Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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mercredi 14 février 2024

Le Fou manque à Fitz

A la fin d’Adieux et retrouvailles, le Fou se sépare de Fitz. Il lui retire le lien particulier et physique qu’ils avaient : dorénavant, Fitz voit le Fou comme tout le monde voit le Fou, un petit être différent et fragile. Le Fou décide de retourner chez lui, à Clerres, avec Prilkop. Il n’a même pas d’adieux avec Fitz, puisque celui-ci est perdu dans le courant d’Art. Le Fou manque donc à Fitz, même si ce dernier a une vie bien occupée. Il a épousé Molly, il doit gérer le domaine de Flétribois.

Mais, Fitz est Fitz, un homme mélancolique, un homme à qui le bonheur tend la main et qui, pourtant, adore se baigner dans une tristesse. On en a la preuve lorsqu’il pense à sa vie commune et son mariage avec Molly, il ne peut pas s’empêcher de penser au Fou : « j’avais des anniversaires dont je pouvais m’enorgueillir : il y avait presque huit ans que Molly était mon épouse (…) Presque dix ans que je n’avais pas vu le Fou. Je sentis mon coeur tomber comme une pierre au fond d’un puits. ».


Fitz chérit le souvenir du Fou, il vénère presque les rares objets qu’il a eus du Fitz, comme la statuette. Cette dernière avait trois faces et représentaient trois personnes : Fitz, le Fou et Oeil-de-Nuit. C’est un bien précieux pour Fitz. Or, des intrus pénètrent chez lui et souillent la statue avec des traces de doigt. La réaction de Fitz est assez explicite : « sur l’image du Fou, un doigt maladroit avait maculé sa joue de sang. La rage qui me saisit alors n’avait rien de rationnel ». Ce n’est pas une réaction saine. On peut comprendre une certaine forme de colère, pas une rage incontrôlée. En réalité, cette attitude s’explique par la nature de leur rupture. Fitz s’en veut d’avoir raté le Fou et de n’avoir aucune nouvelle depuis. Le Fou peut le contacter si il le désire, Fitz ne peut pas, n’ayant aucune idée où est Clerres. Les pensées de Fitz sont claires : « cette rupture inachevée avait laissé une plaie qui, au cours des ans, était devenue une de ces cicatrices douloureuses aux changements de saison. Où était-il aujourd’hui ? Pourquoi n’avait-il jamais envoyé ne fût-ce qu’une lettre ? ».


Alors qu’il se rend dans les Montagnes pour assister à des funérailles royales, Fitz rend visite à Jofron. Elle était une femme avec qui le Fou avait créé une relation. Or, Jofron a reçu des courriers du Fou. Pour Fitz, c’est un drame : « j’éprouvai un instant de jalousie aigüe, poignante, comme je n’en avais jamais connu. Il ne m’avait jamais envoyé le moindre message, fût-ce par pigeon voyageur, mais Jofron en avait un coffret plein ». Cette réaction est clairement disproportionnée et montre bien la douleur de Fitz. Le Fou lui manque et il donnerait n’importe quoi pour avoir de ses nouvelles.


Ironiquement, c’est à Ortie qu’il explique la raison de cette peine. C’est ironique car Ortie a toujours eu une relation compliquée avec son père. Elle lui en veut de ne pas avoir été là quand elle était jeune, elle lui en veut de sa manie faire des secrets, elle lui en veut de ne pas lui avoir dit plus tôt qu’elle était une Loinvoyant. Il confesse à sa fille que « j’aimais cet homme comme je n’avais jamais aimé une personne. Je ne dis pas que je l’aimais plus que ta mère, mais différemment ». Pour Fitz, c’est une énorme affirmation, lui qui a toujours eu du mal à assumer ses sentiments pour le Fou. Cela a d’ailleurs failli les briser plusieurs fois.


Tout cela entretient la jalousie et les doutes de Fitz qui en vient même à remettre en cause ce qu’il était pour le Fou. Le Fou a beau avoir répété plusieurs fois qu’il aimait Fitz pour ce qu’il était, Fitz a toujours une part de questionnement en lui. Il s’interroge pour savoir si le Fou tenait uniquement à lui parce qu’il était le catalyseur : « je dois me demander si c’est tout ce que j’ai toujours été pour toi : seulement un Catalyseur ? Une arme à manier sans merci puis à ranger dans un coin de peur qu’elle ne te blesse ou n’abîme ton travail ». On peut penser que Fitz est infecté par la façon de penser des Loinvoyant, à savoir qu’ils se débarrassent d’un individu qui n’est plus utile à leurs plans.


Le côté dramatique de Fitz émerge à nouveau quand Ortie veut rapatrier Abeille à Castelcerf après la mort de Molly. C’est une décision qui peut s’entendre, étant donné la façon dont Fitz s’occupe d’Abeille. Pour Fitz, c’est comme si Ortie lui avait annoncé la fin du monde : « pas de Molly, pas de Burrich, pas de Vérité, pas de Subtil. Pas d’Oeil-de-Nuit. Le gouffre béant du vide s’ouvrait plus largement à chaque mort que je me rappelais et qui me torturait. Pas de Fou ». Il dresse donc une liste de tous ceux qui sont morts, se persuadant qu’il n’est plus qu’un homme seul. Il tentera d’ailleurs de se fondre dans le courant d’Art, de se suicider. 

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