Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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Kennit, maître de son destin ?

Kennit est un des personnages majeurs des Aventuriers de la Mer. Comme un bon nombre d’autres, on le voit se transformer au fur et à mesure ...

samedi 2 septembre 2017

Et les Aventuriers de la Mer ?

Dans la version française, la saga des Aventuriers de la Mer est découpée en neuf tomes. Les livres s'insèrent, chronologiquement, entre la « Farseer Trilogy » et la « Tawny Man Trilogy », le personnage d'Ambre (autrement connu comme le Fou) faisant le lien. Nous suivons la famille Vestrit (presque uniquement composée de femmes aux caractères différents et marqués) qui fait face à de grands bouleversements : les Pirates se déchaînent, le commerce d'esclaves prospère, le pouvoir du Gouverneur s'effrite (il vit à Jamaillia alors que la famille réside à Terrilville) et la famille se déchire. Ajoutez à cela des bateaux magiques (vivenefs), des serpents, des Dragons et les mystérieux habitants du Désert des Pluies et vous aurez une intrigue riche et passionnante à suivre, surtout si vous aimez la mer, les femmes têtues (oh Malta !) et les intrigues politiques.

En ce qui concerne les personnages des Aventuriers de la Mer, la famille Vestrit est composée de Ronica (la mère), Althéa et Keffria (ses deux filles). Avec Kyle Havre (un marin qui héritera de la fortune familiale grâce à son mariage), Keffria a trois enfants (deux garçons : Hiémain et Selden, une fille : Malta).
Du côté des pirates, on retrouve Kennit (très rusé, il voit à long terme et est ambitieux), Etta (sa compagne). Vivacia et Parangon sont deux vivenefs et sont par leur nature (en bois-sorcier) liées aux Dragons (ici essentiellement Tintaglia).

A la fin du tome 6 de l'Assassin Royal (la Reine Solitaire), le Fou quitte ses compagnons d'aventure pour aller on ne sait où. On le retrouve donc avec grand plaisir à Terrilville sous l'identité d'Ambre, une femme (au passage, encore une couche d'interrogation sur sexe) qui travaille le bois. Tout le long des livres, elle fera un certain nombre de références aux Six-Duchés et même à Fitz ; à la fin, elle sculptera même une figure de proue ayant le visage et les marques de son amour (la hache ou les cerfs qui chargent). Rache (une servante de la famille Vestrit et anciennement esclave) évoque Ambre lorsqu'elle discute avec Ronica Vestrit. Celle-ci est très curieuse d'en savoir plus sur Ambre et elle la soupçonne d'être une ancienne esclave (elle se demande pourquoi elle est autant impliquée à vouloir lutter contre l'esclavage). Rache nous offre une réponse qui montre à quel point Ambre / le Fou tient à Fitz : « elle porte un anneau de liberté à l'oreille (…) je lui ai demandé une fois si elle avait acquis sa liberté ou si l'anneau avait appartenu à sa mère (…) elle a fini par dire que c'était un cadeau de son unique amour. »

Le contexte des Six-Duchés a un fort impact sur la vie de Terrilville, une cité qui repose en grande partie sur le commerce. Ainsi, dès le premier tome « Le vaisseau magique », on apprend que « la guerre du Nord a fait beaucoup de mal à de nombreux clans marchands ». Plus tard, lors du sixième roman « L'éveil des eaux dormantes », des précisions sont apportées de la bouche de la Compagne de Gouverneur qui nous apprend que le royaume du Nord avait une utilité en plus que le commerce (« des dissensions internes et des attaquants du Nord ont paralysé les Six-Duchés pendant des années. Ce royaume gardait Chalcède occupée »). D'ailleurs, on pourra se référer à la visite de Selden Vestrit à la cour de Kettricken lors qu'il propose une alliance pour écraser Chalcède.

Pour autant, il y a une forme de mépris envers les Six-Duchés qui transpire dans la bouche des habitants de Terrilville.
Dans « Le Navire aux esclaves », Althéa Vestrit remarque que «  ce sont des barbares (…) ils passent le plus clair de leur temps à essayer de s'exterminer mutuellement. La plupart d'entre eux ne savent même pas lire ». Difficile de lui donner tort quand on a vu que la guerre fratricide entre Vérité et Royal a failli mener le royaume à sa perte.
Brashen Trell (le compagnon d'Althéa), lui, se moque de la façon de vivre des habitants (« pas mal comme bateau quand on aime vivre comme un tas de barbares qui se délectent d'un ragoût de têtes de poissons »). Ceux de Terrilville seraient donc des gens raffinées et civilisés en opposition à ceux des Six-Duchés qui ne seraient que des sauvages aux mœurs dépassées. Par exemple, ce sont encore Brashen et Althéa qui rigolent de la façon dont on se marie là-haut dans le nord (« on ira aux Six-Duchés et on fera nos promesses sur une de leurs pierres noires »). Ou encore Althéa qui a peur que Jek (une belle femme des Six-Duchés, proche d'Ambre) règle un différend en se battant car c'est comme ça que ça se passe « sur un vaisseau des Six-Duchés, une promotion controversée se réglait à coups de poing sur le pont »).
Si on s'intéresse aux mœurs, il est intéressant de se pencher sur le cas de Jek. Il est clairement indiqué dans les différents tomes qu'elle agit librement dans tous les domaines, elle ne cache pas non plus son intérêt pour les hommes, là où les femmes de Terrilville semblent plus mesurées (Althéa : « Jek vient des Six-Duchés ou d'une de ces contrées barbares. Les femmes se conduisent simplement comme ça là-bas).
Plus globalement, c'est la question de la femme qui est abordée. Dès le premier tome, on a l'impression que la femme s'efface devant l'homme (la façon dont Kyle Havre parle à son épouse Keffria Vestrit, la façon dont il remet à sa place la veuve Ronica Vestrit et s'empare des biens de la famille, son ton lorsqu'il parle à Althéa, et ainsi de suite) ; quand Althéa prend le temps d'observer le comportement de Jek, elle finit par comprendre la raison de son attitude confiante et assurée : « Jek avait grandi dans les Six-Duchés et elle revendiquait l'égalité comme un droit ».

Brashen a beaucoup voyagé et est donc un témoin fiable des pratiques des autres pays. Il fait souvent allusion au fait que dans les Six-Duchés les femmes valent autant que les hommes : « il y a des femmes capitaines, et parfois même les équipages ne sont composées que de femmes » et « peu importe qu'on soit homme ou femme du moment qu'on est apte au travail. D'accord, le pays n'est pas très civilisé » (respectivement dans « Le navire aux esclaves » et « La conquête de la liberté »).

Le sujet le plus sensible est la question des Dragons.
Les gens de Terrilville, bien qu'ils croient à la magie, sont plus que sceptiques sur l'existence de ces créatures.
Bien entendu, les habitants des Six-Duchés ont vu les dragons de pierre les sauver des griffes des Pirates Rouges et pensent qu'ils sont les réels. On apprendra plus loin, de la bouche de Parangon la vivenef et son ton mordant, qu'ils ne sont que de pauvres copies.
Althéa est claire : « les dragons, ça n'existe pas ». Et un marin lui répond : «  ah non ? Ne viens pas me dire ça à moi, ni à aucun autre marin qui se trouvait au large des côtes des Six-Duchés il y a quelques années ». On voit bien la fracture entre ceux qui sont prêts à croire à leur réalité et ceux qui vont jusqu'à nier leur existence.
On retrouve la même situation lors d'une réunion à Terrilville lorsqu'un individu les décrit comme des « joyaux chatoyant dans le soleil. Castelcerf les avait assemblés pour combattre les Outriliens » ; la réponse est cinglante (« cette vieille fable ») et montre que la possibilité de leur existence a été souvent débattue et classée comme impossible.

Et puis il y a Ambre. Elle était là, elle a vu Vérité animer son dragon de pierre. Elle avait déjà d'ailleurs dit à Fitz que les dragons avaient forcément exister, sinon d'où viendrait l'inspiration des Anciens ? Dans un premier temps, elle dit clairement que les gens du nord en ont vu : « si tu étais amarrée dans un port des Six-duchés, et que tu disais aux gens de là-bas que les dragons n'existent pas, ils se moqueraient de toi ». Mais, il est difficile de croire quelqu'un qui dit venir changer le monde…
Mais, tout change avec la réapparition de Tintaglia.
Ambre voit ses doutes confirmés et elle pense que « seul un authentique dragon est un dragon. Les autres ne sont que de pâles imitations ». Jek lui répond (et on apprend en passant qu'elle ne connaît pas très bien Ambre) que « les dragons des Six-Duchés me conviennent très bien. Ils t'auraient convenu aussi, si tu avais vécu dans la peur d'être forgisée »).

En allant plus loin, on peut à nouveau évoquer la rencontre entre Selden et Kettricken dans le tome 9 de l'Assassin Royal « Les secrets de Castelcerf ». Le jeune fils de Keffria ose dire devant la Reine que Tintaglia est « le dernier véritable dragon ». Il ne récolte que de la colère, preuve de la nature très particulière de la question. On pourra lire le chapitre 11 pour avoir plus de précisions sur les dragons.

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