Malheureusement, Ortie et Oeil-de-Nuit ne se sont jamais rencontrés. Ortie n'a jamais pu rencontré le meilleur ami de son père, celui avec qui il a traversé la mort et un bon nombre d'épreuves. Ortie est forte dans l'Art, particulièrement dans la manipulation des rêves. Non formée, elle utilise de façon instinctive ses talents. C'est grâce à cela qu'elle parvient à rencontrer Fitz. Elle l'appelle « Fantôme-de-Loup », preuve que la partie d'Oeil-de-Nuit est plus que présente en Fitz, que les deux forment une seule et même personne dans l'Art.
Ortie fait donc la connaissance de Fitz et d'Oeil-de-Nuit via l'Art même si elle ne sait pas que Fitz est son père.
Pour Ortie, ils sont une personne, une seule entité. Il n'est donc pas étonnant de voir qu'elle perçoit Fitz comme un humain avec des caractéristiques de loup. C'est d'autant plus visible et saillant après la mort du loup, un peu comme si Fitz voyait là une façon de continuer à faire vivre le loup. La description est éloquente : « mes paumes et la face interne de mes phalanges noires et rudes comme les coussinets d'un loup, et un pelage sombre et raide couvrait le dessus de mes mains et de mes poignets ». L'Art ne transmet pas qu'une apparence, il permet également de sentir les émotions d'une personne, son état d'esprit. Ortie perçoit que Fitz a changé (« n'oublie pas, Fantôme-de-Loup, que tu es un loup, non une souris. Je le croyais en tout cas »). Ortie idéalisait presque l'homme qu'elle avait rencontré grâce à l'Art. Pour elle, il était un prédateur, un chasseur.
L'idée que Fitz et Oeil-de-Nuit forment une seule et même personne dans l'Art est partagée et reconnue. Du temps des artiseurs de Royal, ceux-ci pointaient la magie puante et pervertie du bâtard royal. De façon bien plus polie et respectueuse, Devoir dit la même chose : « Oh, Eda, qu'il doit vous manquer : Dans mes rêves, vous ne formiez qu'une seule et unique créature ». Fitz semble en avoir conscience car il répond que « Ortie, elle, me voit comme un homme-loup ».
Avant de mourir, Oeil-de-Nuit a demandé à Fitz de parler de lui à Ortie. C'est vers son louveteau que ses dernières pensées sont tournées : « laisse-nous nous battre pendant que tu sauves le petit. Sauve Ortie aussi. Vis bien pour nous deux, et, un jour, raconte à Ortie des histoires sur moi». Ce n'est pas étonnant pour le loup et son fort attachement à la meute.
Alors, après lui avoir révélé son identité, après avoir libéré Glasfeu des glaces d'Aslevjal, Fitz commence à lui parler du loup. Ortie fait preuve de beaucoup de respect et d'admiration. Elle sent et elle sait que le loup représente énormément de choses pour Fitz (« elle se leva pour aller examiner les objets posés sur le montant de la cheminée : la sculpture du loup que le fou avait exécuté, et, à côté, la pierre de mémoire avec une gravure similaire »).
A vrai dire, la figure du loup est synonyme de changement pour Ortie. C'est un loup qui a tout fait basculer pour elle, qui l'a forcée à quitter la chaumière de Molly et de celle qu'elle prenait pour son père (Burrich). En effet, Fitz a employé une image qui a réveillé tout un tas de choses, de vieux souvenirs pour Burrich (« un loup avec piquant de porc-épic planté dans le museau m'avait promis de veiller sur Leste et de la reconduire à la maison sain et sauf »). Pour Ortie, cela ne veut pas dire grand-chose ; pour Burrich, cela le ramène des années en arrière, la nuit où le roi Subtil est mort. Les conséquences sont importantes : Burrich comprend que Fitz est encore vivant puis se rend à Castelcerf. C'est le début d'une nouvelle vie pour Ortie.
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