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mardi 12 mars 2024

Martel, au bon endroit au mauvais moment ?

Il est des rencontres qui ne durent que quelques temps, quelques mois, et qui, pourtant, vous marquent dans la chair. C’est le cas de la relation de Vif entre Fitz et Martel. Quand Fitz rencontre Martel, il est à l’aube de plonger dans un des moments les plus durs de sa vie : l’apprentissage de l’Art avec Galen. Sa vie personnelle connait quelques remous puisque Patience apparait dans sa vie : la femme de son père tente de prendre sa vie en main. C’est d’ailleurs elle qui lui offre le chiot, sans doute pour se rapprocher de Fitz, peut-être pour s’excuser de son absence : « celui-ci est pour toi. Il est à toi, maintenant. Tous les garçons doivent avoir une bête à eux ».


Très vite, Fitz se rend compte que Martel est plein d’enthousiasme, qu’il a une réelle fureur de vivre. Il diffère des autres chiots de portée, puisque « le petit gaillard possédait déjà une identité solidement établie et un profond intérêt pour tout ce qui l’entourait ». Fitz accueille le chiot avec joie : Umbre, Burrich ou le Fou lui ont promis un enseignement compliqué avec Galen et c’est ce qui se passe. Le maître d’Art est un homme sec, qui ne semble avoir aucun plaisir à vivre. Il ne se retire pas simplement du monde et des liens avec les gens, il impose aussi cette attitude à ses élèves. Ils mangent à part, ils ne participent plus à la vie du château. Fitz trouve en Martel un réconfort : « l’accueil chaleureux et l’appétit de Martel me mirent du baume au coeur, et, dès qu’il eut fini de manger, nous nous pelotonnâmes au fond du lit ».

Pour le jeune chien, tout est une découverte. Il ne semble avoir connu que les murs du château et la moindre sortie de la chambre de Fitz est pour lui toute une aventure. On en a la preuve lorsqu’ils se rendent dans les écuries : cela « constituait pour lui la plus grande joie de son existence ; il me transmettait tout ce qu’il flairait, tout ce qu’il voyait avec une intensité qui, malgré ma morosité, réactivait en moi l’émerveillement ». La bonne humeur de Martel parvient donc à déteindre et contaminer Fitz, ce qui n’est pas un mince exploit.


Mais, très vite, on comprend que le tragique va accompagner la vie de Martel. Dans ce sens, le choix de son prénom est presque prophétique si on écoute le Fou. Le curieux ami de Fitz proclame que « ton coeur sera martelé contre lui et que ta force sera trempée dans son feu ». On peut comprendre que de la souffrance attendent Martel et Fitz, et que des moments durs les attendent.

Très vite, on en a un aperçu. La formation à l’Art de Fitz se passe mal. Galen le traite durement et méchamment, il le rabaisse. Il lui fait croire qu’il ne vaut rien et tout cela donne des envies de suicide au bâtard royal. Il est à deux doigts de se tuer jusqu’à ce que Martel lui rappelle sa présence : « le muret qui surplombait le vide m’attira irrésistiblement. De ce côté, la forteresse ne donnait pas sur la mer, mais il ne manquerait pas de rochers déchiquetés au pied de la muraille. Une chute à cet endroit serait fatale (…) Alors j’entendis l’écho lointain d’un gémissement ». Le lien de Vif a alerté Martel à propos de la détresse émotionnelle de Fitz. Le chien a rappelé à Fitz sa présence, qu’il l’aimait. Il lui a donné une raison de rester en vie, de voir un peu de lumière dans une période bien obscure de sa vie.


Loin de Castelcerf, Fitz assiste à l’attaque de Burrich via Martel. Il voit le maître d’écuries être attaqué et il voit Martel intervenir. Il voit son compagnon de Vif mettre son corps entre un couteau et un homme, et récolter de terribles blessures : « le poignard plongea et plongea encore dans ma chair (…) le sang qui me coulait dans la bouches et les narines m’étouffait ». Fitz ne se contente pas de vivre la chose, il est Martel. 

Fouinot avait déjà donné sa vie, Martel en fait de même. Un autre animal lié par le Vif se sacrifie et meurt (« je crus voir un bout de queue frémir dans un ultime effort pour me faire fête. Puis le fil se rompit et l’étincelle disparut. J’étais seul »). La perte est énorme pour Fitz. D’autant plus qu’il est loin de la capitale. Il doit voyager avec sa douleur, avec sa culpabilité de ne pas être là.

Et, pour ne rien arranger, Burrich se comporte mal.  Burrich ne montre aucun respect pour la mort de Martel. Le maître des écuries ne parvient pas à dépasser ses préjugés sur le Vif. Il réduit la mort de Martel à pas grand-chose, et fait même des reproches à Fitz en disant que son lien avec le chien ne valait pas la peine. C’est sans doute un des moments les plus honteux de la vie de Burrich car on peut lire que « tu aurais pu être le digne fils de Chevalerie ; mais tu as tout gâché, et pour quoi ? Pour un chien ! Je sais ce que peut représenter un chien dans la vie d’un homme, mais on ne fout pas son existence en l’air pour un … ». Burrich vit dans le fantasme de Chevalerie : il imagine les réactions de Chevalerie sans savoir ce qu’elles seraient. Pire, il transpose ses mauvaises expériences à Fitz : toute sa haine du Vif émerge là.

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