Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

mercredi 1 novembre 2017

Sur les rives de l'Art

Sur les rives de l'Art est la première partie du dernier tome du cycle de l'assassin royal mais aussi des Aventuriers de la mer et des Cités des Anciens. En effet, dans ce livre, nombreux sont les personnages des différents cycles à apparaître : on retrouve bien entendu le groupe parti à la recherche d'Abeille (Fitz, le Fou/Ambre, Braise/Cendre, Persévérance, Lant et Bigarrée la corneille) mais aussi les Vestrit (Althéa, Malta,…), la Reine des Pirates (Etta), les Dragons et leurs Gardiens, Alise et tant d'autres.

L'intrigue se déroule à présent loin des Six-Duchés et des différentes îles du Nord car les héros voguent vers le sud. Ils font des escales dans des lieux mythiques comme Kelsingra, Partage et Terrilville. Ils foulent les terres et les rues où vivaient autrefois les Anciens et rencontrent les Dragons désormais nombreux. Comme dans les précédents tomes, la narration alterne entre Fitz et Abeille.

Nous retrouvons donc le groupe de secours à Kelsingra, la capitale des Anciens et le lieu où les Dragons viennent se panser et ressourcer en Argent. Fitz, imprudemment, a corrigé des erreurs physiques de certains enfants présents là-bas. Alors qu'il menaçait de se perdre dans l'Art extrêmement fort à Kelsingra, Ambre n'a pas eu d'autre choix que retirer son gant et dévoiler des bouts de doigts tâchés d'Argent. Cela entraîne la virulente réaction du Gardien Kanaï (un personnage fort plaisant dans ce tome grâce à ses manières et son attitude). Pour dissiper le malaise et apaiser la tension, Fitz et le Fou n'ont pas d'autre choix que d'invoquer des souvenirs du passé ; par exemple, Ambre explique à tous l'origine de l'Argent sur ses doigts (« La magie que j'ai sur les mains est la même que celle dont le roi Vérité me fit don par accident ») : elle fait référence au moment où dans la carrière aux dragons de pierre elle a touché par inadvertance un Vérité couvert d'Argent.

Dans ce livre, Fitz continue à être un personnage tourmenté par la disparition de sa fille. Nous mesurons à quel point les pertes successives de Molly et d'Abeille ont changé sa vie.
Molly est morte il y a déjà des années et elle continue de le hanter. Il était amoureux d'elle, plein de désir et d'attention (« Les hommes du domaine étaient fiers de lui. “Le vieil étalon n'a pas perdu sa fougue”, ils disaient. Dans son bureau, dans les jardins, dans les vergers »).
On se souvient qu'à la fin d'Adieux et retrouvailles le Fou a décidé de quitter Fitz et de lui offrir des années de bonheur avec celle qu'il aime depuis l'enfance. Fitz s'y était fait (« Ma vie était belle, Fou, et j'aurais voulu qu'elle dure toujours ; j'aurais voulu vieillir et mourir avec elle dans mon lit ») : ce fut une vie loin des intrigues politiques, des assassinats, des demandes irraisonnables du Roi.

Quant à son lien avec le Fou, il est, comme toujours depuis l'épisode Sire Doré, soumis à interrogation. Fitz découvre une nouvelle facette, Ambre. Quand il dit « Vraiment. Je n'aime pas le personnage que tu deviens quand tu joues le rôle d'Ambre ; c'est quelqu'un que je ne voudrais pas comme amie. Elle est… sournoise. Fourbe », on est soulagé qu'il ait rencontré le Fou alors qu'il n'était qu'un bouffon en quête d'amitié comme lui. Ambre se montre prête à tout pour arriver à ses fins, encore plus que le Fou. Elle ne se contente plus de manipuler la vie de Fitz mais celle de tous les autres, quitte à les tromper.

Mais, le grand moment reste la confrontation entre Fitz et la vivenef Parangon. C'est une rencontre qu'on attend depuis qu'Ambre, dans les Aventuriers de la Mer Ambre, a sculpté sur la figure de proue le visage de son ami. Fitz et les autres sont témoins de l'amour porté par le Fou (« Douce Eda, Fitz, il a votre visage ! Jusqu'à votre nez cassé », Lant).

Pour ceux qui n'ont pas lu les Cités des Anciens, on apprend aussi pas mal de choses sur les dragons ; Kanaï nous rappelle que «  quand un serpent se transforme en dragon, il se réveille avec les souvenirs de ses ancêtres ; il sait où chasser, où nidifier, il se rappelle les noms et les événements de sa lignée – enfin, en principe. Nos dragons sont restés trop longtemps sous leur forme de serpent et pas assez dans leurs cocons, et ils ont éclos avec une mémoire incomplète ». C'est important car si la trame du livre est la vengeance de Fitz, on va vite se rendre compte qu'il se fait des alliés dans sa mission.

Il est beaucoup question de vivenef dans le roman. Ils s'en servent pour remonter le fleuve et ses eaux particulières (à part Fitz et Oeil-de-Nuit, personne ne l'a jamais fait à pieds). Ils passent devant la ville de Cassaric (« c'est là que vivent des traîtres, des gens qui ont trahi la tradition Marchande sans jamais en subir les conséquences ; des gens qui ont donné abri à ceux qui voulaient massacrer des dragons pour récupérer leur sang, leurs os et leurs écailles ») où c'est l'occasion de faire un point sur les péripéties des Gardiens. Dans les Cités des Anciens, les Marchands avaient embauché les rebuts de la société pour transférer les pathétiques dragons. Mais, leur route avait été semée d'embûches et de dangers. Aux eaux acides s'ajoutaient les attaques de ceux qui voulaient du sang des dragons pour allonger leur durée de vie. Les vivenefs avaient donc joué un rôle important en permettant de voyager et distancer les poursuivants.
Les gens de Cerf s'interrogent sur la nature de ces bateaux : Cendre remarque les petites particularités qui le font si bien naviguer, Fitz communique même avec. Le Fou précise que « ce n'est pas une création des hommes ni des constructeurs navals. Chaque vivenef était à l'origine destinée à devenir un dragon, et certaines s'en souviennent mieux que d'autres. Ces bateaux sont vivants, Fitz ».

Puisque les vivenefs sont de potentiels dragons coincés dans une enveloppe de bois, il n'est pas étonnant de les voir enclins à vouloir se venger. Il faut préciser qu'une lutte a opposé les Dragons et les Anciens aux gens de Clerres. C'est pour ça que les Dragons ont disparu, qu'un Glasfeu à bout de souffle a décidé de se cacher dans un glacier d'Aslevjal.
Parangon dit clairement à Fitz que «  ta vengeance est aussi une vengeance de dragon ». La Reine Tintaglia, toujours aussi majestueuse et imposante, se lance aussi dans ses propres quêtes. Au début du roman, un Fitz téméraire lui demande des explications. Il veut savoir si elle ou les autres dragons ont entendu parler de Clerres et des Serviteurs. Malheureusement, sa mémoire est incomplète et elle doit aller chercher des renseignements auprès de Glasfeu. Tintaglia retrouvera donc Fitz et ses amis à Partage (la capitale des Îles Pirates). Là, elle l'informe sommairement que Clerres sera détruit par les Dragons et que si Fitz veut trouver sa fille, il ferait mieux de se dépêcher.

Kanaï nous dévoile une partie du passé car les Dragons, surtout Tintaglia, ont tendance à consacrer peu de temps aux humains, à manger et dormir avant tout. Il dit à l'assemblée réunie (Fitz, le Fou, Etta, Althéa, etc.) que «  FitzChevalerie n'est pas le seul à qui les Serviteurs ont fait du mal ; leur préjudice envers nous est bien pire ! De connivence avec les Abominations, ils ont pillé la plage de nidification, volé des œufs de dragon et tué ou emprisonné les serpents nouveau- nés ! ». A ce stade du récit, il revient en mémoire le début des Aventuriers de la Mer (le périple de Kennit).

On apprend aussi que les Serviteurs avaient connaissance d'un tremblement de terre qui allait frapper les Rivages Maudits et n'en ont pas informé les Anciens. C'est un passage important du récit car il justifie la haine entre les Dragons et ceux de Clerres ; dans le tome Adieux et retrouvailles (le dernier de la Tawny Man trilogy), Prilkop et le Fou décident de retourner dans leur ville natale afin de rendre compte de tout ce qu'ils ont vu et de tout ce qu'ils ont contribué à changer.
C'était la tradition avant, Les Serviteurs servaient alors que maintenant ils ne servent que leurs intérêts. Les Quatre (qui dominent Clerres) ne pensent qu'à s'enrichir, engranger du pouvoir et tourner le cours des choses pour leur propre bien. On a vu dans les précédents tomes qu'ils ont torturé et manipulé le Fou, on sait qu'ils ont tout fait pour qu'il ne trouve pas son Catalyseur, on apprend que la Femme Pâle a été envoyée pour détruire le dernier Dragon mais aussi éradiquer le reste de magie des Anciens (l'Art des Loinvoyant).
Vindeliar, un des hommes qui a participé à la destruction de Flétribois et à l'enlèvement d'Abeille, l'affirme clairement : « Clerres est le cœur du monde, et les battements du cœur du monde doivent toujours rester réguliers ».

Toutefois, les choses ont changé : le Fou a trouvé son catalyseur et a fait revenir les Dragons. Et en passant, il a contribué à la chute de la Femme Pâle. Il s'est alors créé là une ennemie : Dwalia (« Elle était jadis respectée en tant que servante à la disposition d'une Blanche hautement considérée ; elle avait vu sa maîtresse envoyée accomplir de grandes choses dans le monde. Mais, lorsque la femme avait échoué et chu, la fortune de Dwalia avait péri avec elle »). Il n'est donc pas étonnant de la voir tout mettre en œuvre pour détruire et anéantir la vie de Fitz et du Fou.

Abeille traverse une période extrêmement difficile. Elle est prisonnière d'un groupe où elle est maltraitée, attachée et frappée. Leur voyage se complique car ses ravisseurs ont peu de moyens et semblent mal préparés après que certains de leurs compagnons aient été tués par Fitz et les autres. Ils voyagent par piliers d'Art (où ils sont parfois coincés sans aucune intimité), bateaux (où Dwalia doit monnayer son corps) et à pieds. Abeille parvient parfois à s'échapper mais elle est toujours rattrapée, il lui arrive de mendier pour manger. Elle doit cacher ses rêves récurrents, protéger son esprit et éviter les intrusions de Vindeliar. Heureusement, elle peut compter sur la présence de père Loup (Oeil-de-Nuit) pour lui donner de précieux conseils (« chaque fois qu'un choix s'offre à toi, tu dois suivre la voie qui te garde en vie et indemne. Les regrets ne servent à rien »).
Quand le petit groupe cherche à fuir Chalcède, ils parviennent à monter sur un bateau à destination de Clerres. Là, on est témoin d'une émotion particulière que Vindeliar éprouve pour Abeille, il la considère comme son « frère ». Il lui apprendra, volontairement ou non, beaucoup de choses sur Clerres. Et il la protégera comme il le peut de l'appétit sexuel des matelots. Grâce à ses capacités en Art, il jettera un voile obscur sur Abeille, la présentant comme pas désirable : « pour qu'ils te laissent tranquille ; sur le bateau d'avant, il y en avait qui te regardaient et qui avaient envie de… qui avaient envie de ce qu'il fait à la pauvre Dwalia. »

Enfin, une autre menace semble peser sur Clerres. Nombreux sont les personnages, les situations où il est fait mention d'un Destructeur venant d'ailleurs. Comment cela va-t-il s'intégrer avec la vengeance de Fitz et des Dragons ?

Sur les Rives de l'Art nous plonge aussi dans quelques événements passés. Il jette un regard nouveau sur ceux-ci. C'est par exemple la difficulté de Fitz à concentrer son talent d'artiseur à Kelsingra qui entraîne une discussion avec le Fou où ils font référence à Auguste Loinvoyant (le cousin de Fitz) dont l'Art a noyé l'esprit. Ou de Vérité qui n'a pas su résisté à l'appel de l'Art et s'est perdu dans la construction d'un dragon.
Dragons et vivenefs sentent que Fitz a été marqué par un dragon inconnu (le dragon de pierre Vérité), il y a de nombreuses allusions à ce propos.

Il est aussi fait mention du vieux Roi Subtil. On apprend que c'est grâce au Fou que Subtil n'a pas sacrifié Fitz à Royal. On en découvre aussi un peu plus sur l'arrivée du Fou à Castelcerf, la façon dont Subtil et lui ont tissé des liens, l'appréhension du Fou au début (« Il me protégeait, Fitz. Il lui a fallu des mois pour gagner ma confiance, mais, à la fin, quand la reine Désir voyageait et que je dormais près de la cheminée, je me sentais en sécurité »).

Ortie est également évoquée. Tintaglia revient à Kelsingra et s'étonne de trouver ceux qu'elle a marqués changés. Elle demande donc des comptes et Fitz lui répond. Il en profite pour lui demander un service et la Dragonne le prend de haut. Il lui rappelle qu'elle est redevable (le sauvetage de Glasfeu) et la conversation dévie sur Ortie. Tintaglia s'en rappelle très bien. Elle grogne que « ce n'est pas un moucheron, celle-là ; c'est un taon, un taon qui pique, qui bourdonne et qui suce le sang… » Une description bien flatteuse de la part d'un Dragon.

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