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Je roulai sur le ventre ; incapable de me mettre debout, je parvins à ramper – lentement, sans même me soulever complètement, je me traînais sur les pierres. L’esprit ancré sur une seule idée, je me mis en route vers le mur bas ; j’avais l’intention de me hisser sur un banc et, de là, sur le sommet du mur. Ensuite, la chute. Et rideau.
A
ce moment du récit, Fitz a entamé sa formation d'artiseur auprès
de Galen, le Maître d'art. Mais Galen le déteste, ne fait que
l'insulter et le frapper. Il lui reproche sa condition de bâtard, la
souillure de son sang et de son rang. Lors d'un exercice, le
comportement de Fitz lui déplaît et il le roue de coups, le
laissant pour mort. Le bâtard royal récolte en plus mépris et
crachats des autres élèves du cours. Fatigué, épuisé, il décide
de se suicider, de faire le grand saut. Il faut préciser que le
suicide est mal vu dans ce pays, une marque de lâcheté. Si Fitz ne
saute pas, c'est uniquement parce que Martel, son chien de Vif,
résonne dans son esprit.
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Rendors-toi, répondit-il. Galen est mort et j’ai serré la bride à Royal. Tu n’as rien à craindre. Rendors-toi et cesse de rêver si fort.
Quelques
temps, Fitz est parvenu à déjouer un complot. Il a réussi à
avertir Vérité avant que Royal ne s'empare de Kettricken (la future
femme de Vérité), des Montagnes et monte d'un cran dans l'ordre de
succession en éliminant Vérité. Mais, le prix à payer a été
élevé. Non seulement Fouinot est mort mais en plus Fitz a de graves
séquelles physiques : il perd le contrôle de son corps, sombre
dans un pessimisme qui énerve ceux qui l'entourent.
On
a là une première illustration de ce qui est demandé à Fitz en
tant qu'homme lige du roi. Il doit tout donner de lui, même sa vie,
si la situation l'exige.
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« Naturellement, lorsqu’on boit et qu’on chante, on ne voit pas le sang, on ne sent pas l’odeur de la chair brûlée, on n’entend pas les cris. Mais cela se comprend : avez-vous déjà essayé de trouver une rime à « enfant écartelé » ? Un jour, quelqu’un a proposé « au crâne martelé », mais le vers ne passait toujours pas très bien. »
Le
Fou et Subtil (Fitz est présent à travers l'Art et prend parfois
possession du vieux Roi) sont témoins de l'attaque de Vasebaie. Fitz
est inquiet car il a vu Molly là-bas et demande au Fou de se servir
de ses talents (prophétiques) afin de savoir si celle qu'il aime est
vivante. Le Fou hésite, renâcle et finit par obtempérer. Il ne
décrit alors qu'horreur et carnage, les Pirates Rouges sont passés
par là et la ville est attaquée, brûlée.
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Elle était toute petite, avec des cheveux châtains et lisses et des yeux sombres. Son corps était encore tiède et souple et c’était horrible. Je la pris contre moi et repoussai les cheveux de son visage, un petit visage, une petite bouche avec des dents de bébé, des joues rebondies. La mort n’avait pas encore obscurci son regard et les yeux braqués sur les miens semblaient contempler une énigme au-delà de toute compréhension.
Puisque
les forgisés errent sur les routes, Vérité et Subtil demandent à
Fitz de leur offrir une mort miséricordieuse par le poison. Lors
d'une ses chasses, il tombe sur trois hommes en train d'attaquer une
gamine. Il se jette sur eux, accompagné d'Oeil-de-Nuit pour tenter
de la sauver. Mais c'est trop tard car elle mort. Toujours est il que
la scène est une boucherie ; Fitz s'étant servi de toutes les
armes possibles, même de sens dents. Et le loup a mordu, griffé.
Cette scène montre aussi l'impuissance des Loinvoyant à protéger
leur peuple, la futilité de leurs réactions et contribue à montrer
que Fitz continue à se jeter corps et âme dans ce combat, cette
guerre.
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« Je dois te faire un aveu : il y a quelqu’un d’autre dans ma vie, maintenant ; quelqu’un qui est pour moi ce que ton roi est pour toi, quelqu’un qui passe avant ma propre vie, avant tout ce qui m’est cher. Selon tes propres paroles, tu ne peux pas m’en vouloir. » Et elle me regarda. J’ignore ce qu’elle vit sur mon visage, mais elle détourna les yeux comme si elle ne le supportait pas.
Molly
et Fitz sont deux amis d'enfance devenus amoureux puis un couple. Et
leur relation n'est pas évidente car Fitz a tant de secrets à
cacher, tant de choses à faire passer avant Molly. Celle-ci supporte
les choses tant bien que mal. Il y a déjà une première alerte
quand son amoureux lui apprend qu'il est promis à une autre
(Célérité). Finalement, ils se séparent alors que Fitz est pris
dans un tourbillon d'événements. Leur rupture se fait dans l'ombre,
dans un escalier, un symbole de leur histoire où ils ont tout le
temps dû se cacher. Ce que Fitz ne sait pas à ce moment-là est que
Molly est enceinte (et la jeune femme sait que même pour son bébé
Fitz sera incapable de rompre avec les Loinvoyant). Elle s'en va,
laissant un Fitz anéanti.
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Mon jeune assassin, qu’ai-je fait de toi ? Comment ai-je pu ainsi pervertir ma propre chair ? Tu ignores à quel point tu es jeune encore ; fils de Chevalerie, il n’est pas trop tard pour te redresser. Relève la tête, vois au-delà de tout cela.
Ce
sont quasiment les derniers mots du roi Subtil qui meurt devant Fitz.
Alors qu'il tente de contacter Vérité par l'Art (ce dernier est
parti en quête des Anciens), il est tué par les artiseurs fidèles
à Royal qui pompaient son sang et son énergie comme des parasites.
Dans un dernier souffle, il témoigne enfin à Fitz d'un réel amour
(un peu comme dans leur scène où il le prend officiellement sous sa
coupe) : ce sont presque des excuses adressées. Après tout, il
a tant demandé à Fitz sans jamais lui accorder en retour ce que le
bâtard demandait. Quand Fitz demande à épouser Molly, il l'offre à
une autre. Il y a aussi les regrets à voir un autre enfant
Loinvoyant sacrifié : Vérité éloigné, Auguste inutile,
Umbre vivant dans l'ombre.
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Puis un loup pivote d’un coup et s’enfuit, la queue entre les jambes, se sauve tout seul sur la neige, loin de trop d’étrangeté. Il s’arrête au sommet d’une colline pour pointer le museau vers le ciel et pousser un hurlement. C’est l’injustice qui le fait hurler.
Quand
Fitz est torturé par Royal, Umbre et Burrich mettent en place un
stratagème pour le sauver. Ils lui demandent de mourir ou plutôt de
laisser son corps derrière lui et aller en Oeil-de-Nuit, grâce à
une vieille pratique du Vif. Plus tard, Royal s'est lassé de Fitz et
Patience a pu récupérer le corps, soigner les blessures du cadavre
et enfin l'enterrer. Comme de vieux charognards, Umbre et Burrich
déterrent le corps et récupèrent l'esprit de Fitz.
C'est
donc un Oeil-de-Nuit victime de l'égoïsme des hommes qui voit Fitz
le quitter. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, seulement que son
compagnon de lien le quitte. Pour Fitz, c'est le retour aux intrigues
et l'abandon d'un corps en parfaite santé, d'une vie où on ne lui
demandait rien et il pouvait enfin vivre.
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REJOINS-MOI !
Le
cri du coeur de Vérité. Loin, dans les Montagnes, il assiste au
piège dans lequel Fitz tombe quand il s'en va tuer Royal. Pris au
piège, cerné, Fitz s'empoisonne et se prépare à mourir, ne
voulant pas que ses ennemis trouvent Vérité. Conscient de ce que
Fitz fait, Vérité se révèle dans l'Art et exerce sa puissance.
Tous ceux qui menacent Fitz sont frappés et envoyés au sol,
permettant au bâtard de s'échapper et rejoindre son oncle.
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Je n’oublierai jamais, je crois, ce dernier sourire qu’il m’adressa par-dessus son épaule. Ses yeux se tournèrent une ultime fois vers sa reine, puis il appuya fermement ses mains sur la tête ciselée et il disparut sans quitter Kettricken du regard.
Là,
il s'agit du sacrifice du roi Vérité. L'homme est prêt à tout
laisser derrière lui pour sauver son royaume des Pirates Rouges.
Parti en quête des Anciens, il s'est rendu compte de l'impossibilité
de la tâche et s'est mis en tête de construire son propre dragon.
Or, il est impossible de survivre à cette tâche puisque cela
nécessite l'abandon de sa vie. Or, ce n'est pas une opération
brutale et rapide. Il faut, en même temps qu'on le sculpte dans la
pierre, y verser tous ses souvenirs, toutes ses émotions, tout ce
qui fait de vous un être humain.
Fitz,
Kettricken et d'autres retrouvent donc un Vérité hagard, loin de
l'homme qu'ils connaissaient à Castelcerf. A l'incompréhension de
la situation succède vite un sentiment d'urgence car Royal
l'Usurpateur veut s'emparer de la carrière aux Dragons. Vérité
s'en va et Vérité le Dragon apparaît. Il part livrer sa guerre
contre les Pirates Rouges. Pour autant, il a conscience de tout ce
qu'il a demandé à sa femme et à son neveu. A Fitz, il a présenté
ses excuses et laissé une épée, à Kettricken il laisse un futur
héritier.
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