Marisa Coulter tente. Elle est une femme séduisante et intelligente, qui connaît ses capacités et ses atouts. Elle n’hésite pas à les utiliser pour arriver à ses fins. Cela fait d’elle une personne incroyablement dangereuse. Elle peut se montrer passionnée ou froide, impulsive ou calculatrice. Elle sait quelle tactique employée en fonction de la personne à qui elle fait face.
Quand elle rencontre Will, elle le cerne très vite. Elle remarque son âge, son attitude. Elle sait qu’elle peut l’amadouer avec un peu de douceur, un peu de tendresse. Bien entendu, elle ne connait pas le passé de Will (sa mère malade, son père disparu). Pourtant, il lui suffit d’un sourire pour briser Will et le dominer (« Elle sourit. Will faillit lui sourire en retour, car il n’était pas habitué à la douceur et à la gentillesse qu’une femme pouvait mettre dans un sourire, et il était troublé »). Will est immédiatement captivé par cette femme : elle brise sa carapace, sa détermination. Ce n’est pas étonnant quand on lit qu’il la compare à Lyra, celle qu’il aime sans le savoir : « Will se mit à éprouver un sentiment de tendresse pour cette femme, parce qu’elle était courageuse, et parce qu’elle ressemblait à Lyra ». Cela n’aurait pas été si grave si il n’y avait pas d’autres enjeux derrière. Car, Will cherche à sauver Lyra, il cherche à retrouver son amie, retenue captive par cette femme. Surtout, il est en possession d’un artefact puissant, le poignard subtil, qui permet d’ouvrir des portes sur d’autres mondes et qui, normalement, peut tout couper. Or, Will fait face à un obstacle : Marisa Coulter. La femme perturbe tout. Elle fait voler en éclat sa résolution tout comme la lame du poignard. Will est bouleversé car « l’espace d’un instant, ce ne fut pas le visage de Mme Coulter qu’il avait devant lui, mais celui de sa mère ». Pour Will, c’est un choc car ses derniers instants avec sa mère, le fait de l’avoir laissée derrière, l’obsède toujours. Les conséquences sont immédiates : « au moment où il enfonçait le couteau dans le vide, son esprit abandonna la pointe de la lame (…) il était brisé ». Marisa Coulter a donc contribué à briser un couteau prétendument incassable.
Plus tard, Will sera interrogé par Iorek pour savoir ce qui s’est passé. Ses propos sont clairs : « quand cette femme m’a regardé, j’ai cru voir le visage de ma mère (…) Le couteau a rencontré une chose qu’il ne pouvait pas découper (…) Cette femme savait ce qu’elle faisait, j’en suis sûr. Elle est très intelligente ». L’admiration est perceptible. Will reconnait là une personne de valeur.
Très peu de gens peuvent résister au charme de Marisa Coulter, encore plus si ils sont humains. Roke, un allié de Lord Asriel, s’en rend bien compte. Marisa Coulter est une femme trop séduisante, trop brillante et elle ne peut que croquer un jeune homme inexpérimenté. Lord Roke précise donc qu’il « était insensible au charme de Mme Coulter, mais il était fasciné de la voir s’exercer sur les autres. Le soldat était un jeune homme ; ils auraient dû envoyer un vieux guerrier blanchi sous le harnais ».
Marisa Coulter finit par revenir vers son mari, Asriel. Elle a donc, en apparence, changé de camp. Auparavant, elle participait aux pires recherches de l’Eglise (séparer les enfants de leurs daemons), maintenant elle rejoint le camp de ceux qui veulent mettre à bas cette organisation. Les partisans d’Asriel expriment leur inquiétude à savoir que Mme Coulter les rejoint. Ils ne craignent pas nécessairement une trahison mais l’effet qu’elle peut avoir sur Lord Asriel. Ogunwe dit que « si cette femme décidait de vous tenter, vous ne pourriez pas résister ».
Asriel a conscience des capacités de manipulation de sa femme. Il doit faire attention : il se réfugie alors derrière une indifférence, une dureté. Il ne veut pas se laisser affaiblir ou attendrir même si il est admiratif devant les efforts déployés par Marisa Coulter (« lorsqu’un sanglot la secoua, elle le camoufla sous la forme d’un hoquet, comme si elle étouffait ses émotions par respect des convenances. Ce qui rendait ses mensonges éhontés encore plus convaincants, se dit Lord Asriel avec dégoût. Cette femme avait le mensonge dans le sang »).
On finit par comprendre que cette dureté est feinte. Asriel fait exprès d’être insensible. C’est une stratégie de défense car, dans les moments fatidiques, elle lui dit que « nous aurions dû nous marier (…) et élever notre fille ensemble ». Pour une fois, Asriel baisse ses murailles et laisse déborder ses sentiments pour elle. Sa réaction est assez équivoque : « cette remarque était si inattendue qu’il sursauta. Son daemon laissa échapper un grognement à peine perceptible, venu du fond de sa gorge ». Marisa Coulter est donc capable de surprendre lord Asriel, de lui faire perdre ses moyens. D’ailleurs, à ce moment de l’histoire, elle est sincère.
Une relation intéressante est celle avec Métatron, l’ange le plus important et le plus influent après l’Autorité. Métatron est celui qui exerce réellement le pouvoir, mène la guerre. Il tente de tuer Lyra, il sait qu’elle est celle qui faut abattre. Asriel et Coulter veulent empêcher cela. Fidèle à ses habitudes, Coulter tente de le charmer, de le séduire. A cette occasion, elle s’offre toute entière au regard pénétrant du Régent Métatron. Le résultat reflète bien ce qu’elle est : « la corruption, la jalousie et la soif de pouvoir. La cruauté et la froideur. Une curiosité perverse et inquisitrice. Une méchanceté pure, venimeuse et toxique (…) vous avez trahi et intrigué, et vous avez tiré fierté de votre duplicité. Vous êtes un cloaque d’obscénité morale ». Cette description résume bien ce que le lecteur a vu de Marisa Coulter : une personne prête à tout pour réussir et dominer, être en position de décider.
Coulter sait qu’elle a une carte à jouer : celle du désir. Elle se sait belle et attirante. Elle sait qu’elle a tout ce dont peut rêver un ange, une créature étrangère au corps depuis des siècles (« privés d’enveloppe corporelle, ils en rêvaient et se languissaient de ce contact charnel. Métatron était tout près d’elle maintenant, assez pour sentir l’odeur de ses cheveux, et admirer la texture de sa peau »). Autrement dit, Marisa Coulter tente Métatron. Comme tant d’autres, Métatron est subjugué, captivé. Son désir efface sa raison. Lui, le plus puissant des anges, n’est plus qu’une chose pathétique : « le Régent était un être doté d’un intellect supérieur qui avait eu des milliers d’années pour s’étoffer et se renforcer (…) à cet instant, il était aveuglé par une double obsession : détruire Lyra et posséder sa mère ». Cela sera sa perte.
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