Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

dimanche 18 septembre 2022

Le Fou et les humains

Le Fou est un observateur particulier de la société humaine. Introduit à la cour du roi Subtil comme bouffon, il est vu comme une créature à part. Il ne ressemble pas aux autres gens, on ne sait pas si il est un homme ou une femme (les rumeurs iront bon train) et pendant longtemps on croira qu'il ne parlera pas la langue, ce qui lui permettra d'entendre bien des choses secrètes. Sa position lui permet donc d'être témoin d'événements du quotidien ou non, d'analyser les individus. On peut aussi dire que c'est la même chose dans les Aventuriers de la Mer : il incarne le personnage d'Ambre, une femme commerçante à Terrilville. Pour les Marchands et les autres, elle est une étrangère et elle ne sera jamais réellement intégrée. Mais, en tant qu'Ambre, le Fou va à droite et à gauche, il converse avec tout un tas de gens, notamment les exclus : les esclaves et Parangon. Là encore, il verra et étudiera le comportement des hommes et des femmes.

Ce qu'il a vu à Castelcerf et dans les Six-Duchés a convaincu le Fou qu'il était temps que l'homme ait un concurrent. Ils ont bien trop de temps pour s'entre-tuer ou pour se faire du mal l'un à l'autre. Un pays attaque un autre, des gens sont tués, des nobles se moquent du sort des gens dont ils ont la charge. Du haut en bas de l'échelle, c'est un spectacle navrant qui ne fait que se répéter. C'est ce qu'il dit à Fitz, c'est qu'il tente de lui expliquer. L'indifférence se diffuse et touche tout le monde : « Si ce n'était que ça ; si ce n'était qu'une bande de barbares qui s'emparent de la terre d'autrui, il ne s'agirait que de la mécanique ordinaire de l’existence (…) Regarde Royal (…) il propage la maladie à ceux qui l'entourent et qui finissent par ne plus tirer de satisfaction que de compétition où le sang coule, jusqu'au moment où les distractions n'offrent plus d'intérêt que si des existences sont en jeu. » Ce dont il sera témoin à Terrilville ne va rien arranger : l'esclavage, un père qui tatoue son propre fils, des familles déchirées, des combats, des viols... Le retour de Tintaglia est pour lui une confirmation : la dragonne est indifférente aux affaires des humains et marque son territoire. Elle rappelle aux humains que la terre ne leur appartient pas et que des forces plus puissantes existent. Une bonne partie du temps et de l'attention des humains est alors détournée à plaire ou résister au dragon. A la fin du second cycle de l'assassin royal, avec le retour de Glasfeu, il a atteint son but (« je rêvais d'un univers où les humains ne pourraient plus dominer la nature ni leur imposer leur ordre (…) ce sera un monde où les hommes et les dragons auront tant à faire les uns avec les autres qu'ils n'auront plus le temps de soumettre la nature à leur loi »). Le Fou n'a pas tort : les deux espèces veulent dominer, les deux espèces sont égoïstes et comme par le passé les deux espèces sont vouées à la confrontation.

Tous ne partagent pas le point de vue du Fou. C'est le cas d'Umbre. Cet homme a passé sa vie à se battre pour son pays, pour maintenir les frontières. Il ne peut pas rester les bras croisés à attendre que le Fou saborde tout cela. Umbre raisonne en terme de conquête, d'influence, de limites territoriales, de souveraineté. Il est hors de question que les Six-Duchés s'effondrent et il est prêt à tout pour que cela n'arrive pas. Le Fou hausse la voix et se moque de ses prétentions, il le trouve bien ambitieux, presque vaniteux : « Vous avez oublié ce que c'est de partager le territoire avec des créatures aussi orgueilleuses que la vôtre (…) vous dressez des cartes et vous y tracez des lignes en affirmant posséder la terre parce que vous avez dessiné des frontières. » Puisqu'il a croisé Tintaglia, il sait que la dragonne a des revendications qui vont contredire celles des humains, elle qui se nomme le Seigneur du ciel, de la terre et de la mer. Quand il dit « vous ne possédez pas la terre à laquelle vos corps finissent par retourner et elle garde pas de le souvenir des noms que vous leur donnez », il fait presque écho aux propos des dragons qui disent que la vie des humains n'a pas d'importance car ils ne vivent pas assez longtemps.

Pour autant, le Fou ne nie pas la valeur des hommes. Ils ont de l'importance. Dans sa religion, il se voit comme un prophète à la recherche d'un catalyseur, un homme ou une femme qui va modifier le cours des choses. Porté par ses convictions, il est venu à Castelcerf pour trouver cette personne. Il aura beaucoup de mal à convaincre Fitz de son point de vue. Pourtant, il lui répète souvent que les individus peuvent avoir un grand destin et cela peu importe leur rang social : « Plus que tout, c'est ça que je n 'ai jamais compris chez vous ; vous jouez aux dés et vous comprenez que le sort du jeu puisse dépendre d'un seul jet (…) Mais un homme, ça, vous le reniflez d'un air dégoûté et vous laissez tomber : quoi, ce néant d'humain ? Ce pêcheur, ce charpentier (…) allons, mais qu'est ce que ces gens là pourraient bien accomplir dans le vaste monde ? »

Ceci dit, on peut penser que le Fou a une assez mauvaise opinion de l'humanité dans sa globalité. Si il a créé des liens d'amitié avec quelques uns, il a bien conscience que tout est loin d'être rose. Il se sert de la relation entre Fitz et Oeil-de-Nuit pour illustrer son propos : Fitz a adoré découvrir le monde du loup alors que le loup a souvent été à contrecœur vers le monde de Fitz (« je ne pense pas qu'il n’ait jamais cherché l'homme en lui avec autant d’ardeur que tu t'efforçais de devenir loup »). Non seulement les sens de l'homme sont moins développés que celui du loup mais en plus Oeil-de-Nuit a souvent été maltraité par les hommes : il a été mis en cage, battu, il a su son maître être tué, on l'a chassé et voulu le tuer, etc.

Le Fou a donc œuvré pour bouleverser le mondes des hommes. Il a favorisé le retour des dragons. Il espère que cela permettra aux hommes d'être moins focalisé sur eux, sur leurs petites bêtises dans le grand ordre des choses.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire