Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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jeudi 16 mars 2023

Patience, une mère sans enfant ?

La saga de l'assassin royal s'ouvre sur l'abandon de Fitz. Son père, le prince Chevalerie, le rejette alors que son grand-père maternel décide de priver Fitz de sa mère, sans doute une femme des Montagnes. Fitz est donc un bâtard, un enfant de sang royal. Chevalerie est l'épouse de Patience ; Fitz a été conçu avant le mariage des deux. Mais, très vite, on comprend que l'arrivée de Fitz va bousculer les choses, notamment l'équilibre au sein du couple. Car, Patience ne parvient pas à mener ses grossesses à terme et cela la ronge de ne pas pouvoir donner un héritier à son époux. La rumeur publique laisse entendre que cela la travaille énormément, que cela a un impact sur sa santé mentale. Un soldat affirme même que « il porte si clairement sur son visage l'empreinte de Chevalerie que son orgueil ne s'en serait jamais relevé ». Il apparaît donc clair, à ce moment du récit, qu'il faut que Fitz et Patience ne se voient pas. Patience et Chevalerie se retirent. Les motifs de l'abdication de Chevalerie peuvent paraître flous : est-ce si grave d'avoir eu un enfant hors mariage ? On peut penser qu'il a fait ça pour protéger sa femme qu'il aime tant. Chevalerie sait très bien que Patience se sent coupable de ne pas pouvoir enfanter et que ce serait une preuve de plus de son incapacité (« Patience prit mon apparition comme le reproche suprême et sa santé, déjà vacillante à force de fausses couches, s'effondra en même temps que son âme »).

Des années plus tard, après la mort de Chevalerie, Patience affronte ses démons et ose revenir à Castelcerf. La rencontre avec son fils (car elle prétend que Fitz est son fils) est inévitable. Elle se passe bon gré mal gré, les deux tentant de trouver leurs marques. Ils sont mal à l'aise à cause de tous les non-dits qui les séparent, toutes les ombres qui pèsent sur leurs relations. Patience fait ce qu'elle peut pour apprivoiser Fitz, et ce n'est pas facile tant le jeune homme est déjà marqué par une forte propension à la solitude et à la méfiance. Parfois, Patience ne peut se contenir et explose : « Tu aurais dû être de moi ! Ce n'est pas juste ! Tu aurais dû être de moi ! »

Patience souffre donc. La question est alors de savoir pourquoi elle est revenue dans ce château royal qui ne lui apporte que souffrances et où elle n'a jamais été véritablement à sa place. La réponse est simple, elle l'a fait pour Fitz : « je m'étais toujours demandé ce qui avait poussé Patience à revenir à Castelcerf (…) Je le savais à présent. Elle était venue à cause de moi, pour moi. Pour veiller sur moi ». Cette intention touche Fitz et modifie son comportement vis-à-vis d'elle. Les deux trouvent un équilibre, certes fragile. Fitz finit par comprendre qu'il y a autre chose derrière la femme délurée, à l'apparence fragile. Il se rend compte que Patience est une femme capable et passionnée, qui sait prendre les choses en main.

Fitz se fait torturer à mort par Royal. Il est politiquement mal vu de soutenir Fitz, de parler en bien du bâtard au Vif. Pourtant, deux femmes issues de la haute société tiennent tête à Royal : Dame Grâce et Patience. Sans leur intervention, Fitz n'aurait pas pu revenir à la vie, la magie n'aurait été d'aucune utilité. On lit que « Patience avait supplié qu'on ne brûlât pas mon corps et qu'on l'enterrât intact ». Ce geste touchera Fitz lorsqu'il l'apprendra (« en compagnie de Brodette, sa chambrière, elle me pleura quand tous les autres, par peur ou par dégoût de mon crime m'avaient abandonné »).

Durant de longues années, Fitz et Patience ne se verront plus. Les deux joueront un rôle décisif dans la guerre contre les Pirates Rouges : Patience permettra à Castelcerf de résister alors que Fitz aidera Vérité à réveiller les dragons d'Art et de pierre.

Quand le Fou et Fitz se retrouveront, les deux amis analyseront le passé de Fitz, ce qu'il a fait et ce qu'il n'a pas fait depuis la fin de la guerre. Le cas de Patience est abordé et Fitz se rend compte à quel point il aime cette femme. Son ton et ses propos trahissent son état : « rien que l'avouer me nouait la gorge. Ce n'était pas seulement qu'elle me manquait : j'avais l'impression de l'avoir abandonnée. Ce soir, c'était une femme déclinante que j'avais vue, sans plus personne au monde hormis ses domestiques, fiables mais vieillissants ». Patience a tout quitté, a presque tout sacrifié pour venir aider Fitz ; Fitz, lui, n'en est pas capable. Il ne peut pas rendre à Patience tout ce qu'elle lui a apporté. Il est prisonnier de ses secrets, de ses serments et du rôle à jouer.

Devoir ajoutera au sentiment de culpabilité de Fitz. Le jeune homme a un regard neuf sur les Loinvoyant (il critiquera même la culture du secret et de la dissimulation d'Umbre). Il questionne Fitz assez durement malgré l'état pathétique de l'assassin royal qui vient de frôler la mort après une terrible bagarre à Castelcerf. Devoir est plus que perplexe (« elle vous croit mort et il ne se passe pas un jour sans qu'elle pleure votre disparition. Comment pouvez-vous la laisser dans cet état ? Votre propre mère »). Les choses sont claires : Patience a toujours considéré Fitz comme son fils, Patience vit dans le deuil de sa mort des décennies avant, elle n'a jamais réussi à passer cette phase.

D'ailleurs, quand elle finit par revoir Fitz, sa réaction est équivoque : « mon Chevalerie n'a jamais eu un nez pareil : en revanche, ses yeux, en effet.... ils me rappellent... Oh ! Oh, mon fils, mon fils ! Non, ça ne se peut pas. Ça ne se peut pas ! » Patience ne croit donc pas que c'est réellement Fitz qui est devant elle. Pour elle, c'est impossible. Il n'est pas étonnant de la voir bafouiller et ensuite devoir s'allonger tant la découverte la secoue.

Dans le roman le Fou et l'assassin, un témoignage de Molly nous montre à quel point Patience tenait à tomber enceinte et avoir un bébé. On comprend aussi mieux pourquoi elle s'est tant attachée à Fitz, un fils d'une autre mère. Molly affirme que « quand Patience était encore vivant, elle m'avait montré ce berceau dans le grenier ; elle l'avait fait faire à l'époque où elle vivait ici avec Chevalerie et où elle rêvait encore de parvenir à concevoir ». Encore une fois, le fait de ne pas pouvoir donner de fils ou de fils à son époux a rongé Patience.

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