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jeudi 30 octobre 2025

La mélancolie de Parangon

Parangon fait partie de ces personnages qui attirent immédiatement l’attention. Certes, il est un bateau magique échoué sur une plage au lourd passé. Mais, cela ne s’arrête pas là car chaque prise de parole de Parangon est un moment plaisant et marquant à lire. En discutant avec Ambre, Brashen ou Althéa, Parangon nous présente sa vision des choses. 

On s’aperçoit très vite que Parangon est obsédé par la question de la mort. La vivenef est suicidaire, elle veut mourir mais elle n’y arrive pas. Elle ne peut pas se débarrasser de tous les événements tragiques vécus. 

Le désir de mourir de Parangon est d’autant plus remarqué que cela le rend jaloux des humains. En effet, ceux-ci peuvent librement décider de vivre ou non. Parangon n’a pas cette possibilité comme il le remarque à Brashen : « tu as le choix auquel je n’ai pas droit, le choix que tous les hommes tiennent pour si évident qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils l’ont (…) Cesser ». Clairement, Parangon est envieux. Et cela ajoute à son comportement, à son mal-être. La rumeur populaire dit que Parangon est une vivenef folle. Ce n’est pas quelque chose qu’il dément. Il en a conscience : il sait que les gens ont une bien piètre opinion de lui tout comme il sait qu’il va mal. On ressent toute sa peine quand il dit que « je vis au bord de la folie. Tu crois que je ne le sais pas ? J’ai appris… qu’est ce que j’ai appris ? Rien. Seulement que je dois continuer, alors je continue. Un vide insatiable me dévore de l’intérieur. Il me ronge, jour après jour ». 

On comprend que le navire ne rêve que d’une chose : mourir. Et qu’il ne pourra jamais atteindre son but, en tout cas pas tout seul. Il confesse à Althéa que « si j’ai survécu, c’est uniquement parce que je ne peux pas mourir ! »

Ainsi, il est dépendant de la volonté des humains. Or, il ne peut pas dire à n’importe qui la façon d’en finir des vivenefs ; et de toute façon, il ne fait pas confiance à grand-monde. Pourtant, Parangon s’ouvre à Ambre et lui révèle qu’ « il faut que tu mettes le feu partout à la fois ». Bien entendu, Ambre est horrifiée d’une telle confession. Elle est aussi sans aucun doute choquée que Parangon ait pris le temps de réfléchir longuement à la meilleure façon d’en finir. Elle sait que ce n’est pas une déclaration dans le vent.

Parangon est habité par la frustration. Ses longues années de solitude l’ont rendu à moitié fou. Quand Ambre, Brashen et Althéa lui permettent de naviguer à nouveau, il se comporte dangereusement (pour lui ou pour son équipage) pendant un long moment, comme si il avait du mal à accepter la réalité de ce qu’il vivait. Il ne peut pas croire qu’il navigue à nouveau, il ne peut pas croire qu’une nouvelle opportunité s’ouvre à lui. Parangon est également mutilé, la figure de proue aveugle est abîmée. C’est le symbole extérieur de tout le mal qu’il a vécu sur son pont : des morts, des viols, des bagarres et d’immenses tragédies. C’est triste mais il avait fini par s’y habituer. On peut penser que Parangon a peur de ce qui s’offre à lui. C’est en tout cas qu’on peut penser en lisant ses propos : « J’aimerais tout voir. Tout ! Ce n’est que ténèbres, Ambre. Etre aveugle sur la plage, c’était dur mais, au bout d’un certain temps, j’ai fini par m’y habituer. Mais là, dans l’eau du nouveau… ». Ceci dit, on peut aussi avoir une analyse plus optimiste des choses et envisager que Parangon se tourne vers un nouveau départ. Il est prêt à changer… Et Ambre lui donnera un nouveau visage et des yeux.

En réalité, le problème de Parangon est qu’il n’est pas ce qu’il aimerait être. Sa famille (les Ludchance) ne veut pas le considérer comme le navire familial après tous les gens qu’il a tués. Et il ne peut pas être ce qu’il doit être : un dragon. Parangon est prisonnier dans une forme qu’il ne désire pas et pour laquelle il n’a aucune appétence (« nous sommes condamnés à une semi-vie, emprisonnés dans un corps balourd qui ne peut pas se mouvoir sans les concours des humains »). C’est presque une humiliation.

Fréquentant les humains, étant en réalité un dragon, Parangon ne peut avoir qu’une piètre opinion de cette espèce.

Comme les autres dragons, il se moque du faible temps de vie des humains. Il rigole de leur prétention de se croire important, de penser qu’ils ont un impact sur le cours des choses. Pour Parangon, les humains sont insignifiants : « tu te tracasses trop. Les humains ont une vie si brève. Ils ont peu d’incidence sur l’univers. Hiémain ne sera donc pas prêtre. Cela n’a probablement pas plus d’importance que si un homme destiné à être roi devenait un simple reclus ». Pour un humain, entendre ça ne peut être que déprimant. Même à ceux qu’il fréquente plus en profondeur, Parangon ne fait pas de cadeau (« d’ici une dizaine d’années, quand tu ne t’intéresseras plus à moi que tu auras cessé de venir me voir, je t’aurai mou aussi aussi oubliée, sans doute »). Les humains ne sont pas plus importants qu’une goutte de pluie dans une tempête. Des années plus tard, Tintaglia n’aura de cesse de le répéter à Fitz et aux autres.

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