Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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Kennit, maître de son destin ?

Kennit est un des personnages majeurs des Aventuriers de la Mer. Comme un bon nombre d’autres, on le voit se transformer au fur et à mesure ...

samedi 2 septembre 2017

Les Dragons

Les Dragons sont des personnages importants dans l'univers de Robin Hobb. S'ils sont bien plus présents dans les Aventuriers de la Mer, on les retrouve également dans l'Assassin Royal : d'abord en pierre, puis sous forme de chair avec Tintaglia et Glasfeu.
Et dans les deux sagas, nous retrouvons un personnage ayant une attirance forte pour ces créature : Le Fou (ou Ambre ou Sire Doré).

Mais, une fois de plus, tout commence avec Fitz lors de leur quête de Vérité et de son passage à travers un poteau d'Art. Il se retrouve dans un autre monde, voit un Dragon et un Ancien, et raconte tout à ses compagnons de voyage, notamment le Fou. Puis, les deux amis ont une discussion et on se rend compte, déjà, que le Fou a quelques soupçons sur la nature de ces animaux disparus (« je pense qu'ils sont comme ceux de mon espèce : rares mais non mythiques. Et puis, s'il n'y avait pas de dragons de chair, de sang et de feu, d'où serait venue l'idée de ces sculptures ? »).
Bien entendu, Fitz est sceptique à propos de l'existence de réels dragons, la fin du tome La Reine Solitaire lui donnera raison : Vérité crée un dragon artificiel. Au fil des ans, cette croyance devient un fait, il n'est donc pas étonnant de voir l'attitude de Kettricken en face de Selden Vestrit (un envoyé de Terrilville) qui ose affirmer face à la Reine des Six-Duchés que ce sont eux qui ont un vrai Dragon. La Reine fulmine, se dresse et son dégoût éclate : « Comment osez-vous parler ainsi ? Comment osez-vous traiter les Anciens de simples légendes ? J'ai vu le ciel scintiller des feux, non pas d'un seul mais d'une multitude de dragons qui volaient au secours des Six-Duchés ». Sans le savoir, elle confond les Dragons et les Anciens.

Quand la narcheska lance un défi au Prince Devoir, les masques tombent : le Fou se pose en protecteur des Dragons. Il désire leur retour et les tomes 9 et 11 (les secrets de Castelcerf et le Dragon des Glaces) nous offrent une précision de ses intentions.
Il évoque la nature des Dragons, leur situation catastrophique, leur incapacité à se transformer (les fameux serpents). Il affirme que «  chez les dragons, on méprise la faiblesse, et ceux qui ne sont pas assez forts pour survivre sont condamnés, mais si elle laisse mourir cette génération, elle se retrouvera complètement seule, à jamais, dernière de son espèce sans espoir de la ressusciter un jour ». Le décor est posé, la suite sera capitale. On devine que la quête de Devoir ne sera pas de tout repos et que nos héros pourront avoir à faire face à un Dragon. Vivant.
Quand le Fou discute avec Umbre et Fitz, il n'hésite pas à étaler sa franchise et sa vérité, quitte à les brusquer les braquer. Il leur promet de durs moments au retour dragons : « ils ont une philosophie très simple : le monde pourvoit aux besoins et il suffit de s'en servir » et « les dragons ne valent pas mieux que les humains ; ils ne sont guère différents d'eux Ils tiendront un miroir à l'homme et à son égoïsme ». Bien entendu, Umbre prend mal les choses (« vos propos me confortent seulement dans l'idée que ressusciter un dragon n'apportera aucun bien à personne. »
Après sa mort, après que Fitz l'ait ramené, il complétera sa pensée, tout n'est qu'une question d'équilibre, de rapports de force, et même plus : « l'homme apprendra ce que coûte de vivre à proximité de ces créatures. Certains accepteront volontiers de payer ce prix et les Anciens réapparaîtront ».

Peu de personnages partagent son enthousiasme, son plan à long terme pour les hommes.
Il y a déjà sa grande ennemie, la Femme Pâle. Quand elle capture le Fou et Fitz, elle expose à ce dernier ses volontés, sa conception du monde et le bâtard royal est bien souvent tenté de la croire contre son gré. Elle manie adroitement les mots, pose les questions qui insinuent le doute et appuie sur les aspects du Fou qui embêtait Fitz. Elle se moque du dragon « qui ne respecte aucune frontière, ne reconnaît pas la propriété et voit en l'homme, au mieux, un instrument et, le plus souvent, une source de nourriture. Franchement, l'idée que votre peuple devienne du bétail pour d'immenses créatures écailleuses vous plaît-elle ? » Difficile de répondre non.
Ortie, la fille de Fitz et Molly, en pense autant ; bien qu'elle s'amuse à titiller Tintaglia (« il suffit de lui chatouiller l'amour-propre (…) pour qu'elle se sente obligée de prouver le contraire »), elle a conscience qu'elle pèse bien peu face à l'énorme animal. Elle sent aussi que Tintaglia se positionne au-dessus d'elle dans le grand ordre des choses (« elle croit que je lui dois fidélité et obéissance ou adoration , simplement parce que c'est un dragon »).

Fitz, de son côté, pour ne pas changer, doute. Il hésite, tergiverse, refuse de croire en l'existence des dragons. Il pense même que la mission de Devoir ne consistera qu'à creuser. Et justement, quand il tente de délivrer Glasfeu des glaces, son esprit croise celui du dragon et la révélation se fait. Hobb emploie des phrases fortes qui montrent la supériorité du dragon endormi : « c'est alors que, tel un raz de marée, le dragon me submergea » ou « le dragon m'envahit et me noya sous son essence ».
La sensation ressentie à la lecture est la même à travers Devoir. Tintaglia ordonne aux ordres de ne faire aucun mal au mâle, au futur reproducteur et tous se sentent l'obligation de lui obéir (« s'agit-il de ce qu'on décrit en parlant du pouvoir de fascination des dragons ? »

Même Umbre change d'avis, mais le vieil homme gris se montre plus diplomate, plus posé dans sa manière de s'exprimer, il en est même drôle. Il admire la beauté et la force, et on ne doute pas du fait qu'il soit curieux à leurs propos et leurs capacités. Mais il préfère voir ça « de loin ». Car « les dragons font de merveilleux et nobles créatures de légende ; de près, mon expérience personnelle m'incite à penser qu'ils laisseraient échapper un merveilleux et noble rot après m'avoir avalé tout rond ».

Laissons les mots de la fin à Fitz, lui doué du Vif, partenaire d'Oeil-de-Nuit, lui a qui si souvent chassé des animaux pour les dévorer : « je me sentais soudain, à un niveau instinctif, devenu proie devant un prédateur démesuré. (…) Fou, qu'as-tu lâché sur notre monde ? »

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