoir en arrive à une conclusion claire : « les filles de ce pays n’ont-elles donc ni vergogne ni réserve ? »


Mais, aussi forte soit elle avec les mots, Lestra se fait dominer quand elle combat Elliania. Elliania la domine, la remet à sa place : « la narcheska l’avait saisie par les cheveux et lui immobilisait la tête dans l’herbe. De sa main libre, elle lui enfonça un poignée de terre dans la bouche ». Elliania a  donc maté Lestra. Lestra est soumise, domptée, vaincue. Sa réaction ne laisse place à aucun doute ; elle « se mit à sangloter convulsivement, de rage et d’humiliation plus que de douleur ». Dès lors, Lestra n’est plus la rivale d’Elliania.

vendredi 19 décembre 2025

[Fonda Lee] L'héritage du jade / Quelques extraits que j'apprécie

  • (Fuyin à Hilo) : Mon fils vous admirait tellement, il voulait être comme vous. Il n’avait que 20 ans, c’était un Doigt depuis à peine six mois, lorsqu’il a été tué pour rien, dans une guerre des clans qui ne se serait jamais produite sous votre frère ou votre grand-père. Vous avez l’arrogance de vous attendre à ce que je fasse preuve d’allégeance envers vous ? Non, Kaul-jen, vous n’avez de Pilier que le nom, et votre soeur lèche les bottes des Espéniens. Je ne vous dois rien.
  • (Tyne Rebutin à Shae) : la Montagne et le clan Sans Cime sont les deux tigres de Kékon. Dès que vous rugissez, les petites créatures comme nous courent en tous sens, en essayant de déterminer lequel est le moins susceptible de nous dévorer.
  • (Dauk à Anden) : Puis j’ai appris de toi qu’il existait des femmes os émeraude à Kékon, dont ta propre cousine, et même une femme Pilier. Le monde change si rapidement, et je suis un vieil homme.
  • (Hilo à Wen) : Parfois, je trouve les menteurs presque aussi méprisables que les voleurs, déclara-t-il, la mâchoire contractée. Ils volent la confiance, une chose qu’on ne peut pas rendre.
  • (Kiya à Shae) : Kaul Shaelinsa, Augure des Saisons du clan Sans Cime, répondit-elle, vous pouvez aller vous faire foutre et crever.
  • Le discours de Guriho était parfois si véhément que Béro s’attendait à ce que la bouche de l’homme commence à écumer ou à ce que celui-ci soit victime d’une rupture d’anévrisme.
  • (Shae trouve Ayt en train d’agoniser) : Elle avait fait coaguler le sang dans la blessure profonde à son cou et ralenti le saignement en redirigeant et en utilisant sa propre énergie vitale, en la puisant dans tout le reste de son corps. C’était une tactique insoutenable, comme un homme affamé qui mangerait sa propre chair.
  • Shae s’accroupit prudemment. Ayt était peut-être mortellement blessée et presque morte, mais un tigre pris au piège peut profiter de son dernier souffle pour arracher la gorge de son adversaire.
  • Anden avait vécu des événements choquants au cours de sa vie, mais même son imagination la plus folle ne l’avait pas préparé à la vision de sa cousine Kaul Shae émergeant du fond du temple du Divin Retour, le bras d’Ayt Mada passé par-dessus son épaule tandis que toutes deux s’avançaient en chancelant, couvertes du sang d’Ayt.
  • Le premier jour de son retour, il s’assit sur un banc du parc de Paw-Paw pour laisser la ville imprégner le moindre de ses pores : la graisse de la nourriture de rue, les cris en kékonais des colporteurs et des chauffeurs de taxi, l’humidité du printemps sur sa peau desséchée. Même les ordures de Janloon sentaient meilleur qu’ailleurs et les rats étaient plus élégants.
  • A l’âge de 40 ans, Béro était parvenu à la conclusion cynique qu’il avait toujours été un détritus balloté par les aléas du destin. La chance et la malchance étaient les deux faces d’un même jeton de pari, jeté négligemment sur une table de jeu cosmique pour prolonger l’insondable amusement des dieux.
  • C’était un spectacle que Shae n’oublierait jamais ; le Pilier de la Montagne de profil, droite et silencieuse dans la lumière du soleil, les bras croisés, le regard immobile et légèrement dans le vide. La statue d’un ancien seigneur de guerre avant sa dernière bataille.
  • (Ayt) : Les dieux ne se soucient guère des gens ou des nations (…) Nous sommes tous pareils à leurs yeux. Ils se moquent de savoir qui vit ou meurt, qui gagne ou perd, qui doit diriger et qui doit souffrir. Moi, si.
  • (Niko) : Oncle Anden, je dirais que tu es une personne trop honnête pour te lancer en politique
  • Hilo avait dit à son neveu : En cas de doute, donne la parole à ta tante. Elle dira quelque chose d’intelligent, ce qui te donnera le temps de les observer et réfléchir à ce que tu veux dire.
  • (Jaya à Shae) : Tu aurais pu tuer Ayt il y a des années quand tu en avais l’occasion. Tu as toujours eu une faible pour cette sorcière maléfique, mais tu n’as jamais témoigné le moindre amour à ton propre frère, espèce de salope sans coeur.

[Fonda Lee] La guerre du jade / Quelques extraits que j'apprécie

  • (Béro) : L’énergie de jade qui bourdonnait dans ses veines était chaude et vive, lui procurant une sensation supérieure à toute autre, même à l’argent ou au sexe (…) Toute sa vie avant ce moment avait été un rêve terne semi-éveillé dont il avait enfin émergé. Lorsqu’il arpentait une rue, il avait l’impression de glisser tel un tigre au milieu d’un troupeau de bétail.
  • (Maro) : Lorsque les gens entendent le nom de Kaul, ils pensent héroïne de guerre, prodige du jade, ou héritière de la grande dynastie des clans d’Os d’Émeraude, expliqua Maro. Pas fan éhontée de comédies musicales à l’eau de rose.
  • (Hilo) : Il existe une différence entre un chien qui récupère les déchets à l’extérieur de votre maison, et un qui bondit à travers votre fenêtre pour voler la nourriture sur votre table. L’un est une nuisance qu’on peut ignorer ; l’autre est un problème qui doit être éliminé
  • (Zapunyo) : L’argent est l’argent ; il est forcément sale, et tout le monde peut être acheté.
  • (Tar) : Peu importe l’endroit où on se trouve dans le monde, la seule chose qui empêche les hommes de s’entre-tuer est la peur de ce qui leur arrivera après la mort.
  • (Pats) : Par les couilles du Voyant, Skinny, combien de temps on va encore se geler le cul dans le froid ?
  • (Wen) : Il était ironique qu’il soit né d’une femme aussi ingrate et infidèle qu’Eyni, mais les dieux faisaient preuve d’un sens de l’humour bien cruel, même Hilo et Shae s’accordaient là-dessus.
  • (Ayt-jen) : Le changement est inéluctable, Kaul-jen ; la seule question est de savoir si nous en contrôlons la direction ou devenons victimes d’un glissement de terrain.
  • (Anden à Hilo) :  Ce n’est pas de ton pardon dont nous avons besoin, amis simplement de ta compréhension.

jeudi 18 décembre 2025

Lourd, différence et handicap

L'assassin royal est l'histoire de gens à part qui changent les choses : Fitz est un enfant illégitime, le Fou est un étranger inquiétant, Kettricken est une grande blonde qui détonne. Mais, tous autant qu'ils sont, ils finissent par être acceptés par leurs pairs et leurs différences leur permettent de grandir. Ce n'est pas le cas de Lourd, un serviteur différent physiquement et mentalement. Il est plutôt petit et réfléchit différemment des autres. Cela se remarque. Ce que très peu savent est que Lourd est extrêmement puissant dans l'Art, sans doute la personne la plus forte à ce moment des événements. Il n'est donc pas étonnant qu'il attire le regard d'Umbre ; le maître assassin est toujours à la recherche de talents particuliers. Umbre dit donc que Lourd n'a pas « le cerveau le plus brillant du château, mais il convient admirablement à mes desseins ». Umbre ne s'intéresse donc pas à la personnalité de Lourd mais à ce qu'il peut lui apporter.

Quand Fitz finit par rencontrer Lourd, il a un mouvement de recul, il a instinctivement un acte de défiance (« je ne sais pourquoi, ses différences le rendaient un peu effrayant : un frisson de répulsion me parcourut : il ne présentait pas de danger, j'en étais sûr, mais, je n'avais aucune envie qu'il m'approche »). Clairement, la différence de Lourd rebute Fitz. Dans un premier temps, il s'arrête aux apparences sans chercher à creuser. Puis, lorsqu'il passe de plus en plus de temps avec lui, Fitz développe ses arguments. Ce qui dérange Fitz est de ne pas pouvoir partager réellement avec Lourd. Quand ils discutent, il ne sait pas si le petit homme comprend ce qu'il dit : « la manière qu'avait son esprit d'emprunter d'autres directions que le mien, d'attacher de l'importance à des détails que je négligeais tout en désintéressant de pans entiers de ce que j'appelais la réalité ».

Alors qu'il a été séparé de sa mère, Lourd a de la chance d'être vivant. Dans d'autres contrées, il aurait connu la mort. Fitz nous apprend que « dans le royaume des Montagnes, un enfant comme Lourd aurait été abandonné dans la nature dès sa naissance ». Le constat est le même dans les îles d'Outre-Mer (« à l'évidence, les Outrîliens partageaient l'avis des Montagnards sur les enfants déficients. Si Lourd était né à Zylig, il n'aurait pas vécu un jour »).

Pour autant, il n'est pas nécessaire d'aller chercher dans d'autres pays le mépris ou le dédain. Ce sont des choses bien répandues dans les Six-Duchés. Devoir nous en donne une belle preuve en s'exclamant : « vous plaisantez, j'espère (…) cette créature doit faire partie de mon clan ». Il n'est pas seulement choqué de devoir lier des liens avec Lourd, il emploie également un terme qui retire à Lourd son statut d'humain. Mais, le talent de Lourd avec l'Art le rend indispensable au trône Loinvoyant et Devoir se rapproche de lui. Ce rapprochement est mal vu à la cour : Lourd n'est qu'un serviteur débile. Aux propos méchants sur ce qu'il est se développe en plus une jalousie qui l'ostracise encore plus. En espionnant, Fitz se rend compte que « nombre de nobles acceptaient avec difficulté l'amitié du prince pour le simple d'esprit, et pour des raisons que je ne comprenais pas, certains serviteurs s'offusquaient encore davantage ». Toutes les classes sociales se moquent donc de Lourd, de sa différence. On en a une autre preuve sur le bateau qui se rend chez les Outrîliens lors de la quête de Devoir. Lourd est malade en bateau et cela réjouit les soldats (« Lourd était différent, simple d'esprit empêtré dans un corps maladroit, et ils se réjouissaient de sa détresse qu'ils prenaient pour une preuve de son infériorité »).

Tout cela participe également à la façon dont voit Fitz lourd. Il est partagé entre pitié et admiration.

La pitié est due au destin qui attend Lourd, il n'a aucun espoir d'être normal selon les critères de l'époque. Il est condamné à rester le même homme fragile, à part et moqué. Cela attriste donc Fitz lorsqu'il le comprend (« il était simple d'esprit, gros, maladroit, contrefait, sans raffinement (…) aussi peu à sa place dans la château où régnaient luxe et plaisir (…) Lourd resterait toujours vulnérable »).

Cependant, grâce à l'Art, Fitz sait que Lourd est bien plus que ça, il sait qu'il a un talent unique et qu'il participe grandement à la stabilité du royaume. Il est même étonné que ce soit le cas : Lourd est un puissant artiseur qui n'a pas l'air de s'en apercevoir : « je me demandai comment un esprit aussi simple pouvait concevoir une musique aussi complexe et subtile – et une intuition m'illumina soudain : cette broderie musicale constituait le cadre de ses pensées et de son univers ».

Puisqu'il est retardé ou simple d'esprit, beaucoup pensent qu'il n'est pas capable de ressentir des choses et se permettent donc d'avoir une attitude déplorable ou des mots durs en sa présence. C'est le cas de Civil, sur les îles d'Outre-Mer, qui se sent contraint de s'occuper de Lourd et le fait crûment remarquer (« moi, je reste avec l'idiot »). Quand Fitz lui dit de ne pas parler comme ça, Civil est surpris et perplexe, on dirait presque qu'il croit que Lourd est comme un forgisé, vide (« il se tourna vers le petit homme endormi, comme étonné d'apprendre qu'il éprouvait des sentiments »).

Or, Lourd ressent les insultes et il est capable de dire que ça lui du mal. Il se plaint à Fitz que « tu dis mots gentils mais je sais que tu penses sur moi ; c'est comme des poignards, des cailloux et des gourdins ».

Alors que la quête de Devoir se conclut sur une terrible bataille avec des dragons et les forces de la Femme Pâle, le regard sur Lourd change. Il use de ses dons avec l'Art pour guérir des blessés. Il devient alors une personne importante, une personne appréciée ; on lit qu'il « devint l'incarnation des Mains d'Eda. J'entendis l'Ours implorer le pardon du prince Devoir pour l'irrespect dont ils avaient fait preuve ».

Bien entendu, tout ne devient pas rose du jour au lendemain. La vie de Lourd et son acceptation progressent doucement (« les occupants de la salle de garde avaient appris à tolérer la présence du compagnon du prince »). Certains continuent de lui faire du mal, de façon assez méchante, et pas même l'amitié que lui montre Devoir ne suffit à leur faire dépasser les préjugés. Devoir témoigne, par exemple, que « les domestiques s'en prennent à Lourd, ils le piquent avec leurs aiguilles par accident si je ne suis pas là pour le défendre ».

Dans la trilogie du Fou et de l'assassin, Lourd est bien moins présent ou important. Sa puissance dans l'Art n'a pas diminué mais il est très fatigué, son corps le freine. Or, Lourd peut très bien changer cela comme signale Ortie : « j'ai répondu qu'il était beaucoup plus fort que moi dans ce domaine et plus que capable d'employer son talent sur lui-même s'il le souhaitait. Il ne le fait pas, et je respecte son choix ». Ortie éprouve donc de la considération, elle comprend qu'à sa façon Lourd fait preuve de sagesse.

Malheureusement, dans d'autres aspects de sa vie, Lourd fait preuve d'une énorme naïveté. Alors qu'il est sur le chemin vers Castelcerf avec des soldats, il ne saisit par leur humour et leur méchanceté. Il est à la merci de leur cruauté et là où d'autres auraient vu le piège, ce n'est pas son cas. Il est donc victime d'une déplorable plaisanterie (« ils ont envoyé des filles m'embêter ; elles ont dit que je n'étais pas capable de leur toucher les seins, et elles m'ont giflé quand je l'ai fait »). Les moqueries n'ont pas cessé : Lourd continue d'être moqué et humilié publiquement à cause de sa différence. Cette anecdote illustre bien ce qu' a été sa vie ; il a été un homme à part, jamais reconnu ou accepté par la population pour ses apports ou pour ce qu'il est ; il a été une cible facile que certains ne se sont pas gênés d'attaquer ou de rabaisser.

lundi 15 décembre 2025

Qui est Félicité ?

Félicité est un personnage secondaire de la saga de l’Assassin Royal. Elle n’occupe pas une place importante dans la saga. Elle évolue au fond de l’intrigue et reste dans l’ombre des autres personnages, dont son père le duc Brondy et sa soeur Célérité. Célérité a une intrigue bien plus développée puisque son histoire croise quelques temps celle de Fitz, quand le roi Subtil veut la marier au bâtard royal.


Quand Félicité est introduite dans l’histoire, elle est présentée en même temps que sa soeur. C’est un détail intéressant tant cela se répètera par la suite. A chaque fois que Félicité intervient dans l’histoire, Célérité n’est pas bien loin. Les deux jeunes femmes « portaient les cheveux courts et lisses, à la mode du Nord, la façon vive qu’elle avaient de tourner la tête pour observer chaque convive m’évoquait des faucons au poignet ». Cette allusion au rapace revient d’ailleurs assez souvent. Quand, dans la Nef du crépuscule, le duc de Brondy propose à Fitz de réaliser un coup d’Etat contre Royal, « Félicité se déplaçait sans bruit derrière nous comme un faucon ». On pourrait donc réduire Félicité à une simple femme discrète, la fille d’un noble qu’on mariera pour forger des alliances alors que d’autres exercent le pouvoir.


Très vite, quelques éléments nous montrent qu’elle est plus que ça. Elle n’est certes pas le catalyseur de son époque, elle n’est pas non plus anecdotique ou oubliable. Elle accompagne son père quand il vient demander des comptes au pouvoir quant à la lutte contre les Pirates Rouges. Sa simple présence suffit à accorder du crédit à son père. Si son père est soumis au jeu politique et doit rester dans les convenances, ce n’est pas le cas de ses filles qui peuvent montrer leurs émotions (« ses filles ne le quittaient pas d’une semelle, tels des tigres des neiges chargés de le protéger. Célérité et Félicité étaient encore très jeunes et leur visage exprimait clairement leur impatience et leur colère »). Félicité aime donc énormément son père, elle est aussi très touchée par ce qui arrive à son peuple et l’inaction des Loinvoyant. Il faut dire qu’à ce stade des événements, Subtil n’est plus que l’ombre de lui-même, Vérité a disparu, Royal prépare ses mauvais coups alors que Kettricken n’est vue que comme une étrangère…


Félicité est une jeune femme très proche de sa soeur. Elle assiste à la cour, non voulue et très maladroite, de Fitz. Il tente de rester poli et courtois envers Célérité, et cela semble la combler. En tout cas, Félicité est présente et attentive à ce qui se passe. Elle ne rate rien : « je détournai le regard pour découvrir Félicité les yeux écarquillés posés sur nous, la bouche arrondie eu un O de ravissement scandalisé ». On peut croire que dans la soirée les deux soeurs parleront longuement de Fitz.


Mais, l’innocence est vite balayée. L’amour est reléguée au second plan quand la survie du duché de Béarns est menacée. Les Pirates Rouges avancent et rien ne semble pouvoir les arrêter. On en vient à un point où même les jeunes femmes doivent se battre pour résister à l’ennemi. Dans un de ses rêves d’Art, Fitz assiste à une scène marquante : « elles maniaient l’épée dans l’espoir vain de défendre leur père contre l’avancée de l’ennemi, et elles se battaient avec une technique et une férocité que n’aurais pas soupçonnées ». C’est un geste vain car son père et sa grande soeur sont tués. Et même si elle connait un moment de désespoir, Félicité continue le combat. Elle le doit si elle veut survivre et si elle veut protéger ses gens. Elle repart au combat (« elle releva brusquement la tête et sa courte chevelure vola comme la crinière d’un étalon de combat »). Le combat gagné et un court répit atteint, sa soeur Célérité souhaite alors une « longue vie à la duchesse de Béarns ! »