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jeudi 20 juin 2024

[Le Soldat Chamane] Jamère, le mauvais fils ?

Quand Jamère finit par rentrer chez lui, il a changé. La peste et la magie sont passées par là et il a pis énormément de poids. Même si il a subi un bon nombre de remarques désagréables et moqueuses sur le chemin du retour, rien n’a pu le préparer à la méchanceté et à la cruauté de son père, Keft Burvelle. 


Jamère revient chez lui à un bien mauvais moment : son frère va se marier. Pour son père, le voir ainsi n’est pas qu’une insulte, c’est une atteinte à sa réputation et à celle de la famille. Il blâme alors Jamère de se présenter comme un enfant Burvelle (« tiens-tu à humilier toute ta famille en apparaissant à une fête dans un tel état ? J’ai honte de songer que tu as osé te présenter ainsi à l’Ecole, à mon frère et à tous ceux qui connaissaient ton nom »).

Keft refuse d’écouter et de croire les excuses de son fils. Si il a pris du poids, c’est entièrement de sa faute et rien ne peut le convaincre du contraire. Keft déroule ses arguments en disant que « si on mange trop, on grossit. Si on ne se goinfre pas et qu’on exerce ses muscles, on reste en forme et bon pour le service ». Cette dernière remarque est à noter ; en effet, Keft rêvait de voir Jamère marcher dans ses pas et être comme lui un brave militaire.


Lors du mariage, les choses se passent très mal. Un serviteur interprète mal la demande de Jamère et lui apporte de la nourriture, bien trop de nourriture. Cela pourrait être anecdotique ou amusant si le père de Jamère n’avait pas été là. Or, Keft prend cela comme un affront. Jamère perçoit son dégoût : « tout en contemplant l’amoncellement culinaire d’un air effaré, je devinais l’horreur de mon père devant cette exhibition éhontée de ma gourmandise ». Pour Keft, il est impossible de croire que c’est un quiproquo ; pour lui, Jamère ne pense qu’à se goinfrer, se remplir le ventre.

Dès lors, les mots de Keft deviennent de plus en plus violents et durs. Il reproche à Jamère une certaine indolence, ou une couardise. En l’insultant, Keft prend bien soin de souligner qu’il fera tout pour remettre son fils dans le chemin qu’il estime bon. Il ne tolère pas l’homme qu’est en train de devenir Jamère. En lui répétant qu’il ne pourra pas échapper à son destin dans l’armée, affirme que « je trouverai toujours le moyen de t’obliger à suivre la voie que t’a tracée le destin ».

La fureur de Keft monte encore d’un cran quand il reçoit une lettre qui révèle les raisons de l’exclusion de Jamère de l’Ecole. Il est dit que Jamère s’est perdu dans les plaisirs de la ville, qu’il a goûté à ces joies. Pour Keft, apprendre ça montre toute l’infamie de son fils. Il est révolté et déçu, énervé ; ses propos montrent clairement toute sa haine (« maudit sois-tu Jamère ! Maudit sois-tu. Tu n’as même pas réussi à échouer avec dignité. Perdre ta carrière parce que tu n’as pas pu t’empêcher de te goinfrer »). Notons au passage que Keft ne voit Jamère que via le prisme d’une potentielle carrière militaire ; c’est comme si tout ce qu’il pouvait faire ailleurs ne l’intéressait pas.


Dès lors, Keft prend les choses en main. Il place Jamère, selon lui, face à son échec et ne lui fait plus aucun cadeau. Il informe tous les membres de la maison que Jamère a échoué. Cela a un impact immédiat sur le quotidien de Jamère ; même les domestiques semblent le mépriser (« je perçus une diminution de mon statut, comme on leur avait donné l’autorisation de me dédaigner »). Keft contraint Jamère à la diète et à l’exercice, pensant pouvoir modeler le corps de son fils. C’est un projet bien ambitieux qu’il a de lutter contre la magie qui est à l’oeuvre dans le corps de son fils… mais, de toute façon, il refuse d’y croire. 

Un soir, il tombe sur Jamère qui ne peut lutter contre sa faim et se permet un petit écart. Il prend cela comme un affront. Il se sent ridiculisé et blâmes une nouvelle fois son fils : « tu nous jouais la comédie à trimer toute la journée et à restreindre tes repas, mais, la nuit venue, tu te faufilais ici comme un voleur et tu faisais bombance ? »


Si Jamère est encore le fils de Keft, il ne le traite pas comme ça. Dans sa volonté de changer son rejeton, il fait de sa vie un enfer et le considère presque comme un prisonnier. Il laisse des consignes strictes à ceux qui le surveillent (« il passera la journée à couper du bois ; il a droit à trois pauses pour boire, mais il ne doit rien manger ») et l’enferme la nuit dans une cellule (« mon garde ferma la porte et je m’assis sur le bruit en attendant le bruit du loquet »).


Le monde finit par rattraper les Burvelle. La peste décime la maison et tue un bon nombre de gens. Très peu en réchappent. Jamère et son père survivent. Keft se sent offensé, il trouve que la vie lui joue un sale tour. Il aurait préféré que Jamère tombe dans la mort et qu’un autre de ses fils reste en vie. Il le lui dit directement sans prendre aucune précaution (« Toi ! Toujours vivant toujours gros comme un verrat alors que Posse est mort ! Pourquoi ? Pourquoi le dieu de bonté t’a-t-il épargné pour me prendre Posse ? »

Jamère ne peut rien répondre à cela. C’est sa soeur, Yaril, qui lui apporte quelques éléments de réponse.  Elle lui explique que son père ne l’a jamais réellement aimé ; il aimait ce que Jamère aurait pu être ou devenir, mais pas la personne qu’il est en lui-même. Quand la vie de Jamère a bifurqué, il a perdu tout intérêt pour son père (« tu as eu droit à sa considération pendant quelques temps, tant que tu as bien voulu jouer au gentil fils militaire, mais à présent tu n’as plus aucune valeur à ses yeux »).

Elle développe ensuite en précisant que son père créait une ambiance négative dans la maison. Il ne fallait pas aimer Jamère sous peine de s’attirer les foudres de Keft. D’une certaine façon Yaril tente de s’excuser en disant que « je croyais que (…) si quelqu’un avait l’audace de dire du bien de toi, père se mettrait en fureur ». L’excuse semble un peu facile et sent un peu l’auto-dédouanement mais elle montre bien l’impact de Keft.


Suite à la peste, Keft Burvelle semble avoir encore franchi un pas. Il semble en plein délire. Il ne se contente pas de répéter des insultes déjà connues (« tu t’es mis à te bâfrer, à forniquer avec des sauvages »), il accuse son fils des pires ignominies. Selon lui, Jamère est jaloux de tout, de tous, de son frère. Dans sa haine, il éructe des phrases sans aucune logique : « depuis combien de temps complotes-tu contre moi, Jamère ? Des mois ? Des années ? Jusqu’à quel point penses-tu entrainer Yaril dans tes manigances ? »

Convaincu d’être manipulé par son fils, Keft le déshérite et le renie. Sa colère prend le pas sur sa raison, l’aveugle totalement : « Tu n’es rien ! Rien ! Je te reprends mon nom ! Je te retire le droit de te dire mon fils ! »

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