Nombreux
sont ceux qui ont été mal à l'aise avec le Fou, à cause de sa
différence physique et aussi à cause de sa façon de manier les
mots. Car, il est agile et talentueux, capable de produire de belles
rimes et chansons mais aussi de se livrer à de surprenantes
acrobaties. Il sait, apparemment, être élégant dans ses tenues
colorées ou en noir et blanc. Il se révèle être fidèle à
Subtil, il est celui qui accompagne Kettricken dans sa fuite vers les
Montagnes et participe à l'expédition qui recherche Vérité.
Fitz
le dit, il y aura toujours un doute sur le sexe du Fou ;
certains comme Astérie le considèrent d'ailleurs comme une femme,
alors que le bâtard royal tente de se persuader de toutes ses forces
que c'est un homme (ce qui nous donnera d'ailleurs quelques scènes
assez drôles).
Très
proche du Roi Subtil, l'aimant, il aura été aux premières loges
pour voir les sévices que Royal imposait à son père. Pire, à
cause de ça, il aura été bastonné, moqué, chassé, insulté. Il
n'est pas le seul à ne pas aimer le dernier fils du vieux roi, c'est
également le cas de Fitz à qui il dit très vite (avant le séjour
des Montagnes) de se méfier : « lorsque tu cherches à
percer les motivations d'un homme, n'oublie pas que tu ne dois pas
mesurer son grain avec ton boiseau. Il ne se sert peut-être pas du
même que toi. »
Quand
Royal affermit sa prise sur le pouvoir (La Nef du crépuscule), le
Fou est aux premières loges pour assister à ce triste spectacle ;
il sent que Royal est à la recherche des complots qui tentent de
freiner son ascension (« nul n'est aussi dangereux que l'homme
qui n'arrive pas à savoir ce qu'il craint »). Plus tard, quand
il arpentera la route des Montagnes en compagnie de Fitz, Caudron,
Astérie, Kettricken et Oeil-de-Nuit, le Fou aura un aperçu plus
clair mais aussi plus brûlant et douloureux de Royal. En effet, les
artiseurs de cet usurpateur de roi prendront possession de lui ;
bien malgré eux, ils permettront au Fou de saisir la vraie nature de
Royal : « j'ai ressenti l'essence de Royal, sa haine pour
toi grouille comme des asticots dans de la viande pourrie (…) cet
homme est fou. »
Le
Fou aime Fitz. Il le lui dit souvent de façon moqueuse (on pense à
sa chanson qui se termine par une acrobatie dévoilant ses fesses
nues) ; il le lui répète également quand il retrouve le
bâtard de Chevalerie à Jhaampe. Alors que tout espoir semblait
perdu, Fitz arrive pour se mettre en quête de Vérité et de fil en
aiguille déclenche des événements ; la réaction du Fou est
claire et montre au lecteur à quel point il tient à Fitz (« si
mon sort doit être lié à celui de quelqu'un, je suis heureux que
ce soit le tien »).
D'ailleurs,
ces retrouvailles sont l'objet de déception (quand Fitz lui cache le
fait qu'il a une fille par exemple) mais aussi de confessions comme
quand le Fou avoue que « tu n'as jamais été très doué
là-dedans (…) il y a toujours eu chez toi une naïveté qu'aucune
laideur ne pouvait souiller (…) c'est ce que je préférais chez
toi » ; pour autant, Fitz aura subi comme les autres les
talents verbaux du Fou, ses piques, ses remarques acides (« ombre
ou soleil, je sais quand tenir ma langue. Tu ferais bien d'apprendre
à en faire autant », lorsque Fitz cherche à savoir s'il
connaît Umbre). La relation entre les deux n'aura pas toujours été
un long fleuve tranquille, lorsque Subtil meurt, le Fou pense que
c'est Fitz qui a participé à sa mort.
Murfès
aura été une autre de ses cibles privilégiées ; ce
serviteur, aux yeux du Fou, est peu compétent et met en péril la
santé du Roi Subtil, il le soupçonne également d'espionner pour le
compte de Royal (« si les murs ont des oreilles, toi aussi,
sûrement, puisque tu en as déjà les fesses, et tes oreilles
débordent des affaires privées du roi ».)
Mais,
malheureusement pour le Fou, ses talents peuvent également être
douloureux. Tout le long de la saga se pose la question de mesurer
ses capacités à lire ou deviner le futur, le prévoir. Lui donne
certaines réponses à Fitz : « nul ne comprend vraiment
une prophétie tant qu'elle ne s'est pas réalisée » ou
« c'est ainsi quand je lis l'avenir, je ne suis jamais
certain ».
Le
tome 2, l'Assassin du Roi, s'ouvre sur la terrible scène de
Vasebaie, un des passages les plus poignants et marquants du récit.
Soutenant le Roi Subtil qui grâce à l'Art assiste au massacre des
habitants de la ville, le Fou se trouve obligé de conter le futur
(Fitz est également là et a besoin de savoir ce qu'il advient de
Molly, présente là-bas). Et grâce à ses mots, nous comprenons
parfaitement le supplice vécu (« mais cela se comprend,
avez-vous déjà essayé de trouver une rime à enfant écartelé ? »).
Pourquoi
le Fou se trouve-t-il à Castelcerf ? Il révèle sa mission à
un Fitz perplexe (« toi et moi, Fitz, nous sommes ici pour
changer l'avenir du monde. Pour maintenir en place le petit caillou
dont la disparition pourrait provoquer la chute du monde »). La
tâche n'est pas facile, car Fitz est sceptique et très peu
intéressé par ce qu'il appelle de la philosophie. Le Fou ne
comprend pas, il répète encore et encore que chacun a un destin qui
compte (« à quoi bon une petite vie qui ne change rien à la
grande vie du monde ? »)
Plus
précisément, il est là pour sauver les Six-Duchés même si ce
n'est qu'une petite partie d'un vaste plan. Sauver les Six-Duchés
des Pirates Rouges mais aussi des pratiques violentes qui gagnent les
cœurs et les âmes à l'image des pratiques de Royal, des penchants
pour la Fumée, du Cirque du Roi et ainsi de suite. Il l'affirme
clairement à Fitz lors de leur recherche de Vérité ; « je
sais que les massacres des Pirates Rouges te semblent une
catastrophe, mais les malheurs qu'ils infligent aux tiens ne sont pas
davantage qu'un bouton sur les fesses du monde »), on notera au
passage son sens de la formule.
Plus
tôt, il aura été celui qui aiguille dans ses investigations, le
poussant à se mettre à la recherche de solutions non
conventionnelles (« aucun d'eux ne sait comment appeler un
Ancien »). Ces derniers se révéleront être des dragons de
pierre mais le Fou sent déjà que ce 'est qu'un début (et cela sera
confirmé dans la suite de ses aventures, les Aventuriers de la Mer
et le second cycle de l'assassin royal) : « et puis, s'il
n'existait pas de dragons de chair, de sang et de feu, d'où serait
venu l'idée de ces sculptures ? »
Le
Fou est également au courant de beaucoup de secrets ; par
exemple, il informe Fitz à propos de la mort de son père et de la
raison du retour de Patience. Il a également un très bon instinct
qui lui permet d'en découvrir d'autres. Il sait très vite que Molly
attend un enfant alors qu'on aurait pu penser qu'il s'agissait de
Kettricken (« les forces se modifient, les ombres s'agitent (…)
la lignée des Loinvoyant a un héritier »)..
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