Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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mercredi 9 juin 2021

Prophètes et Blancs

Catalyseur, voici un terme qu’on rencontre assez rapidement dans l’assassin royal. Fitz dit à Umbre que le Fou l’appelle comme ça. Si il y a un catalyseur, c’est qu’il y a un prophète. Ainsi, à travers les romans, on se rendra compte que le Fou est le Prophète blanc et Fitz son catalyseur. Ils mettront en marche des événements considérables qui mèneront au retour des Dragons. Notons que le Fou ne limitera pas son influence à Fitz, il ira à Terrilville et dans les eaux environnantes pour mettre le temps sur la route qu’il juge adaptée. Mais ni Hiémain ni Althéa ne seront ses catalyseurs : un Prophète ne peut en avoir qu’un. 

Mais, il faut préciser que cela ne reste que ces croyances. Nombreux seront ceux à rejeter l’idée même de prophète ou à préférer le système religieux déjà en place dans leur pays. Les prophètes semblent aussi mystérieux que le peuple dont ils sont issus : les Blancs.

Dans le roman « La voie magique » apparaît le personnage de Caudron. Si la vieille femme ne fait rien pour créer des liens avec ses compagnons de voyage (à la recherche de Vérité), elle apparaît comme un personnage cultivé. On se rend vite compte qu’elle en sait beaucoup sur l’Art et les Prophètes Blancs. Lors de ses premiers moments avec Fitz, quand elle l’aide à atteindre les Montagnes, les deux discutent. Caudron se présente comme un pèlerin et Fitz est assez curieux ou attentif pour la faire parler. 

Des mois avant, le Fou avait clairement exposé ses intentions à Fitz sans que ce dernier n’entende (« je suis parti chercher ma place dans l’histoire et décider où la contrarier »). Caudron apporte des précisions à un Fitz plus réceptif mais toujours sceptique. Elle lui dit qu’« ils apparaissant aux moments critiques de l’Histoire et ils la façonnent (…) Loin dans le Sud, il est pays où l’on est convaincu qu’à chaque génération naît un Prophète blanc quelque part dans le monde ».

A ce stade du récit, pour le lecteur, le Sud c’est Terrilville. On pourrait donc naïvement croire que c’est à ce Sud que Caudron fait référence. Ce n’est pas du tout le cas à la lecture des Aventuriers de la Mer et de la suite de l’Assassin royal. Car, la religion dominante dans ces mers est celle de Sâ. Et ses partisans rejettent farouchement le concept de Prophète. On a le témoignage catégorique de Delnar, un prêtre reconnu et respecté, qui affirme que « sans contestation possible que ces fanatiques soumis à leurs illusions souffrent en réalité d’un mal rire qui détruit la pigmentation de leur peau et provoque des hallucinations sous l’aspect de rêves prophétiques envoyés par les dieux ». Cette citation est intéressante car elle illustre deux phénomènes dont nous avons été témoins avec le Fou : il a fait des prédictions qui se sont révélées vraies (« Fitz, débouche la bouche du bichon, du beurre et ça biche ») et sa peau a changé régulièrement de couleur (sur la route d’art, à son retour dans les Six-Duchés, à Aslevjal). Le principal témoin de tout ça ne fut que Fitz ; si d’autres en ont été témoins, ce fut de façon épisodique et anecdotique. Il n’est donc pas étonnant de lire que « la religion des prophètes blancs n’a jamais connu une grande diffusion dans les contrées du nord, mais elle a fourni pendant quelques temps un passe-temps fort amusant à la noblesse de la cour jamaillienne. »

A la fin de la Reine Solitaire et en lisant les romans autour de Sire Doré et Tom Blaireau, on comprend qu’un nouvel acteur important est là : il s’agit de la Femme Pâle (ou Ilistore comme nous l’apprendrons plus tard). Cette dernière est convaincue d’être la Prophétesse blanche de son époque et elle confronte donc régulièrement les plans du Fou. Les deux se sont connus, se sont fréquentés sur les bancs de leur école (à Clerres). Il y a un problème : il ne peut exister qu’un prophète pour une époque. C’est donc pour ça que le Fou a fui et qu’il s’est retrouvé bouffon du Roi Subtil. 

Les motivations du Fou sont claires : il fait tout pour garder Fitz en vie, il est son catalyseur. Il ne fait pas tout ça uniquement par amour mais par intérêt, il le maintient en vie contre vents et marées, au prix de grandes souffrances car seul un Fitz vivant lui permet d’atteindre son objectif. Le Fou avait rêvé de son catalyseur, d’un cerf noir émergeant de la pierre. C’est une des façons de deviner son catalyseur. C’est un passage assez flou dans le récit ; mais de toute façon seul le prophète est à même de savoir qui le catalyseur est (le philosophe Traitebutte : « pour chaque prophète blanc, il existe un catalyseur, et seul le prophète blanc d’une période donnée est capable de deviner qui il est ; il s’agit d’un personnage dont la naissance le met dans une position unique pour modifier, si légèrement que ce soit, les événements prédéterminés et engager le temps sur des voies nouvelles aux probabilités toujours plus étendues »). Cette définition correspond bien à Fitz : il est un bâtard dont la naissance a provoqué l’abdication d’un prince, sa venue au monde a donc été un petit caillou qui a tout modifié.

Fitz a été le catalyseur du Fou, la Femme Pâle a choisi Kebal Paincru. Ce dernier a répandu la violence sur les Six-Duchés sans comprenne dans un premier temps ses motivations. Les gens étaient forgisés, les villes pillées sans qu’il n’y ait de réelles revendications. Ce n’était que la destruction gratuite. On comprendra plus tard que Paincru n’était qu’un outil dans les mains de la Femme Pâle, et plus encore des Quatre. Tout cela n’avait qu’un but : empêcher le retour des Dragons et donc stopper le Fou (ou Bien-Aimé). Sans doute les gens de Clerres regrettent-ils de ne pas avoir garder le Fou captif au tout début, après sa première rencontre avec la Femme Pâle (elle «  a exigé de me voir. Elle m’a haï dès la première seconde à cause de ma certitude d’être tout ce qu’elle n’était pas »).

Les romans du « fou et de l’assassin » nous en apprennent beaucoup sur les prophètes blancs et Clerres. On comprend que les Quatre ont détourné les prophéties et les prophètes et s’en servent pour accumuler richesses et influences. Il est difficile de savoir quand tout cela a commencé mais on sait qu’ils ont commencé à en vouloir aux Dragons et aux Anciens, et qu’ils n’ont rien fait pour les prévenir de catastrophes qui arrivaient. On sait aussi que tous les prophètes blancs ne vont pas à Clerres, soit parce que l’école n’a pas toujours existé soit parce que certains naissent hors de leur portée (« à l’époque tous les prophètes blancs naissaient dans la nature : les gens se rendaient compte que leur enfant était étrange, et ils l’amenaient à Clerres, ou bien ils grandissaient chez lui en sachant qu’il devait entreprendre un jour ce voyage »). 

Clerres (le pays des Serviteurs) a une organisation stricte : tout en haut se trouvent les Quatre (Capra, Symphe, Coultrie et Fellodi) et tous ceux qui sont en dessous doivent obéir (les collecteurs s’occupent de la bibliothèque, les lingstras comme Dwalia sont envoyés en mission, les servants, les manipulateurs  étudient les rêves).

S’ils ont peur de ce que peut faire le Fou, ils gardent aussi un œil sur Prilkop, un autre prophète blanc devenu noir. Ce dernier semble évoluer hors du temps puisqu’il a vu Glasfeu arriver à Aslevjal ! Selon Dwalia, il est un « Blanc naturel et non élevé à Clerres, il est resté trop peu de temps dans notre école pour que nous puissions nous assurer de sa loyauté ». D’après le Fou, Prilkop était « un vrai Blanc, d’une lignée plus ancienne et plus pure qu’il n’en existait à ma naissance ».

Les Quatre ont donc des visées égoïstes et cela va jusqu’à se faire reproduire des gens ayant du sang des Blancs (un ancien peuple disparu), pour que leurs rejetons aient des dons prophétiques, et au final les servent (« les Serviteurs croisent des enfants les uns avec les autres, entre cousins, entre frères set sœurs, (…) ceux qui ne présentent aucun signe de la lignée des Blancs sont détruits »). C’est aussi pour cela qu’ils ont pour projet de garder Abeille captive.

Sait-on comment naît un prophète blanc ? Difficile d’être affirmatif. Mais, le Fou a eu deux pères et une père tout comme Abeille a eu deux pères et une mère (Molly, Fitz et le Fou à cause de leur lien spécial). Toujours est-il que les Prophètes blancs ont nécessairement du sang de Blanc, à des degrés différents de pureté. Même si elle est une usurpatrice, la Femme Pâle dit la vérité quand elle dit que les prophètes descendent des « véritables Blancs (…) être merveilleux, disparus depuis longtemps de ce monde et de tous les autres, le teint laiteux et d’une sagesse incomparable, car ils possédaient le don de prescience ». C’est le Fou qui nous apporte une précision importante ; les Blancs ont vu leur monde disparaître et ils ont décidé de prendre des mesures : une Blanche « s’est mise à parcourir la terre et, chaque fois qu’elle rencontrait un preux digne d’elle, elle portait un enfant de lui ». On ne sait pas exactement comment les Blancs ont disparu et on peut penser que les Serviteurs actuels ont gagné l’île de Clerres (la terre des Blancs), ont trouvé des restes de prophéties, puis compris qu’il y avait là la possibilité de gagner en pouvoir, et ont donc mis en place leur plan d’élever des prophètes.

Abeille a un statut particulier : elle semble remplir plusieurs cases à la fois, à savoir Prophète, Destructeur (une prophétie a annoncé la fin de Clerres) et même catalyseur. A part Abeille, le Fou, Prilkop (et la Femme Pâle), d’autres prophètes sont mentionnés comme Cabal, Calum, Hoquin, Terubat, Damir ou Gerda.


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