Compagnon
de Vif de Fitz, Oeil-de-Nuit occupe une place importante dans l’œuvre
de Robin Hobb et cela dès sa première apparition.
Qu’est
ce qu’une meute ? Quelles sont les conditions pour être un
membre de la meute ? Très tôt dans la saga, Oeil-de-Nuit
apporte quelques réponses (données alors même que Fitz n’a pas
conscience de la force du lien qui les unit). Le loup lui dit en
effet : « Mais pourquoi m’en prendrais-je à toi ?
Tu apportes la viande. Et les gâteaux au gingembre. » Il ne
dit d’ailleurs pas autre chose, bien plus tard dans les aventures,
en évoquant le Fou. Alors que Fitz lui demande si celui-ci fait
partie de leur clan, Oeil-de-Nuit le corrige en parlant de meute (et
non de clan) et en précisant qu’ « il t’a sauvé la vie,
il t’a donné son gibier et il a partagé sa tanière avec toi ».
On
ne peut pas dire que le loup soit un grand fan des hommes en général.
S’il en respecte quelques uns, il est souvent dubitatif ou dégoûté
par certaines pratiques humaines.
C’est
par exemple le cas quand il suit Fitz dans sa chasse aux forgisés
pour nettoyer Castelcerf du péril ; quand il se rend compte de
ce que fait le bâtard royal, on l’entend dire que « ce
n’est pas de la chasse, ça. La meute ne fait pas ça ».
Car,
comme il le dira plus tard, chasser est commencer à manger et la
viande humaine demande beaucoup d’efforts pour rien. Dans un
premier temps, il aura donc du mal à comprendre le désir de
vendetta de Fitz envers son oncle, Royal. Après tout, « c’est
de la viande que nous ne pouvons pas manger. Je ne comprends pas la
chasse des hommes. »
Lié
à Fitz, il ressent ce qu’il vit ; ainsi, la fête après la
victoire contre les Pirates Rouges à l’île de l’Andouiller ne
lui inspirera que peur et horreur, surtout devant l’état de Fitz,
alcoolisé et perdu (« Du poison ! Cette eau est
empoisonnée »).
Il
remet fortement en cause l’intelligence humaine. Si parfois il sait
se révéler taquin, il se montre carrément dur quand il parle des
hommes. Pour preuve, quand Fitz tente de lui apprendre à chasser
pour lui offrir sa liberté, il comprend rapidement que cela le
conduira à être seul et il ne comprend pas cette attitude et
volonté. Il assène donc à son futur compagnon de Vif cette
terrible réplique : « C’est vrai, tu n’as pas
l’esprit de la meute mais l’esprit des hommes ». Car, à
l’entendre, les hommes ne seraient pas comme tous les autres
animaux, ils voudraient tout contrôler alors qu’ils ne comprennent
pas les choses simples de la vie. Ils ne comprennent même pas que la
mort est inévitable (« Dans nos entrailles, dans nos os, nous
savons tous qu’elle est là. Sauf les humains »).
Il
se révèle parfois moqueur envers Fitz et sa condition d’homme
limité par son physique. Il taquine Fitz qui doit se trimbaler avec
une épée ou une hache quand il veut chasser (« mais moi, je
n’ai pas des dents de vache »).
Malgré
tout, il a de l’estime pour certains : Fitz bien entendu mais
aussi Kettricken. Contrairement à Vérité ou Fitz, il perçoit du
premier coup d’œil la valeur de la Reine après l’avoir observée
se débrouiller avec les forgisés (« Tes craintes pour cette
femelle sont ridicules. Elle chasse bien, d’un croc aigu, et elle
tue proprement. ») Plus tard, lorsque Fitz et les autres seront
à la recherche de Vérité, il ira même jusqu’à l’appeler « la
grande louve » et dire gentiment que « si ta femelle
t’ordonne de me chasser, je me lierai peut-être avec celle-ci. »
Oeil-de-Nuit
est donc intelligent. Il comprend très tôt la vraie nature de
Caudron (« elle ne vaut pas mieux que toi ») ou que Fitz
recherche la compagnie humaine (« tu n’auras pas toujours
besoin que de moi »). Et cela lui sera offert, entre autres,
par Molly et Astérie (qui ont pour point commun d’avoir offert au
loup le spectacle de leurs prouesses avec Fitz…).
Molly
est d’autant plus importante aux yeux d’Oeil-de-Nuit qu’elle
offre à Fitz une petite fille. Et quoi de mieux pour Ortie que
d’être protégée par deux personnes qui ont su montrer leur force
à ses yeux ? Quand Molly protège sa fille et Burrich des
griffes des hommes de Royal, le loup s’exclame : « c’est
une femelle d’une rare valeur ». Quant à Burrich, en plus de
révéler son nom de Vif (« Cœur de la Meute »), il
reconnaît (pour y avoir goûté lors du retour de Finebaie) sa force
et son expérience.
Enfin,
Oeil-de-Nuit permet à Fitz de mieux réfléchir, il l’éclaire de
sa sagesse et l’aide souvent mieux que quiconque. Il lui permet de
rester en vie plus d’une fois et, mieux, est prêt à tout pour lui
(« veux-tu que je te mâche les morceaux ? »,
lorsque Fitz est gravement blessé après sa fuite d’Oeil de Lune).
Il le met aussi en face de certaines évidences. Car Fitz n’est pas
bien doué pour comprendre les motivations des femmes (à propos de
Miel, « je crois qu’elle veut s’accoupler avec toi »)
ou pour comprendre ce qu’il est (au tout début de leur
relation,Fitz aura bien trop souvent tenté de rejeter leur lien,
« tu n’arrives déjà pas à accepter ce que tu es. Tu le
refuses même alors que tu le vis »).
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