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dimanche 29 janvier 2023

Devoir, à la recherche d'un père ?

Dès la fin de la Reine solitaire, le lecteur comprend que le prince Devoir (ou Dévoué si on se fie à la traduction de l'époque) va grandir sans père. Vérité est mort en se sacrifiant pour son royaume. On pourrait croire que l'histoire serait racontée à son fils et que ce dernier grandirait avec un exemple. Pas du tout. L'histoire de Vérité est taboue, et Devoir grandit sans rien savoir de son père. On ne peut pas savoir si sa fugue est consécutive à ça ou à la pression du mariage arrangé ; en tout cas, il fuit et c'est Fitz (Tom Blaireau) qui finit par le retrouver. Les relations entre Tom Blaireau et Devoir sont compliquées : Fitz ne peut pas dire à Devoir que Vérité s'est servi de son corps pour avoir une relation charnelle avec Kettricken. Et, Devoir ne sait pas qui est Tom Blaireau ; il n'a aucune idée de sa place dans l'histoire familiale, il ne sait pas du tout pourquoi cet homme l'a cherché à travers les Six-Duchés.

Sur le chemin du retour vers Castelcerf, Devoir est encore sous le choc de sa fausse relation avec la marguette. Le jeune adolescent est seul, il n'a personne à qui se confier si ce n'est Sire Doré et Tom Blaireau (connus comme le Fou et Fitz). Il observe Tom Blaireau et en déduit que c'est un bâtard Loinvoyant éloigné. Il se rend compte surtout que c'est un homme plus âgé, intéressant à observer et qui peut lui servir de mentor et de guide, autrement que dans l'apprentissage du Vif et de l'Art. On peut penser qu'il y a eu des manquements dans l'éducation de Devoir lorsqu'on se rend compte à quel point il est fasciné par le simple fait que Tom Blaireau se rase (« j'avais à peine commencé que je pris conscience du regard scrutateur du prince posé sur moi »). Sans père, l'adolescent n'a jamais sans doute vu quelqu'un faire ça et personne à la cour n'a pensé à lui montrer. Très vite, Devoir crée un lien de dépendance envers Tom Blaireau. Il cherche des prétextes pour rester proche de l'homme et est bien content de trouver les cours d'Art pour justifier la présence au château et auprès de lui.

Mais, Devoir apprend que Tom Blaireau a un autre fils, Heur. Peu importe qu'il ait été adopté, Devoir est jaloux. Il pensait occuper une place particulière pour Tom Blaireau, il se rend compte qu'il n'est qu'une personne parmi d'autres. Sa réaction est explicite et les mots montrent toute la souffrance et l'envie. Devoir boude et demande à Tom Blaireau « alors quel besoin avez-vous de moi, si vous avez déjà un fils ? » Tom Blaireau n'est pas réputé pour bien saisir les émotions des gens ; pourtant là, il sent clairement ce que ressent Devoir. Il est même surpris par la force des sentiments, il est déstabilisé : « la jalousie avide que je perçus dans son ton me laissa pantois ». Savoir que quelque chose va mal ne veut pas dire qu'on va bien traiter la situation. Il faudra un conseil de Sire Doré pour que Tom Blaireau parle à Devoir. Sire Doré lui rappelle comment les relations se construisent, qu'elles tiennent parfois à peu de choses (« ne le laisse pas se fermer à toi. Tu devrais savoir, depuis le temps, combien il est facile de perdre quelqu'un simplement en ne le retenant pas »).

Devoir ne connaît pas Vérité. Il a lu deux ou trois informations sur lui dans les archives royales, mais rien de plus. Il est avide du moindre détail, du moindre fait. Puisqu'on ne lui dit rien sur son père, il en devient suspicieux. Naturellement, il se sent mis à l'écart et se demande si son père n'est pas associé à un scandale : « quand je pose des questions sur ce sujet ou l'homme qu'il était, tout le monde se tait, comme si personne ne le savait, ou bien comme si je touchais à un secret honteux que j'étais le seul à ne pas connaître ». Il faut également noter qu'il ne peut pas non plus demander à Kettricken et c'est étonnant tant la montagnarde est d'habitude forte et courageuse (« ma mère parle de son roi, parfois de son époux, et, dans ces occasions, je sens qu'elle le pleure encore ; c'est pour ça que je répugne à l'accabler de questions »). Ces quelques mots montrent à quel point Kettricken aimait Vérité, à quel point sa disparition lui a fait du mal. Devoir n'est donc pas la seule personne à regretter la non-présence de Vérité.

N'ayant donc personne, Devoir s'attache à Tom Blaireau. Un événement va tout remettre en cause. Elliania lance un défi à Devoir et l’adolescent fougueux et vexé veut l'accepter. Il doit alors dépasser un ordre d'Art, implanté bien involontairement, par Tom Blaireau. Il y parvient mais lorsqu'il prend le temps de réfléchir aux implications, Devoir se demande si son attachement n'est pas faux. C'est un moment pénible car il se sent floué et perd l'estime pour Tom Blaireau (« vous m'avez ligoté, vous m'avez obligé à me plier à votre volonté depuis le premier jour. Vous m'avez sans doute forcé à éprouver de l'affection pour vous »).

D'ailleurs, la cause de tout cela (le passage dans le courant d'Art) illustre parfaitement le fait que Devoir soit à la recherche d'un père. Cet endroit particulier se matérialise dans l'esprit des humains sous la forme d'une chose qu'ils peuvent percevoir et qu'ils désirent. Fitz y voit une femme, Devoir un père (« Elle ? Cet être n'avait rien de féminin. On aurait dit... un père, un père fort, protecteur, empreint d'affection »).

Finalement, Blaireau et Devoir se réconcilieront. Puis, une fois que Blaireau trompe la mort, Kettricken se décide à dire toute la vérité à son fils. Elle lui explique qui est son père, ce que représente Fitz. La réaction de Devoir montre qu'il est libéré d'un poids : « vous êtes assis devant moi, je sais qui vous êtes. C'est comme si mon père faisait irruption pour la première fois dans ma vie ». Le jeune homme n'avait pas besoin de grand-chose, juste qu'on lui parle de son père.

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