Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

Article épinglé

Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

dimanche 28 novembre 2021

Le viol dans le Royaume des Anciens

Le viol d'Althéa Vestrit : https://duchessix.blogspot.com/2020/06/le-viol-dalthea-vestrit.html

Société dirigée par un Roi et des nobles, les Six-Duchés sont un pays relativement sûr. Les criminels peuvent être envoyés en prison, subir la justice du Roi ou dans les cas nécessitant la discrétion être punis par l’assassin du Roi (Umbre au début, Fitz ensuite). Mais, tout change dans le Royaume quand les Pirates rouges font irruption : c’est la guerre. La guerre avec son lot de crimes impunis. Des gens sont tués, blessés, violés, des maisons sont détruites ou incendiées, des villages rasés.

Opposés aux Pirates Rouges, les habitants des Six-Duchés subissent leurs attaques. Les Pirates sont insaisissables : ils attaquent dans des endroits non protégés et à des moments non attendus et ils ne semblent pas vouloir annexer le pays. Dans un premier temps, ils tuent et violent : « Les Pirates ne pillaient presque pas ; certes ils pouvaient s’emparer d’une poignée de pièces d’argent si elles leur tombaient sous la main ou d’un collier pris sur une femme qu’ils venaient de violer puis de tuer ». Composés essentiellement d’hommes, les équipages des Pirates Rouges font la détresse des femmes qu’ils abusent. Astérie nous offre un témoignage poignant, elle nous montre aussi à quel point ça l’a changée. Après son viol, elle a voulu mourir et quand elle a compris qu’elle allait survivre, elle a compris qu’elle avait perdu un morceau d’elle-même, se demandant même si il n’aurait pas fallu être forgisée. Ce qui marque réellement Astérie est l’attitude des Pirates qui ne semblent pas plus que ça prendre de satisfaction à la violer : ils l’ont violée car ils en ont eu l’opportunité. Ainsi, elle dit qu’« alors que les Pirates me violaient, ils ne paraissent en tirer aucun plaisir – du moins pas le genre de plaisir que… Ils se moquaient de ma souffrance et de mes efforts pour leur échapper : ceux qui regardaient riaient en attendant leur tour ». On comprend aussi qu’Astérie a été violée par plusieurs Pirates, que son corps a été exposé à la vue de tous. Elle s’est donc sentie salie et humiliée, réduite à pas grand-chose. Ayant des relations sexuelles contre leur volonté, les femmes des Six-Duchés craignent une sorte de double peine : tomber enceinte. Dans un pays en guerre, où on lutte chaque jour pour sa survie, très peu ont eu le temps de prendre des potions leur évitant la grossesse. Et, malheureusement, ça reste une question assez taboue : « on évoquait rarement les viols commis lors des attaques des Pirates Rouges, les grossesses qui s’ensuivaient parfois, enfin les bâtards que des femmes des Six-Duchés mettaient au monde ». Quand on en parle, c’est sous le coup de l’insulte, pour rabaisser la personne. Par exemple, dans le Prophète Blanc, Heur veut apprendre à Fitz ce qu’il a appris sur Astérie, la ménestrelle ne mâche pas ses mots : « quand je lui ai dit que je devais tout te révéler sur elle, Astérie a répondu que j’avais un cœur de forgisé comme mon violeur de père ».

Il n’y a pas que les Pirates Rouges qui violent. C’est aussi le cas des forgisés, ces victimes de la guerre privés de leurs émotions et renvoyés dans leurs foyers. Ils se comportent comme des poids morts, semant la terreur et la peur auprès de leurs proches (« qu’est ce qui était le plus affreux : recueillir son propre frère en sachant désormais que le vol, le meurtre et le viol étaient parfaitement acceptables pour lui du moment qu’il obtenait ce qu’il voulait »). Les forgisés propagent la peur, ils errent sur les routes et attaquent les voyageurs. Fitz l’a vu de ses propres lorsqu’il a accompagné Miel, Josh et Fifre (Le Poison de la vengeance) ; le groupe a été attaqué et les femmes ont craint pour leurs vies : « vous avez fui, vous les avez laissés casser le bras de Fifre, assommer mon père et essayer de me violer ! »

La guerre change le comportement des gens, elle permet à des gens d’assouvir des désirs néfastes et destructeurs, elle leur permet de faire du mal. Les soldats ne deviennent pas seulement des mercenaires en défendant ceux qui paient, ils deviennent des violeurs. A Oeil-de-Lune (La voie magique), on apprend que des « soldats des Six-Duchés avaient violé leurs captives, se comportant comme des brigands sans foi ni loi et non comme des gardes royaux ». Sans doute ne font ils qu’imiter que le comportement du Roi Royal qui estime qu’il peut prendre ce qu’il veut quand il veut.

La pauvre Astérie a également été à nouveau violée à Oeil-de-Lune. Sa réaction, lorsqu’elle parle à Fitz, montre bien que les femmes doivent vivre avec un poids, un sentiment de culpabilité. Elles sont des victimes certes, mais personne ne leur offre de la compassion en ces temps de guerre. Astérie a même de la crainte à se confier à Fitz, un homme qu’elle connaît pourtant bien et avec qui elle a traversé un bon nombre d’épreuves. Elle lui souffle que « j’ai cru que vous n’y attachiez pas d’importance. J’ai entendu des gens en Bauge affirmer que le viol ne gêne que les vierges et les femmes mariées ; je pensais que, de votre point de vue, une traînée comme moi n’avait eu que ce qu’elle méritait ». Heureusement, tous ne semblent pas avoir cette passivité face au viol. Fitz offre son amitié, son écoute et son réconfort à Astérie. Mijote, la cuisinière du château de Castelcerf, montre que parfois seule la vengeance offre une forme de réponse : « quand la fille de Sal Limande s’est fait violer, elle a découpé cette charogne avec son couteau à poisson, tchac, tchac, tchac, en plein milieu du marché ».

Enfin, Dame Brésinga nous montre à quel point l’abus sexuel et le viol peuvent détruire une femme. A force de subir les assauts d’hommes mal intentionnés, la femme a décidé de se suicider (« les Pie sont vite devenus gourmands : ils se sont d’abord approprié sa demeure, puis sa cave à vin, puis sa fortune (…) pour finir, certains ont profité de la maîtresse des lieux elle-même, et elle ne l’a pas supporté »). La peine, la douleur et la honte étaient devenues trop fortes pour cette femme. C’est sans doute ce qui aurait pu arriver à Althéa si Parangon n’avait pas pris toutes ces émotions après son viol par Kennit : « elle n’était pas obligée de s’accrocher à sa souffrance. Elle pouvait la lâcher. Le souvenir était toujours là. Il n’avait pas disparu mais il avait changé. C’était un souvenir, une chose du passé. Cette plaie se refermerait et cicatriserait ». Kennit violeur, Kennit violé par Igrot : il est la preuve que la victime peut se transformer en bourreau et que le viol peut aussi toucher les hommes. De nombreux témoignages montrent ce qu’il a vécu du temps d’Igrot. Grâce (ou à cause) de Parangon, Fitz aura un aperçu de l'effroi du viol (« j’entendis un autre homme s’esclaffer pendant que mon agresseur se pressait contre mon dos. Son avant-bras en travers de ma trachée me privait d’air et des étincelles s’agitaient devant mon regard qui s’éteignait ; c’est alors que je sentis avec horreur ce qu’il me réservait » et « je haletai, encore habité par la peur et l’indignation qu’un garçon avait ressenties. Je me redressai en titubant, furieux, choqué et plein d’une peur noire que je ne pouvais pas vaincre. Plus jamais ça ! »)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire