Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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vendredi 4 juillet 2025

[Joe Abecrombie] Le cas Bayaz dans les Héros

L’Union compte bon nombre de gens qui se pensent influents et puissants, qu’ils soient nobles ou militaires. Et pourtant, tous sont réduits à peu de chose quand Bayaz se manifeste. Car, le vieil homme est un manipulateur extrêmement doué, terrifiant. D’ailleurs sa réputation le précède : au début du roman Les Héros, tous les hauts gradés se taisent et sont mortifiés quand Bayaz apparait dans la tente de commandement ; seul Renifleur, le vaillant héros du Nord, lui tient tête. Gorst remarque que « ce furent les officiers qui retinrent leur souffle » car « le vieil homme dégageait une imparable aura d’autorité, comme s’il contrôlait le monde entier ». Finree constate exactement la même chose : « en somme, qu’on le dise retraité ou non, Bayaz, le Premier des Mages, était le supérieur de tout un chacun ».


Bayaz ne se contente pas d’asseoir son pouvoir. Il cherche aussi à écraser ceux qui le servent ou ceux qui le défient. Il lui importe peu qu’on soit dans son camp tant il cherche à tous les manipuler. Quand il ne le fait pas l’entremise de l’argent (et de la banque) ou en manipulant la lignée royale (Jezal), il profite des évolutions technologiques. C’est à l’occasion de la bataille des Héros qu’il introduit, avec l’aide de chercheurs, les canons : « l’expérience impliquait trois gigantesques tubes de métal gris-noir fixés sur d’énormes supports en bois. L’une de leurs extrémités était bouchée et l’autre pointée vers la rivière, dans la direction générale des Héros ».


Dans les Héros, Bayaz développe sa vision des gens et du monde. Pour lui, la guerre est une nécessité. Elle lui permet de façonner le monde et d’occuper les gens. Grâce à elle, il oriente les choses dans la direction voulue. Il fanfaronne presque en disant que « c’est plus facile de laisser les hommes se battre. La magie est l’art et la science de forcer les choses à comporter d’une manière qui n’est pas dans leur nature (…) Rien n’est plus naturel chez les hommes que de se battre ». Il précise même qu’il garde un oeil sur tout et sur tous car « tout est digne d’intérêt pour l’homme attentif (…) la connaissance est la racine du pouvoir, après tout ». 


On ne peut pas dire que Bayaz soit modeste. Quand il l’estime, il n’hésite pas à rappeler que c’est lui qui commande. Il avait déjà fait comprendre à Jezal qu’il n’était qu’un pantin, il montre à l’ambitieuse Finree qu’elle ne doit pas se tromper sur la personne qui commande réellement (« la carcasse de sa Majesté se trouve peut-être à une semaine d’ici, à Adua, toutefois… sa main droite »).

Il remet également les militaires à leur place. Ils ne sont qu’un outil, un instrument. Il le leur dit d’un ton plein de mépris et de dédain : « une armée est l’instrument du gouvernement et doit servir ses intérêts. Sinon, que serait-elle ? Une coûteuse machine à… croiser le fer ? »


Si l’Union tremble devant Bayaz, ce n’est pas nécessairement le cas des gens du Nord, ces gens qui ne pensent qu’à se battre et semblent incapables de faire la paix. 

Bethod avait bien compris que s’entretuer n’était pas une solution à long terme et il avait quémandé l’aide de Bayaz pour arriver à ses fins. Mais, trop ambitieux, il avait osé défier le vieux mage : les choses ont mal tourné pour lui.

Même si Renifleur tient tête à Bayaz au début du roman, les deux semblent partager un même souvenir d’un homme : Logen. Les deux ne peuvent s’accorder pour  dire s’il était un homme bon ou non mais ils savent que Logen a marqué son temps et qu’il est plein de surprises.

Il était très compliqué pour Bayaz de parvenir à un accord avec Dow le Sombre tant il « n’est pas un homme raisonnable ». Ce sont aussi les alliés de Dow qui inquiètent Bayaz, notamment Ishri. C’est pour cela qu’il est rassuré d’apprendre que Dow est mort, tué par Calder.

Calder, lui, est ambitieux. Il est grisé par sa victoire dans le cercle contre Dow et se croit intelligent, presque trop même. Il pense pouvoir tenir tête à Bayaz et s’en vante (« je vais le laisser mariner un peu. Il a fait affaire avec mon père, par le passé, et il l’a trahi »). Le jugement de Calder est donc aussi obscurci par une envie de vengeance familiale. Mais, Calder se rend vite compte qu’on ne peut pas négocier avec Bayaz. Ce dernier lui met une pression énorme, joue de lui (« la veille, Calder avait fait montre d’un audacieux sens de la répartie. A présent, il se contenterait de ne pas se vider de son sang dans la boue ») et Calder rentre dans le rang. Il entérine alors la décision de Bayaz de partager le Nord, cette terre farouchement indépendante, en trois.


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