Will a un couteau entre les mains, un poignard qui lui permet d'ouvrir des fenêtres entre les mondes. Il a été choisi parle couteau puisqu'il il l'a gagné au terme d'un combat. L'objet magique est donc puissant et il semble répondre aux besoins de Will. Il lui permet d'échapper à la réalité triste de sa vie, tenter de savoir ce qu'il est advenu à son père et aider Lyra. Mais, très vite, on comprend que cet artefact dépasse la volonté de Will, qu'il semble avoir ses propres objectifs.
Will se rend vite compte que le couteau n'est pas un outil comme un autre. C'est un objet comme il n'en a jamais vu, qui dépasse tout ce qu'il peut imaginer : « pour la première fois, il prenait conscience des véritables pouvoirs du poignard subtil, et il le déposa avec d'infinies précautions sur la pierre devant lui ». Instinctivement, le jeune homme appréhende une partie inconnue du poignard, il ressent qu'il lui cache des choses. A sa façon, l'ange Balthamos le conforte dans ses soupçons en lui disant que « le poignard est une arme puissante, et Lord Asriel serait ravi de t'avoir à ses côtés ».
Il semblerait que ce poignard soit bien connu par un certain nombre de personnes mais que sa réelle puissance, sa réelle utilité se rapprochent plus du mythe. Asriel, en pleine guerre contre l'autorité religieuse, est forcément intéressé par ce genre d'armes. Lui aussi rencontre un ange, Baruch, qui l'informe de l'existence de cette arme (« il existe un poignard capable d'ouvrir des passages entre les mondes et de découper tout ce qu'ils contiennent. Ses pouvoirs sont illimités »). Là, on comprend bien que le couteau dépasse en lui-même le porteur. Les ennemis de lord Asriel sont inquiets lorsqu'ils apprennent les capacités du couteau. Ils ont recours à Fra Pavel, un homme capable de comprendre un aléthiomètre, pour en savoir plus. Ses propos sont inquiétants du point de vue de l'église : « ce poignard est capable de tuer les anges les plus puissants, et même les forces qui leur sont supérieures. Il n'y a rien que ce poignard ne puisse détruire ».
Le poignard semble donc avoir une dimension mystique. Il est capable d'ouvrir des ouvertures sur des mondes, il est surtout capable de tuer des créatures religieuses de premier plan. Le Président du Conseil ecclésiastique dit même que « les monstres des falaises du Nord l'appellent le destructeur de Dieu ».
Mais, tout cela dépasse Will et ses capacités intellectuelles. Cela dépasse d'ailleurs un bon nombre de personnages. Même Lyra aidée par son aléthiomètre ne parvient pas à saisir la réelle nature du couteau. Elle qui d'habitude déchiffre si naturellement la boussole magique est perdue, presque confuse : « je n'ai jamais vu l'aléthiomètre si déconcerté (…) Il a d'abord parlé d'équilibre. Il a dit que le couteau pouvait faire le mal ou le bien, mais l'équilibre était si fragile, si délicat... » Là, on comprend bien que le couteau fait bien plus que ce que Will lui demande de faire, il ne se contente pas d'ouvrir des portes entre des mondes, il semble avoir un autre but, il accomplit d'autres choses qui sont inconnues à son porteur.
L'aléthiomètre éclaire Will et Lyra sur leur futur sans qu'ils ne le sachent (« il a dit que le couteau causerait la mort de la poussière, mais il a dit aussi que ce serait le seul moyen de maintenir la Poussière en vie »).
Lors de ses aventures, Will croise un être légendaire, le roi des Ours Iorek Byrnison. L'ours est particulièrement doué avec le métal. Un objet comme le couteau ne peut donc que le rendre curieux. Il faut dire que lorsqu'il rencontre Will, il se soumet en voyant le couteau et son fil. On lit que « il était obsédé par ce poignard. Il l'examinait pendant des heures, il testait les deux tranchants ». Très vite, Iorek perçoit que ce n'est pas un couteau comme un autre (« je suis intrigué, avoua l'ours. C'est la chose la plus étrange que j'aie jamais vue »). Venant de lui, ce n'est pas un commentaire anodin tant il est un expert dans le domaine. Iorek prévient Will que le couteau n'est pas uniquement ce qu'il paraît. Il lui enseigne à craindre l'arme, à s'en méfier. Ses propos sont clairs : « j'ai peur de ce qu'il peut faire. Je n'ai jamais rien connu d'aussi dangereux (…) Le mal qu'il peut causer ne connaît pas de limites. Il aurait été mille fois préférable qu'il ne fût jamais fabriqué » et « tes intentions sont peut-être louables. Mais le couteau poursuit un but, lui aussi ». En tout cas, le poignard subtil chamboule énormément Iorek, il le fait douter (« il n'aurait pas dû fabriquer ce couteau. Peut-être ai-je eu tort de la réparer. Je suis troublé, c'est une chose qui ne m'est jamais arrivée »). La puissance non visible du couteau effraie Iorek. En le manipulant et en le réparant, il sait qu'il a un outil extraordinaire entre les pattes.
C'est Kirjava, le daemon de Will, qui révélera la triste vérité. Il leur apprend que certains porteurs ont été négligents, qu'ils n'ont pas refermé les portes ouvertes et que cela a contribué à la disparition de la Poussière : « le couteau a fait une entaille dans le vide (…) Si la fenêtre était refermée immédiatement, la Poussière n'avait pas le temps de fuir, mais des milliers de fenêtres n'ont jamais été refermées. Et pendant tout ce temps, la Poussière n'a pas cessé de s'échapper des mondes pour se déverser dans le néant ».
Le pire arrive quand il leur dit que le couteau crée les Spectres : « chaque fois qu'on ouvre une fenêtre avec le couteau, un Spectre se forme ». Autrement dit, peu importent les motivations du porteur, il crée à chaque fois un Spectre lors de l'utilisation du couteau. Il ne peut rien y faire, il ne peut pas lutter contre ça. Et, pour ne rien arranger, les Spectres sont une menace pour les adultes et tous les gens car « ils se développent en se nourrissant de Poussière. Et de daemons ».
Objet extrêmement puissant, le couteau peut être manipulé par un porteur. Mais, il a ses propres motivations, sa propre mythologie. Et cela en fait un outil dangereux.
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