Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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samedi 19 juin 2021

La relation entre Astérie et le Fou dans les Montagnes

Elles sont quelques unes à avoir aimé ou à vouloir séduit Fitz : Molly, Tassin, Célérité. Mais, le cœur de Fitz est déjà pris par sa belle chandelière, et même lorsqu’elle le quitte, il reste amoureux d’elle. Alors qu’il tente de rejoindre Vérité dans les Montagnes, Fitz fait la connaissance d’Astérie, une ménestrelle. La jeune femme perce réellement très vite sa réelle identité à jour, et elle développe des sentiments affectifs et physiques pour lui. Mais Fitz étant Fitz, il la rejette, arguant de sa fidélité envers Molly. Astérie persiste et rien ne s’arrange quand le Fou réapparaît. Entre suspicion et volonté d’accaparer Fitz, la relation entre Astérie et le Fou se révèle pleine de rebondissements.

La première rencontre entre Astérie et le Fou n’est pas décrite. Fitz est à Jhaampe, gravement blessé. Sa détresse, son délire, ses pas l’ont mené au Fou. Ce dernier lui fournit les premiers soins et le tient à l’écart des regards, des questions. Ce qu’il ne sait pas est que Fitz a croisé deux femmes tenaces lors de son périple : Caudron et Astérie. Si on en croit les paroles de Caudron, il se fait un avis tranché sur la ménestrelle. La vieille femme prétend que le Fou « refuse laisser Astérie vous voir ; il dit que vous êtes trop faible pour recevoir une visiteuse aussi pleine d’entrain ». Le lecteur sait qu’Astérie aime parler et que ce qu’elle dit offre peu de répit à Fitz, or ce dernier a désespérément besoin de repos.

Si le Fou se fait un premier avis négatif d’Astérie, la réciproque est vraie. C’est intéressant car cela nous montre qu’Astérie n’a jamais eu l’occasion d’aller au château de Castelcerf, sinon elle aurait su que l’ancien bouffon du Roi Subtil est facétieux et taquin. On se souvient des tours qu’il a joués à Fitz ou à des servantes, on se souvient de sa langue agile lors de soirées au château. Ce qu’Astérie découvre, le lecteur le sait depuis un moment. Mais là où cela suscite de la curiosité, cela crée un autre sentiment chez elle ; ainsi, on peut lire que « il me fait peur (…) ce n’est pas la couleur de sa peau, ce sont ses manières ; il n’a jamais un mot gentil ni même simple pour quiconque, même pas pour les enfants qui viennent acheter ses jouets ». Ce sont deux personnalités qui s’affrontent, deux personnes qui ont pourtant un point commun : leur capacité à garder le public en haleine lorsqu’ils racontent des histoires. Mais là où Astérie se fait directe, le Fou est plus amateur de devinettes et de sous-entendus.

Quelques jours plus tard, un groupe composé de Fitz, Kettricken, Oeil-de-Nuit, Caudron, le Fou et Astérie se lancent à la recherche de Vérité. La route est dure et pénible, les conditions météorologiques compliquées. Ils doivent chasser ce qu’ils mangent. Et forcément, dans un petit groupe, des liens se créent, tout le monde observe tout le monde. Dans un premier temps, peut croire qu’il y a un rapprochement entre le Fou et Astérie, que cette dernière a su canaliser une jalousie qui commence à poindre. L’instrument de la ménestrelle est une harpe et elle passe entre les doigts doués du Fou (« même avec les couteaux que nous possédons, je pense pouvoir donner une forme plus gracieuse à ce cadre »).

Mais, Astérie est une ménestrelle, elle est curieuse et elle a l’habitude de gagner sa vie en observant les gens, en détaillant leurs mœurs et leurs pratiques. La relation entre le Fou et Fitz l’intrigue tant que le bâtard royal s’interroge (« elle me pressa de questions, non à propos de Molly, mais du fou, au point que j’en vins à me demander si elle ne s’était pas bel et bien éprise de lui »). La réalité est ailleurs : si elle se renseigne, c’est parce qu’elle mène une enquête. Elle pense avoir réussi à percer un secret du Fou : « le fou est une femme, et elle est amoureuse de vous ». Cette affirmation saisit Fitz, il ne sait comment réagit à cette information.

Fitz étant Fitz, il fait des choix discutables. Au lieu de donner à Astérie un os à ronger, il persiste à rester très proche du fou et à dédaigner les avances de la jeune femme, celle-ci est frustrée, énervée et exprime sans doute son désarroi à Kettricken (ou celle-ci s’en aperçoit). Dans tous les cas, la reine montagnarde n’a pas d’autre choix que parler à Fitz pour tenter d’aplanir les difficultés : « nous formons un petit groupe et nous dépendons chacun les uns des autres (…) elle est persuadée que le fou est une femme et que vous avez eu un rendez-vous galant avec lui ce soir. Elle est chagrinée que vous la dédaigniez si complètement ».

Vient alors un moment où le Fou se moque d’Astérie et qui laisse assez mal à l’aise. Si la situation est assez comique en elle-même (la chanson du Fou sur son anatomie, le fait qu’il finisse par montrer ses fesses), elle l’est beaucoup moins si on la considère d’un point de vue d’Astérie. Elle est humiliée puisque Fitz confesse publiquement son amour au Fou, elle l’est également car l’humour se fait à ses dépends. Le Fou ne fait preuve d’aucune pitié, il justifie même ses actes à Fitz en disant que « car alors elle voudrait savoir pourquoi, si je suis un homme, je ne la désire pas, et elle trancherait une anomalie chez moi, soit quelque chose qu’elle percevrait comme une imperfection chez elle ». Du point de vue du Fou, son sexe, ses préférences amoureuses ne regardent que lui, il n’a pas d’explication à donner. Comme l’avait dit Oeil-de-Nuit auparavant, il donne son cœur à qui il veut.

Tout n’est pas noir entre les deux. Ils ont quand même un objectif important (retrouver Vérité), ils savent s’entraider (Astérie aide le fou à franchir un éboulement). Astérie a des dons d’observation, elle remarque quand le Fou va mal, elle s’en inquiète même après un violent accès de fièvre : « depuis le temps que nous voyageons ensemble, j’ai pu observer comment vous vous comportiez l’un avec l’autre ; vous êtes plus proches que des frères. J’aurais pensé vous voir rester à son chevet, rongé d’inquiétude comme quand il était malade ; or, vous agissez comme si c’était normal ». On sent également de la résignation en elle, elle n’aura jamais avec Fitz ce qu’il y a entre Fitz et le Fou.

Fitz finit par apprendre que Burrich aime Molly et que Molly aime Burrich. Cela déchire le cœur de Fitz d’autant plus qu’il est témoin de la nuit passionnante d’amour entre Kettricken et Vérité. Le Fou comprend qu’il ne peut pas l’aider, qu’il ne peut pas lui donner ce dont le bâtard a besoin. Il lui envoie alors Astérie : « pour tous vous dire, c’est le fou qui m’a suggéré d’aller vous voir ». Astérie et le Fou aiment Fitz, c’est ça qui les rapproche.

La carrière accueille les derniers moments de la vie du groupe. Là, ils sont pris entre la répétition des actes de Vérité (sculpter un dragon) et l’attente des troupes de Royal. Petit à petit, le désespoir les submerge, ils ont conscience qu’ils sont à deux doigts de tout perdre. Il n’y a plus de place aux inimitiés ou à la jalousie. Il y a juste des amis qui vivent leurs derniers temps ensemble : « si c’est le dernier jour où elle joue, il ne peut lui faire de plus beau présent que de l’écouter bien et de se laisser bercer par son talent ».

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