Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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mardi 13 septembre 2022

[Le soldat chamane] Un premier aperçu d'Epinie

Jamère Burvelle est un jeune homme guindé, bien façonné par son père (Keft). Il doit respecter les convenances et obéir à l'ordre social en intégrant l'école royale de la cavalerie. Mais, sans qu'il n'en ait conscience, Jamère a déjà été touché par la magie. Cela va entraîner sa vie sur un destin particulier, et on en a un premier aperçu lorsqu'on lit sa réaction alors que le bateau qui l'amène à la capitale longe des terres où les arbres ont été abattus. Il est chamboulé, à la limite de la perte de connaissance. Pour autant, c'est un des nombreux faits marquants de ce voyage : un autre est une évocation d'Epinie Burvelle. Le lecteur n'a pas encore rencontré la jeune femme, il n'a pas de quoi forger sa propre opinion. On se base donc sur les avis des personnages, on comprend qu'Epinie est une jeune femme à part, bien particulière, qui ne semble pas entrer dans le moule. En effet, Jamère croise deux jeunes femmes qui lui rient au nez et qui disent : « Devoir avouer qu'on a Epinie pour cousine ! Quelle horreur ».

Rien ne va arranger l'image que le lecteur, ou Jamère, peut se faire d'Epinie. Son propre père, Sefert, en dresse un portrait peu flatteur. Il a la conviction que c'est encore une gamine, une jeune femme qui n'a pas encore ce qu'il faut pour être intégrée à la bonne société et qui a des occupations, des passions bien puériles. D'après lui, elle serait incapable de prendre soin d'elle-même et il faudrait quelqu'un pour la remettre sur le bon chemin. Il exprime clairement sa pensée à Keft et Jamère en leur disant que « certes, elle est jeune, elle a hélas la mentalité d'une enfant plus jeune encore ». Pour lui, il n'y a qu'une solution : le mariage (« je crois qu'une union à bref délai avec un homme rassis lui ferait le plus grand bien »). Ce n'est pas une opinion que partage la femme de Keft. Pour elle, il faut laisser Epinie explorer ce qu'elle, il ne faut pas chercher à l'enfermer dans une sorte de cage : « elle est intuitive, Sefert (…) il faut lui laisser le temps de s'épanouir ».

La relation entre Jamère et sa cousine est intéressante tant les deux ont des caractères différents. Jamère fait tout ce qu'il faut pour ne pas faire de vagues, pour être celui qu'on attend qu'il soit. Il ne peut qu'être choqué par Epinie. Cette dernière est malicieuse et remarque vite ce qui peut mettre mal à l'aise son cousin. Alors qu'elle débarque chez lui en pleine nuit, Jamère est choqué par son apparition et dit qu'il espérait autre chose. Il n'en faut pas plus pour qu'Epinie le taquine : « elle prit soudain une expression scandalisée, la bouche arrondie. Elle se pencha et murmura (…) Tu croyais à une bonne licencieuse venue réchauffer ton lit et obtenir tes largesses à l'avance ? » Cette réflexion à caractère sexuel ne peut que faire rougir Jamère. Epinie ne fait rien pour entrer dans les bonnes grâces de Jamère d'autant plus qu'il la voit se comporter comme une enfant alors qu'elle devrait être, selon lui, une femme en développement. Sa passion pour l'occultisme et autres joyeusetés met mal à l'aise Jamère, ce jeune homme terre à terre. Il est d'autant plus perturbé lorsque la jeune personne émet de drôles de commentaires à son encontre ; elle s’exclame : « T'aurais-je mal jugé ? Comme ai-je pu te croire ordinaire ? Quelle aura ! Quelle aura magnifique, deux fois plus grande que chez n'importe qui d'autre ! » Epinie a senti que son cousin avait quelque chose de magique en lui, que des forces qui dépassaient l'entendement étaient en lui (Jamère a en effet été touché par la magie alors qu'un Kidona s'est servi de lui pour combattre un Ocellion). Tout cela pousse à ce que Jamère juge négativement sa cousine : « Epinie m'avait laissé l'impression d'une écervelée avec laquelle je n'avais nul désir de perdre mon temps ».

Jamère ne fait rien pour cacher son mépris. Lu a été élevé et éduqué dans le respect des adultes, dans le fait de respecter leurs paroles. Il faut obéir et accepter le sort qui est le sien. Ce n'est pas le cas d'Epinie qui sait jouer de tous ses atouts pour tenter d'infléchir la position des adultes. Aux yeux de Jamère, elle offre un spectacle pathétique : « jamais je n'avais entendu une jeune femme implorer ainsi avec les accents d'un petit enfant, et je crois que ses chatteries m'auraient encore plus humilié si je n'avais pas vu un rayon d'espoir illuminer fugitivement les traits du père ».

Avant de rentrer pour de bon à l'école, Jamère y fait une petite visite. Là, il y rencontre Spic, un jeune garçon qui fera partie de sa classe. Lors d'une promenade, les trois jeunes gens sont ensemble et le comportement de la femme du groupe scandalise Jamère. Il se sent obligé de jouer le chaperon protecteur, le grand frère officieux (« Epinie, une jeune fille comme toi ne devrait pas accepter l'escorte d'un homme qu'elle vient à peine de rencontrer. Ta main je te prie »).

On peut donc considérer Epinie comme une jeune femme légère. Mais, la réalité est un peu différente. Epinie a pleinement conscience de son comportement. Son attitude est motivée car elle sait ce qui l'attend. Elle n'est qu'une femme, une femme qui doit être bonne à marier pour la bonne fortune de sa famille. Elle le sait et veut profiter de sa jeunesse, de ses moments de liberté tant qu'ils existent. Elle s'en ouvre à Jamère : « si j'ai le malheur de jouer les dames étranglées dans le corset des bonnes manières, mon père va aussitôt se mettre à me considérer comme telle – sans parler de ma mère. Et ce sera le commencement de la fin de mon existence. Mais, naturellement, tu ne peux pas comprendre de quoi je parle ».

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