Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

lundi 22 août 2022

[Le Soldat chamane] Retour à la maison et obésité

La saga du Soldat Chamane traite un bon nombre de thèmes, l’un d’entre eux est l’obésité. Jamère Burvelle, le personnage principal de l’histoire, est élève à l’Ecole de la cavalerie. C’est un bon étudiant qui va voir sa vie basculer lorsque la peste frappera les rangs. Entre morts et gens marqués physiquement, tout va changer. Alors que certains n’auront plus que la peau sur les os, Jamère va prendre du poids, beaucoup de poids, à un point que ça remettra en cause son éducation.

A l’occasion du mariage de son frère, Jamère a l’opportunité de rentrer chez lui. Lors de son trajet, il rencontrera un bon nombre de personnages qui jetteront un regard cru sur son état physique. Jamère a plus ou moins conscience, plus ou moins accepté que son corps a changé, et si ce n’était pas le cas, les remarques blessantes, les moqueries gratuites le lui montreraient : « comme je me baissais, un des boutons de ma veste, mal cousu, sauta et roula sur le pont. La demoiselle et son amie éclatèrent de rire, l’une désignant d’un doigt indélicat mon bouton qui poursuivit sa course tandis que l’autre enfonçant quasiment son mouchoir dans sa bouche pour dissimuler son hilarité ». Là, on se rend compte que Jamère blâme la mauvaise qualité de son uniforme plutôt que son poids, on voit aussi qu’il est touché par le comportement des jeunes femmes qu’il voulait simplement aider en se montrant poli et courtois. Surtout, Jamère n’a pas de chance. Etre gros ne serait pas si problématique si il n’était pas à l’Ecole. Sa tenue trahit son appartenance, attire les regards et ensuite les rires (« une vois féminine dit : « je n’ai jamais vu un élève de l’Ecole aussi enveloppé ! », à quoi un homme répondit : « Chut ! Ne voyez-vous pas qu’il attend un heureux événement ? On ne se moque pas d’une future mère »).

En s’enfonçant dans les terres, Jamère rencontre des gens du commun, des marchands, des aubergistes, des prostituées. Il retire son uniforme pour une tenue plus confortable, moins voyante. Lorsqu’il fait étape pour se restaurer, il tombe sur une femme avenante, une cuisinière elle aussi bien en chair et avec qui il passera la nuit d’ailleurs. C’est la première qui ne jette pas un regard négatif sur son apparence, sur son poids, au contraire. Elle est charmée par ce qu’elle voit : « ça fait plaisir de cuisiner pour un homme qui aime visiblement la bonne chère ; ça prouve qu’il a de l’appétit pour les plaisirs de la vie » . Enhardi par cette expérience positive, Jamère va vite redescendre sur terre après avoir loué les services d’une prostituée. Cette dernière est blessante, rechignant à se mettre à l’oeuvre (« n’espère pas que je me mette en dessous ; lourd comme tu es, tu me briserais les côtes ! »)

Jamère finit par rentré chez lui. Il pouvait s’attendre à voir sa famille soulagée de le voir après le terrible épisode de la peste ou par le simple fait de le revoir, ce n’est pas le cas. Sa sœur Yaril ne mâche pas ses mots avec lui : « Mais tu es énorme ! (…) Qu’as tu donc mangé dans ton école ? Tu as la figure aussi large que la pleine lune ! » Mais, ce n’est rien comparé à l’attitude de son père. L’homme est dégoûté par ce que son fils est devenu et tout en lui le montre. Les propos hostiles, l’attitude froide, il le fait travailler pour perdre du poids avant le mariage de Posse. Il accable Jamère de reproches, lui disant que tout ce qui lui arrive est entièrement de sa faute : « le mariage de ton frère a lieu dans moins de quatre jours. Comment penses-tu réparer en si peu de temps ce qu’ont accompli en six mois ton indolence et ta gloutonnerie ? As-tu pensé à quelqu’un d’autre qu’à toi-même en laissant ton ventre prendre les proportions d’une barrique ? » La mère de Jamère se contente d’essayer de trouver des solutions pour lui faire une tenue présentable pour le mariage. Le Sergent Duril avec qui il s’entendait bien avant son départ est surpris par ce qu’il voit (« je n’ai jamais vu un jeune homme prendre du poids de cette façon ! Un peu de bide à cause d’un excès de bière, ça, oui, j’ai vu ça chez pas mal de soldats ; mais toi tu es gras de partout ! De la figure, des bras, même des mollets ! »)

Tout cela pousse Jamère à se sentir comme un étranger dans sa propre maison. Il se met à part et se laisse convaincre par les paroles méchantes de sa famille. C’est de sa faute, il faut qu’il perde du poids. On lit ainsi que « j’avais eu l’intention de descendre rejoindre ma famille à la table du dîner pour participer à la conversation ; je n’en avais plus le moindre envie. Ma transformation me faisait horreur et j’adhérais de tout mon coeur au régime que m’imposait mon père ».

Jamère tente de se rapprocher de sa sœur, il lui dit qu’il pense que c’est la conséquence de la maladie qu’il a eu. Yaril ne le croit pas. Non seulement elle pense qu’il la prend pour une idiote mais en plus elle continue de creuser le fossé entre eux deux (« j’ai vu des hommes qui avaient contracté la poste ocelionne et, à tous, il ne leur restait que la peau sur les os ! Voilà l’effet de la peste, elle ne rend pas gras comme un porc »). Si Yaril est si véhémente, c’est qu’elle s’est imaginée des choses : elle était persuadée que sa meilleure amie (Carsina) et Jamère se marieraient. Et bien entendu, tout est tombé à l’eau car Carsina ne supporte pas ce que Jamère est. Le jour du mariage est donc bien sombre pour Jamère et la dernière humiliation a lieu lorsqu’un serveur fait preuve de zèle. Il interprète à sa façon la commande de Jamère et lui apporte de la nourriture en abondance (« le serviteur arriva en effet, mais avec un plat dans chaque main – non deux assiettes, mais deux plats garnis à en déborder »). Cela se passe devant un public, des membres de sa propre famille, des invités et tous sont sidérés quand, après quelques hésitations, Jamère se jette dessus. On voit là d’ailleurs un des aspects problématiques : il ne contrôle pas ce qui lui arrive.

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