Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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vendredi 4 juillet 2025

[Joe Abercrombie] Pays Rouge : le cas Logen (2)

Voir également : https://duchessix.blogspot.com/2022/05/joe-abercrombie-pays-rouge-le-cas-logen.html

Logen a fui, loin.  Ses hommes se sont retournés contre lui et Dow le Sombre l’a renversé ; Logen n’est plus le Roi du Nord. On peut même penser que ce titre ne l’intéressait pas plus que ça et qu’il avait perdu bien avant un certain goût à rester dans cette partie du monde, suite au départ de Ferro. Logen n’avait jamais rencontré quelqu’un comme Ferro et son départ soudain l’a grandement marqué. N’ayant plus rien ne le retenant, Logen a donc cessé d’être le Neuf-Sanglant et s’est construit une nouvelle personnalité.


Dans le Pays Lointain, Logen est devenu Placide, un Nordique taciturne qui baisse les yeux, ne cherche pas la bagarre et se laisse porter par les événements. Placide n’est plus l’homme qui impulse le changement ou qui fait peur aux autres.

Au contraire, Placide dégage une aura de peur, de soumission. On en a un exemple lorsque Farouche Sud, une femme avec laquelle il vit dans une ferme, lui demande de marchander des produits. Placide se laisse malmener par le commerçant et n’en tire pas le prix espéré. Il le sait : « sa voix rocailleuse remontre en fin de phrase pour en faire une question, dont le sens était profond : à quel point j’ai merdé ? ». D’une certaine façon, Placide a intériorisé son incompétence. Farouche Sud résume bien l’homme qu’est devenu Placide/Logen au début de ce roman (« c’est parce que t’es un putain de trouillard. Il faut affronter ses peurs pour s’en débarrasser »). L’ancien Logen n’aurait jamais accepté ce genre d’insultes et il aurait sans doute déclenché une bagarre. Celui-là ne réagit pas et laisse passer l’insulte. Il ne réagit pas plus quand il bouscule involontairement un nordique et que ce dernier le provoque. On lit que « l’homme voulut protester mais Placide avait poursuivi son chemin, tête baissée, comme chaque fois qu’il sentait les ennuis approcher ». Cette attitude contraste avec celle de Caul Shivers au début de Servir froid où il déborde de colère et de violence à chaque fois qu’un passant le touche.


Mais, les événements rattrapent Placide. La ferme de Farouche Sud est brûlée et deux enfants sont enlevés. Farouche parle de vengeance alors que Placide opte pour une solution bien plus prudente, presque lâche. Il propose de négocier avec les ravisseurs, ce qui met en colère Farouche : « Les racheter ? Ils brûlent ta ferme, pendent ton ami, enlèvent tes enfants et tu veux les payer pour te remercier ? T’es un putain de trouillard ! ». Finalement, ils partent à la recherche des enfants et croisent en route Brin, un jeune homme dont les parents ont été tués par les ravisseurs. Ce jeune homme est plein de colère et de vengeance, et il espère trouver en Farouche et Placide des alliés. En regardant Placide, il peut se dire trouver une bonne aide, même si Farouche en doute. La femme dresse un portrait assez complet de Placide qui montre que les apparences ne reflètent pas réellement qui est Placide. Elle remarque qu’ « aux yeux de ce gamin, il ne devait pas paraitre inoffensif du tout. Sa grosse barbe ne dissimulait pas entièrement les cicatrices qui ne pouvaient guère provenir de coupures de rasoir, à moins d’être drôlement maladroit. Farouche les avait toujours prises pour les vestiges d’une guerre dans le Nord, mais s’il avait été un combattant par le passé, cette époque était révolue ». Placide est donc bien parvenu à mettre de côté l’aspect sanglant et sauvage de Logen ; il n’est plus l’homme qui massacrait gratuitement, l’homme dont la réputation était la plus impressionnante et maléfique dans le Nord.


Les trois remontent donc la piste jusqu’à une taverne. Là, on comprend que Placide va basculer et redevenir l’homme qu’il était. Farouche ne reconnait pas l’homme qui se tient devant elle puisque « Placide avait changé. Il se tenait droit. Il semblait plus imposant. Enorme, même ». Pl acide se déchaine : il malmène durement les hommes dans la taverne qui ont participé à l’enlèvement des enfants. Il est méthodique et puissant, il a un objectif en tête. Placide est alors redevenu l’homme qu’il était avant, un homme massif au charisme incroyable, un homme qui arrivait à canaliser quelques uns des hommes les plus brutaux et respectés (dont Renifleur, Dow) du Nord et à les faire lui obéir. Farouche perçoit ce qui se dégage de Placide. On comprend qu’elle craint l’individu en face de lui : « à présent, devant ses yeux noirs, elle fut saisie d’effroi , comme si elle contemplait le vide. Elle se sentait comme au bord d’un précipice, et il lui fallut tout son courage pour ne pas s’enfuir ». Les autres témoins sont tout aussi époustouflés ; c’est d’ailleurs grâce à ça que Placide, Farouche et Brin gagnent une place dans une caravane qui se dirige vers le lieu de captivité des enfants. Dab Accort, un guide, rapporte que le groupe « pourrait faire l’usage d’un autre homme qui ne flanche pas à la vue du sang ».

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