Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

mercredi 3 décembre 2025

Le Fou a dit

TOME LE PROPHETE BLANC
Mourir est toujours moins pénible et plus facile que vivre ! Et pourtant, jour après jour, nous ne choisissons pas de mourir, parce que, tout bien considéré, la mort n'est pas le contraire de la vie, mais le contraire du libre arbitre. C'est à la mort qu'on parvient quand il n'y a plus de choix possible. Ai-je raison ?

Oeil-de-Nuit a dit

TOME LE PROPHETE BLANC
Tu dois cesser de renifler la dépouille de ton ancienne vie, mon frère. Tu aimes peut-être souffrir sans arrêt, mais pas moi. Il n'y a pas de honte à se détourner de vieux os, Changeur (...) Il n'y a pas de sagesse particulière à s'infliger constamment des blessures. Quel sentiment de fidélité te rattache-t-il à cette douleur ? T'en détourner ne t'amoindrira pas.

TOME LA REINE SOLITAIRE
La mort est toujours au bord de maintenant (...) La mort nous guette et elle est toujours assurée de sa prise. Il ne sert à rien d'y songer sans cesse, mais, dans nos entrailles et dans nos os, nous savons tous qu'elle est là.  Tous sauf les humains.

dimanche 30 novembre 2025

Subtil, l'amour d'un père ?

Subtil est le roi des Six-Duchés, il est également le père de Chevalerie, Vérité et Royal, les deux premiers ayant une mère différente du dernière. Pour le lecteur, dans la première saga, Royal est très vite présenté comme le principal antagoniste : il est celui qu’on apprend à ne pas apprécier. Fitz le déteste très vite, il fait du mal à Kettricken et Molly, il sape petit à petit son père… et pourtant Subtil continue de lui trouver des excuses.


Pourquoi ? La question se pose. Car, Subtil est un homme clairvoyant, qui est présenté comme réfléchi mais qui semble incapable de voir ce que Royal fait de mal. Est-ce à cause de l’amour d’un père pour son fils ? Sans doute.


Dans les Montagnes, Royal tente un coup d’Etat en tentant de tuer son frère, d’épouser Kettricken et tuer Fitz. S’il échoue, tout le monde est au courant de ses crimes. Fitz espère que Royal soit puni, il se trompe. Subtil décide de faire comme si rien ne s’était passé. C’est à ce moment-là qu’on se dit qu’il ne contrôle plus grand-chose. Il ne voit pas non plus que Fitz est en colère et sa réponse ne peut qu’alimenter la déception du bâtard. De façon surprenante, Subtil en est presque à dire à Fitz qu’il faut faire comme si ce n’était pas bien grave (« parfois, les jeunes gens ambitieux font des bêtises ; quand on leur démontre leurs erreurs, ils s’excusent »). Cette justification montre aussi que Subtil ne comprend pas Royal : il pense encore pouvoir le raisonner.

Subtil sait que Fitz est formé au métier d’assassin. Il finit par se rendre compte que ne pas sanctionner Royal peut avoir alimenté la colère du fils de Chevalerie. Il rappelle alors Fitz à l’ordre : « n’oublie pas FitzChevalerie, le man que l’on fait à l’un des miens, c’est à moi qu’on l’inflige ». Ce n’est pourtant pas Fitz qui a tenté de tuer un bon nombre de Loinvoyant…


Royal change Subtil. On apprend que le vieil homme est affaibli par des drogues et rongé par un Art perverti. Mais ça, on (Fitz et le lecteur) ne le découvre que tardivement. En attendant, on voit un Subtil renier qui il est. Lui qui tenait tant à honorer sa parole revient dessus : « j’ai tenu ma parole. Maintenant, veille à tenir la tienne. Mais… (il jeta un coup d’oeil à Royal et cela me fit mal) il vaudrait mieux que tu viennes me voir l’après-midi ». Cette attitude brise Fitz. Il ne peut plus compter sur Subtil.

Pire, Subtil ne semble même plus être capable de gérer son royaume. Il remet tout en cause. Il doute même, influencé par Royal, de la loyauté de ses plus fidèles sujets. Sans aucune retenue, il répète à Vérité (grâce à l’Art) les rumeurs les plus immondes. Il y adhère même (« pendant le séjour de Brondy ici, Royal a remarqué qu’elle baguenaudait avec lui et trouvait tous les prétextes pour parler en privé avec lui. Il redoute qu’elle ne complote avec nos ennemis pour renverser le trône »). Ce sont des accusations assez abjectes envers Kettricken. Subtil est incapable d’analyser clairement les choses ; il n’est qu’un perroquet qui répète ce qu’on lui dit. Et, en reprenant les propos de Royal, dans ce cas-là ou d’autres, parfois publiquement, il assoit la légitimité du Loinvoyant félon.


Si Subtil est aveugle, Umbre l’est tout autant pendant un long moment. Le vieil assassin ne peut pas concevoir que Royal trahisse son père et son devoir. Pour lui, c’est non envisageable malgré tout ce qui se passe (« Royal a toujours été le préféré de son père, qui l’a gâté. Je ne pense pas qu’il trahirait Subtil »). Il confirme aussi que Royal est le fils chéri de son père.


Subtil reste un homme avec des capacités. Il est faible, drogué et ne contrôle plus bien son corps et son esprit. Mais, il conserve une sensibilité sur ce qui se passe atour de lui. Il est témoin de sa propre déchéance et de la déchéance des Loinvoyant. Tout cela le détruit. Il ne peut pas concevoir d’accordé sa confiance à un fils si ingrat. La peine et la détresse sont très clairs quand il affirme que « Royal sait que son frère est vivant, il sait qu’il n’a pas droit à la couronne qu’il porte. Je ne pensais pas qu’il… je pensais qu’au dernier moment il se reprendrait ». Fitz a alors une illumination : il jugeait jusque là Subtil comme le roi en oubliant qu’il était un père. Et le père est au bout du rouleau car « j’aurais dû comprendre qu’on sauve pas un père de la trahison de son fils ».

mercredi 19 novembre 2025

La relation entre Sydel et Sire Doré

Adieu le Fou, bonjour Sire Doré ! Le bouffon du roi Subtil a été remplacé par un excentrique noble, prétendument venu du Sud. Ce n’est pas un simple changement d’apparence physique, c’est aussi une transformation dans le comportement. Sire Doré est un noble riche qui aime le montrer, qui aime être remarqué, et qui séduit. La pauvre Sydel en fera les frais. Mais, il faut dire que la jeune femme avait peu de chances de lui résister, elle qui n’avait connu que les frustres réjouissances de sa maisonnée.


Pour tous les observateurs, Sydel est promise à Civil. Tout laisse croire que les deux vont se marier. Sydel n’est pas de cet avis. Elle montre sa disponibilité à Sire Doré en répondant à ses avances. Et, pour montrer clairement la chose, elle lui a dit qu’ils « étaient amis d’enfance et qu’il n’y avait absolument rien entre eux ». Les deux familles des jeunes gens ont beau s’être mis d’accord, cela ne pèse rien quand Sire Doré fait son entrée en jeu.

Il est incontestable que Sydel est charmée par Sire Doré. Elle est attirée physiquement par lui. Si elle est terne et effacée quand il n’est pas présent, elle change d’attitude dès qu’il apparait (« elle fut comme transfigurée ; son visage se mit à rayonner comme une lanterne dans l’obscurité »). 


Et, Sire Doré en profite. Bien entendu, il ne fait pas ça pour réellement charmer la jeune femme mais parce que cela doit permettre à Fitz et lui de progresser sur l’enquête de la disparition de Devoir. Sydel n’en a pas conscience tant elle est impressionnée. Sire Doré la mène par le bout des doigts : « il n’accorda pratiquement plus aucun intérêt à quiconque, sauf à Sydel sur laquelle il concentra tout son charme ». Sire Doré (Le Fou) sait être charmant quand il le faut, il a envoûté tant de gens par ses paroles, il sait aussi le faire avec son corps (« il sourit, elle rougit »).

Tom Blaireau (Fitz) assiste à tout cela en étant à la fois effrayé et fasciné. Il a peur pour la sécurité physique de son ami, peur qu’un Civil frustré lui saute dessus mais il est également impressionné par les techniques de séduction. Il voit la façon dont Sydel bénéficie de la grâce de Sire Doré. C’est presque comme si elle connaissait ses premiers émois amoureux. La pensée de Fitz ne laisse pas de place au doute : « Sydel se nourrissait de l’attention de Sire Doré et s’épanouissait à sa chaleur ; et, en l’espace de quelques instants son admiration d’adolescente (…) avait laissé la place à l’intérêt et à l’attirance d’une femme pour un homme ».


Fitz et les autres s’interrogent. Ils savent que Sire Doré pourrait prendre la virginité de la jeune femme s’il le désire (« s’il frappait à sa porte cette nuit, elle le laisserait entrer sans hésitation »). Cela créerait bien entendu un scandale, même si Sire Doré est un noble. Car, il reste un étranger et rien ne laisse supposer de ses bonnes intentions ou de sa compréhension des moeurs locales. Laurier, une femme qui accompagne Fitz et Sire Doré, a la même réflexion (« il va trop loin »). 


D’autres sont encore plus en colère comme Lebven, un domestique du domaine de Myrteville. Proche de Civil et Sydel, il est scandalisé par le spectacle qui se joue ses yeux. Il voit bien que Sydel ne peut rien faire pour sortir de l’emprise du noble et que c’est ce dernier qui a toutes les cartes en main. Il s’interroge alors sur la sincérité et la pureté des intentions de Sire Doré : « comptait-il voler la promise de Civil et lui faire mener grand train à la cour, dans une aisance bien au-delà de son rang ? Etait-ce un coureur de jupons, et ne faisait-il que s’amuser avec les sentiments de Sydel ? »


Qu’en pense Sire Doré ? Il n’a aucune intention de mettre Sydel dans son lit ou l’épouser. Il ne cherche pas à rompre l’engagement entre Sydel et Civil. C’est simplement un dégât collatéral. L’excuse est un peu facile et hypocrite. Car, après tout, il a montré à Sydel la possible existence d’une autre vie et rien ne laisse croire qu’elle voudra revenir à son ancienne. Quand il dit que « les gamines de âge sont pareilles à des chatons qui bondissent sur des brindilles pour s’exercer à la chasse ; les uns comme les autres ignorent encore le sens de leurs actes », c’est un peu comme s’il fuyait ses responsabilités. 


En tout cas, Civil n’a pas digéré ce qui s’est passé. Bien plus tard, sa situation a changé : Civil est devenu un proche du prince Devoir et fait partie de ceux qui l’accompagnent alors qu’Elliania a défié le prince de tuer le dragon enfoui dans les glaces d’Aslevjal. Civil observe Sire Doré avec méfiance. Très vite, cela laisse place à de colère et à de l’agressivité physique. On voit que Civil n’a pas oublié tout le mal causé par Sire Doré : « prétendriez-vous que n’éprouviez aucune attirance physique pour elle et n’aviez pas de visées sur sa chair quand vous avez anéanti la confiance qui nous unissait, elle et moi ? » Là encore, Sire Doré semble se défiler. Il lui répond qu’ « elle ne vous pas avait pas vraiment choisi ». Il insiste en disant que « vous vous trouviez là, et ses parents approuvaient votre relation, rien de plus ». Il ose même dire qu’il a presque libéré Sydel d’une possible prison (« quand je suis intervenu, qu’elle a senti la possibilité d’un choix… »). Sire Doré ne ressent donc aucune réelle culpabilité d’avoir charmé Sydel ou même d’avoir brisé ce qu’il y avait entre Sydel et Civil. Selon lui, cela n’a fait que montrer que leur lien n’était pas très solide ou sincère.

samedi 15 novembre 2025

Oeil-de-Nuit avec les loups

Grâce au Vif, Fitz et Œil-de-Nuit partagent un lien fort, une relation qui est difficilement compréhensible pour les autres. Pour quelques-uns, le Vif est une perversion. Fitz, lui, chérit sa relation avec le loup même s’il lui a fallu bien du temps et du courage pour passer outre toutes les bêtises inculquées par Burrich. Durant une bonne partie de son enfance, Fitz grandit à Castelcerf. Œil-de-Nuit est donc amené à évoluer dans un milieu urbain où les loups sont bien peu présents.

Le loup ne semble donc avoir que Fitz. Il semble pour lui extrêmement compliqué d’avoir une compagne ou intégrer une meute. Certes, il y a très peu d’occurrences où il en parle comme un but mais on peut penser qu’il existe une forme de solitude en lui : il est la seule créature de son espèce à Castelcerf. Quand Fitz se retrouve seul à décider de sa vie (le début du tome le Poison de la vengeance), il prend la décision d’aller tuer Royal. C’est un long voyage qui l’attend et Œil-de-Nuit y voit là une opportunité de rencontrer d’autres loups (« j’aimerais bien trouver des loups là où nous allons »). Même s’il répète sans cesse que Fitz lui suffit, on voit bien qu’il y a un manque, un vide.

Le problème est que ni Fitz ni Œil-de-Nuit n’ont été formés à cette magie. Ils n’ont jamais réellement réfléchi à ce qu’elle était, si elle avait ses règles. Sur leur route, ils tombent sur Rolf le Noir, un homme à l’apparence bourru mais qui connait bien des choses sur cette magie. A sa manière, brutalement donc, il tente de leur montrer et de les convaincre que leur relation est déséquilibrée : Fitz obtient plus du loup que l’inverse, le loup doit vivre parmi les hommes, etc. Rolf est choqué de voir que cela ne bouleverse pas plus que ça Œil-de-Nuit. Pourtant, Rolf soulève des questions importantes : « que doit-on faire quand votre compagnon souhaite s’intégrer à une meute de vrais loups ? » Les deux ne se sont jamais posés ce genre de question, se contentant de vivre au jour le jour.

Malheureusement, Fitz est rattrapé par les événements. Alors qu’ils se rapprochent de Gué-de-Négoce, des bruits de loup sont entendus. Œil-de-Nuit change radicalement d’attitude, c’est comme si quelque chose de primitif se réveillait en lui, presque un besoin instinctif. Liés comme ils le sont, le bâtard ne peut que ressentir ce qui traverse son ami (« le choc que j’avais perçu en lui lorsqu’il avait entendu le cri lointain du loup m’avait fait bondir le cœur dans la poitrine ; je n’aurais pas été plus bouleversé si ma propre mère m’avait soudain appelé dans la nuit »). La comparaison est très équivoque : le loup a potentiellement trouvé une famille qu’il ne savait pas avoir perdu.

Œil-de-Nuit adopte alors une nouvelle attitude. Il ne peut plus être le prédateur, le chasseur conquérant qu’on voyait jusqu’à maintenant. Pour lui, c’est l’inconnu. Il n’a jamais fréquenté de meute de loups et il doit se montrer prudent. Pire, rien n’indique que la meute accepte de l’accueillir ; après tout, il n’est qu’un étranger. Le premier contact montre qu’il « suivait la meute à distance respectueuse » et que « le chef s’arrêtait fréquemment pour uriner puis gratter la terre des pattes arrière ». 

Le temps passe. Fitz échoue à tuer Royal et se retrouve à la recherche de Vérité. Alors qu’il cherche à pénétrer dans les Montagnes, Œil-de-Nuit revient vers lui. C’est la malheureuse preuve qu’il a échoué à intégrer la meute même si cela semble avoir été une expérience positive (« j’ai couru avec eux. Ils ont fini par me laisser une place dans la meute. Nous avons chassé ensemble, tué ensemble partagé la viande. C’était très bon »). Pour justifier son échec, Œil-de-Nuit explique qu’il a voulu être le leader, le mâle dominant et qu’il n’a pas réussi. Il affirme que « Loup Noir est très grand et rapide. Je suis plus fort que lui, je pense, mais il connait plus de ruses que moi (…) Il est resté le chef. Il a toujours la femelle et la tanière ». Autrement dit, Œil-de-Nuit ne voulait pas être un loup parmi d’autres : il voulait être le chef de la meute, celui qui commande et donne les ordres. N’ayant pas réussi à atteindre son but, il est revenu vers Fitz. Mais, on peut aussi penser que le loup a été contaminé par l’ordre d’Art de Vérité qui a ordonné à Fitz de le rejoindre. Une nouvelle fois, Œil-de-Nuit est touché par des désirs humains qui le dépassent. Il est la victime collatérale, piégé par son lien de Vif.

C’est une vision pessimiste des choses qu’il ne semble pas partagé. Œil-de-Nuit fait sa vie avec Fitz et il n’en veut pas d’autres. Il est prêt à tout accepter pour rester avec lui car « nous ne sommes qu’un » et « je ne suis plus un loup, tu n’es plus un homme ». Plus tard, Ortie dira d’eux qu’ils forment un « Fantôme-de-Loup », une sorte de créature hybride. Il y a sans doute du vrai tant les deux semblent avoir du mal à vivre dans leur milieu naturel : Fitz avec les humains, Œil-de-Nuit avec loups.