Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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Kennit, maître de son destin ?

Kennit est un des personnages majeurs des Aventuriers de la Mer. Comme un bon nombre d’autres, on le voit se transformer au fur et à mesure ...

samedi 2 septembre 2017

Sire Doré et Tom Blaireau

A la fin de la Reine Solitaire, Fitz se retire du monde, il part vivre près de Forge avec son fils adoptif, Heur, et reçoit de temps en temps les visites d'Astérie. Kettricken s'en va régner sur les Six-Duchés, le Fou est on ne sait où.

S'ouvre donc le septième tome (Le Prophète Blanc). Nous faisons face à un Fitz vieilli qui vient de refuser la proposition d'Umbre de devenir le maître d'Art d'Ortie et de Devoir. Et tout d'un coup, le Fou revient, pas le bouffon du Roi Subtil, non un fou qui a une riche apparence, des vêtements et un cheval de qualité.
Alors que leurs présences respectives ont toujours suffi à Fitz et Oeil-de-Nuit, le loup se rend compte que la présence du Sans-Odeur a solidifié leur relation. Le retour du Fou offre la possibilité à Fitz de se confesser à cœur ouvert, de parler de tout, de ses doutes, rêves perdus et déceptions, de ses voyages. Et de temps en temps, il sort des propos qui vont jusqu'à remettre le Fou dans le droit chemin.

Très vite, il faut revenir à Castelcerf : le prince Devoir a disparu ! Mais Fitz ne peut pas revenir comme ça, il lui faut une identité, un moyen de se glisser discrètement dans la vie du château. Il sera alors le serviteur de Sire Doré ; ce dernier le met très vite en garde, certes ils sont proches et amis mais le danger est partout et ils doivent jouer une partie serrée (« FitzChevalerie, la partie est finie avant même d'avoir commencé si tu n'es pas capable de tenir ton rôle sans la moindre faille »).
Fitz parvient à retrouver la trace de Devoir du côté de Myrteville et arrive alors une première scène qui montre des doutes de Fitz quant au personnage de Sire Doré. Pour pouvoir se lancer à la poursuite de Devoir et en même temps remplir les obligations de son personnage de noble, le Fou doit trouver un moyen (sulfureux) de s'échapper : il décide d'embrasser Civil, un jeune noble. Et bien entendu, Fitz est choqué ! On lit : « les manœuvres du Fou étaient peut-être nécessaires mais je m'en sentais sali ».

Accompagnés de Laurier, nos deux héros finissent par capturés un jeune archer qui devrait les conduire à Devoir. Mais pour cela, il faut obtenir des renseignements et Fitz est prêt à user de moyens extrêmes tout en sachant que ça détruirait le respect que le Fou lui porte. Et le bâtard royal tire la conclusion implacable (en parlant du fou) qu'il devrait l'éliminer (« je devais le tuer, lui aussi, afin qu'il ne puisse jamais me regarder avec ces morts dans les yeux »). Le prisonnier finit par s'évader, Oeil-de-Nuit l'ayant laissé partir. Le fou doute (« j'en suis même venu à me demander si je te connaissais vraiment »).
S'il a peur parfois de Fitz, le Fou est le seul à pouvoir lui ôter sa folie meurtrière lors de la mort de la marguette de Devoir. Il le soulage comme il le soulageait lors des migraines d'Art et les gens autour semblent marqués par cette prouesse : « j'entendis un murmure stupéfait parcourir la foule, comme s'il venait d'accomplir un geste d'une bravoure extraordinaire »).

Nous sommes donc quasiment arrivés à la fin du tome huit (la secte maudite) marquée par la mort d'Oeil-de-Nuit. On fait alors face à une faiblesse dans les déguisements de serviteur et de noble adoptés. Le fou est dans l'incapacité de pouvoir aider Fitz sans se trahir, le laissant porter seul son fardeau et sa peine.
Finalement, ce sera Kettricken qui parviendra à partager ce poids avec Fitz, au grand désespoir du Fou. Il est envieux ; « même si je suis jaloux de Kettricken (…), je l'envie d'avoir su te consoler.

Entre-temps, sur le chemin du retour, Devoir avait demandé à savoir qui étaient ses deux libérateurs. Fitz fait alors preuve de sincérité : « c'est un ami, mon prince, le meilleur que j'ai jamais eu ».

Et puis tout bascule quand débarque Jek. Jek, si vous ne le savez pas, est un des personnages de la saga des Aventuriers de la Mer. C'est une femme libre, forte et partenaire des aventures d'Ambre (Ambre est le personnage que le fou se crée à Terrilville). D'abord une méprise, cela se transforme ensuite en mélodrame quand Fitz remet en cause toute sa relation avec le Fou. Il doute, doute et doute encore (« il avait lu tous mes journaux personnels, exigé un compte-rendu détaillé de mes voyages, et je ne lui avais rien refusé. Mais que m'avait-il donné en échange ? D'infimes parcelles de lui-même, des énigmes et des devinettes »).
Dès lors, après que Fitz ait cherché à tirer les vers du nez de son ami qui aime tant son intimité, ils ne se parlent plus. Cela a des conséquences extérieures à leur propre relation. Umbre en fait la remarque à Fitz : « tu ne vaux pas une breloque quand tu es dans cet état-là ».

On peut regretter que Fitz fonce tête baissée mais le fou ne lui facilite pas la tâche. Il ne comprend pas que Fitz soit tant attachés aux apparences, au regard des gens (« les questions que les autres peuvent se poser ne nous concernent pas »).
Il y a bien entendu la question du sexe du Fou et de la sexualité entre les deux. Fitz veut savoir s'il est un homme ou une femme, refuse de comprendre que le Fou l'aime entièrement ; on peut ici faire un retour en arrière lors de la recherche de Vérité quand le Fou se demande si c'est un trou ou tuyau qu'on voit quand il pisse. En outre, la sexualité et les rapports ont déjà été mis en doute par Devoir, Astérie, des gardes royaux et Civil.

Même quand Fitz manque de mourir après sa bagarre sanglante contre des individus doués du Vif, ça ne s'arrange pas. Certes, il l'empêche de mourir mais ça s'arrête là. Leurs échanges sont sans saveur, froids.
Lors de sa convalescence, Fitz a un échange très éclairant avec le Fou :

Fitz : T'est-il déjà arrivé d'éprouver de l'affection pour quelqu'un et te rendre compte un jour qu'au fond tu n'apprécies guère sa nature ?
Le Fou : Je trouve curieux que ce soit à moi que tu poses cette question.

Finalement, à l'initiative de Fitz, la réconciliation se fait : « cesse cette comédie et sois toi-même. C'est tout ce que je demande. »

Les deux sont à nouveau réunis, ils vont pouvoir se lancer dans un de leurs plus grands défis : libérer le dragon sur Aslevjal, l'île où le Fou annonce qu'il va mourir. Bien entendu, Fitz s'affole, panique et prend des mesures radicales pour l'empêcher d'y aller.
On a alors une scène qui nous rappelle fortement un passage de la Nef du crépuscule, juste avant la mort du roi Subtil. Le Fou avait alors repéré Fitz caché derrière un rideau et accroché son regard ; ici, il fait de même sur un balcon alors qu'il fait noir.

Lors d'une séance d'Art, Lourd nous montre la force du lien qui unit les deux amis (« le petit homme se retourna et posa sur le fou un regard curieusement évaluateur qu'il transféra ensuite sur moi »).

Quelle est la surprise du Fitz quand il se rend compte que le Fou l'attend à Aslevjal ! Celui-ci lui fait des reproches, manifeste son incompréhension quant à la volonté du bâtard de l'empêcher de faire face à son destin (« … mais jamais je ne me suis opposé à ta volonté de courir ces risques »).

Plus tard, le Fou et le Fitz sont capturés par la Femme Pâle qui va tenir des propos qui vont jeter la suspicion sur le Fou. Elle affirme qu' « il danse aux frontières de votre compréhension et vous jette parfois d'infimes indices sur sa véritable nature, comme on jette de petits morceaux de sucre à un chien ». Fitz ne peut qu'acquiescer (« la cruelle exactitude de sa description du fou »).

Le Fou meurt. Fitz le ressuscite.
Fitz va chercher son corps dans le palais de la Femme Pâle et il finit par tomber sur elle, sans mains. Elle lui jette à la figure une dernière révélation avec la volonté de le blesser : « tu ne connais sans doute pas les coutumes de son peuple d'origine, l'échange des noms en signe des liens que les gens forment pour la vie ? »
Mais, le sauvetage du Fou le pousse dans un futur inconnu, où il se sent perdu et sans repères. Et des grandes décisions vont être prises.
Déjà, il rend à Fitz tous les souvenirs et toutes les émotions que celui-ci avait versés dans la Femme-au-Dragon, lors du réveil des dragons de pierre (voir la Reine Solitaire).
Ensuite, il décide de partir avec Prilkop (l'Homme Noir) vers son pays natal. Et pour cela, il faut couper tous les ponts et liens. Fitz voit dorénavant le Fou comme tous les autres (« je le voyais mais ne le sentais plus, ni par le Vif, ni par l'Art, ni par l'odorat. Plus de fou. Mon ami d'enfance, mon compagnon d'adolescence avait disparu. ») Seule consolation pour le Fou, Fitz manifeste sa volonté de retrouver Molly (quoique dans un premier temps, il avait pensé suivre le Fou).

Leurs adieux sont incomplets, le Fitz étant prisonnier dans le courant d'Art. Le Fou lui laisse une petite statue qui s'anime quand Fitz la prend en main. Le tome treize (Adieux et retrouvailles) se termine sur ces mots : « je sais que je ne connaîtrai nul autre semblable à eux, et je mesure le bonheur dont j'ai été gratifié par leur présence « .

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