Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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samedi 13 janvier 2024

Le Puits d'Argent (2)

 

Le Puits d’Argent conclut la saga des Cités des Anciens. Les dragons sont enfin redevenus des dragons : ils chassent, ils commencent à retrouver leurs souvenirs et, surtout, ils ne tolèrent pas le mal qu’on leur fait. C’est l’intrigue de ce tome où Glasfeu vient trouver les dragons de Kelsingra pour leur demander de déchaîner leur courroux sur Chalcède. Cet acte de vengeance arrangerait bien Selden et Chassim qui sont prisonniers du duc de Chalcède sans espoir de survie ou même sans espoir de s’évader. Les deux jeunes gens ont déjà subi les pires des avanies, des affronts, notamment le viol. Mais, là, ils doivent faire face à un nouveau défi : voir la personne aimée souffrir.


Chalcède est dirigée par la main de fer de son Duc. C’est un homme impitoyable et violent. C’est en tout cas l’image qu’il tente de donner et ce que propage la rumeur publique. Car, la réalité est toute autre : le Duc est en train de mourir. Il a perdu de sa superbe. Comme le vieux Subtil dans l’assassin royal, il est en train de pourrir de l’intérieur. Sa vaillance s’est envolée. Selden s’en rend compte lorsqu’on le fait se présenter au dirigeant : « il pénétra dans la luxueuse chambre à coucher du duc. Une salle mortuaire, se dit-il, car l’odeur de la mort y était omniprésente ». Celui qui fut un brillant guerrier n’est plus qu’un vieillard sans forces, à bout de souffle presque. Si Selden le voit, ceux qui le côtoient tous les jours le savent aussi. Ellik, le bras droit du Duc, est consterné par ce qu’il voit. Ses pensées montrent bien qu’il respecte bien peu ce qu’est devenu cet homme (« Lâche ! Ce que la guerre n’a pu faire, la maladie l’ai fait : elle a fait de lui un couard prêt à toutes les bassesses pour tenir la mort à distance »).

La fin de la remarque est éclairante. Ellik veut vivre : il n’a pu avoir du sang de dragon ou autres parties de leur corps, il se rabat sur le sang d’un Ancien. Il est convaincu que le sang d’un homme marqué par un dragon a des propriétés magiques, notamment curatives et lui permettra de guérir. Autrement dit, Ellik est prêt à boire du sang humain pour rester en vie.


Le procédé est assez dégoûtant. Dans une saga qui compte un bon nombre de passages marquants (la mort de la petite fille dans les mains de Fitz dans l’Assassin du roi, le viol d’Althéa par Kennit, le viol de Kennit par Igrot raconté par Parangon, etc.), le concept de vampirisme est inédit. Certains avaient ingurgité des drogues comme Fitz et la graine de caris, ou Althéa et la cidine. La chose aurait pu être moins repoussante si le Duc était parvenu à ingurgiter du sang de dragon (plus tard, le Fou en ingurgitera pour tenter de retrouver la vue). 

Malgré cette aversion, personne ne résister aux désirs du Duc, surtout pas ses gardes. Ils disent à Chassim que « vous savez bien que nous sommes morts si nous revenons sans lui. Si nous désobéissons, le seul résultat est que nous serons torturés et nos proches aussi ». Le Duc inspire donc toujours une forme de peur qui dépasse le dégoût de sa pratique.


Le sang de dragon a des propriétés magiques. Est-ce la même chose du sang des Anciens ? Cela semble être le cas, car on peut lire que « le duc but un peu de sang puis, reprenant des forces, redressa seul la tête et ingurgita le reste ». Selden n’est pas seulement affaibli par cette pratique. Il est dégouté. Il le vit comme un nouveau viol. C’est trop pour lui : quand il en parle à Chassim, on comprend qu’il est à bout (« si je dois me suicider, je préfère le faire avant qu’on m’ouvre la gorge et qu’il me suce le sang à nouveau »).


Heureusement pour Selden, le Duc a vu trop gros en s’en prenant aux dragons. En attaquant les maîtres du ciel, de la terre et de la mer, il s’est fait un ennemi mortel qui ne pardonne aucun affront. 

Les dragons, menés par Tintaglia et Glasfeu, ont décidé de se venger. Il a fallu motiver les nouveaux dragons, leur rappeler qu’un tort causé à un dragon ne peut pas rester impuni. Le vieux Glasfeu et Tintaglia ont réussi à faire entendre à Gringalette et aux autres que les dragons ne sont pas des proies. C’est en tout cas ce que rapporte Kanaï : « ils ont décidé de se rallier à l’opinion de Tintaglia, de frapper la capitale, là où règne le duc, pour leur rappeler que les dragons ne sont pas des cochons de rivière ».

L’apparition des dragons suscite la peur pour les chalcèdiens. Très vite, les dragons sèment la mort. Les gens crient, tentent de s’enfuir. Chassim, elle, voit cela comme une libération. Elle est prête à mourir dans sa cellule de prison ; la mort signifie la fin de son calvaire et la fin de son père qui prenait plaisir à la torturer. Sa pensée est claire : « c’est pour le tuer qu’ils sont là, n’est-ce-pas ? (…) j’ai de la peine pour mon peuple, et je m’attriste de voir tous ces gens terrifiés, mais je n’ai aucune compassion pour mon père et je ne m’offusque pas d’une mort dont il est responsable ». 

Bien entendu, le résultat ne fait aucun doute : « le palais du duc était tombé sous les assauts orchestrés par Glasfeu, implacable et sans pitié ».

Enfin, le sort de Selden est incertain. Il est libéré mais nul ne sait les conséquences qu’auront sa captivité. Alise informe qu’ « il a des séquelles, et pas seulement physiques. Le duc le dévorait littéralement, il lui suçait le sang des veines ».

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