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dimanche 12 mars 2023

Geairepu, plus qu'un scribe ?

L'image que renvoie les Six-Duchés est celle d'un pays peu développé, en comparaison des autres grands pays ou grandes villes (Terrilville, Jamaillia). C'est une monarchie qui semble ancrée dans ses traditions et qui est bousculée par la guerre contre les Pirates Rouges et une guerre de succession. Il faudra attendre l'arrivée de Kettricken pour voir la société commencer à se moderniser. Et très lentement : la Montagnarde devra user de tout son poids simplement pour que les gens doués du Vif ne soient pas pendus et démembrés.

Mais, dès le règne du roi Subtil, certains œuvraient pour changer les choses à leur niveau ; c'est le cas du scribe Geairepu. L'homme est chargé, entre autres, d'apprendre les lettres aux fils et filles de la cour. On voit bien là une première distinction importante. Selon le lieu de naissance, selon la famille, les enfants ne sont pas traités de la même façon. Un enfant de noble pourra apprendre à lire et à écrire, pas celui d'un commerçant ou d'un artisan. Pour ces derniers, la priorité sera tournée vers l'apprentissage d'un métier. Il n'y aura donc pas de classe d'écriture. Geairepu est désolé de cette situation. Fitz nous apprend que Geairepu attache un grande importance au fait d'apprendre à écrire : cela doit permettre à tout un chacun de se faire comprendre. Cela doit aussi faciliter le partage des connaissances. On lit que « souvent, je comprends et j’approuve l'idée fixe de Geairepu. Si on l'écoutait, le papier serait aussi courant que le pain et chaque enfant apprendrait ses lettres avant d'avoir treize ans (…) Il se désole de tout le savoir qui descend dans la tombe chaque fois qu'un homme meurt ». Geairepu n'est pas qu'un homme de paroles, il met ou tente de mettre ses convictions à l’œuvre. Il fait des expériences pour tenter de démocratiser l'usage du papier, pour tenter de fabriquer du papier qui ne serait pas grave à gâcher (« avec un bon papier bien solide, n'importe qui pourrait avoir chez soi une copie des tablettes de savoir traditionnel conservées à la forteresse ; et avec un papier de bon marché, on pourrait apprendre à lire et à écrire à davantage d'enfants, selon lui en tout cas »). En plus de sa volonté d'apprendre l'écriture et la lecture, Geairepu semble également attaché au partage de valeurs communes, d'histoires communes.

D'ailleurs, Geairepu semble être un acteur de référence dans la transmission de l'histoire des Six-Duchés. Écouté par Subtil, il montrait toute l'importance à écrire l'histoire et dessiner des cartes : « une histoire des Six-Duchés, c'est d'abord une étude de la géographie ». Sa passion a été transmise à Fitz : « Geairepu et Patience manifestaient l'un comme l'autre un tel enthousiasme chaque fois que l'on parlait d'écrire l'histoire des Six-Duchés que j'ai fini par me persuader que l'effort en valait la peine ».

Et pour faire cela, il faut de bons produits. Umbre est un Maître des poisons, il est sans cesse à expérimenter ; c'est la même chose pour Geairepu et les encres. Il « se sert beaucoup de produits pour ses colorants et ses encres. Certaines de ses copies sont toutes simples, mais d'autres sont plus décorées, avec des oiseaux, des chats, des tortues et des poissons ». Créatif, visionnaire d'une certaine façon, Geairepu pourrait presque paraître comme un être à part au château de Castelcerf. Pourtant, une autre personne, une femme (Patience) le rejoint dans son défi aux convenances et sa passion des papiers et des encres. Grâce à Fitz, Patience apprend la passion de Geairepu (« j'ignorai que quelqu'un d'autre partageait mon intérêt. Le visage de dame Patience s'illumina soudain »).

Il serait injuste de réduire Geairepu à son amour des encres, à son statut de professeur. Il est aussi un homme qui sent bien les gens. Il est le premier à tenter d'offrir un autre avenir à Fitz, et même le seul à vouloir faire de lui autre chose qu'un acteur des intrigues politiques. Il offre la possibilité à Fitz de quitter tout ce nœud dangereux en devant son apprenti. L'attention touche Fitz ; il en est tout ému : « ce n'était pas seulement le projet d'être scribe qui me laissait médusé ; c'était l'idée même que Geairepu put vouloir de moi, comme apprenti, avoir envie de m'emmener avec lui et de m'enseigner les secrets de son métier ». Bien entendu, cela se heurte à d'autres motivations, notamment celles de l’appareil d’État incarné par Umbre. L'homme de l'ombre reconnaît la bonne lecture des choses de Geairepu mais explique que le scribe ne saisit pas bien la situation (« où que tu ailles, tu resteras le bâtard de Chevalerie. Geairepu est plus perspicace que je ne le croyais, mais il ne comprend quand même pas. Il ne voit qu'une partie du tableau ; il a bien vu qu'ici, à la cour, tu seras toujours un bâtard, une espèce de paria »). Umbre ne dresse donc pas un portrait sombre des capacités de Geairepu : il reconnaît à l'homme une capacité à bien analyser les choses et à proposer des débuts de solution adéquates.

On en a la preuve lorsque une Molly sans ressources se réfugie à Castelcerf. Son village vient d'être attaqué par les Pirates Rouges et elle se rend au château royal à la recherche du Nouveau (Fitz). Molly se heurtait à des refus, de l'incompréhension et même de la suspicion. C'est Geairepu qui a pris le temps de la rassurer et de prendre les choses en main : « on m'a envoyée voir Geairepu ; lui, il m'a écoutée te décrire, puis il a froncé les sourcils et m'a envoyée voir Patience ».

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