L’amour physique est présent dans la saga de l’Assassin royal. Fitz étant le narrateur pendant une bonne partie des romans, c’est à travers ses yeux que nous vivons les choses. Mais, au-delà d’assister aux ébats de Fitz avec des femmes, dont Molly, le lecteur a aussi à certaines scènes cocasses, des moments plus légers, presque drôles, parfois déplaisants. Ce n’est pas la sexualité en elle-même qui produit ce genre de réactions mais le côté voyeur de la chose.
Molly est la femme que Fitz a désirée. Son statut de sang royal l’empêchait de la convoiter, de l’aborder. Si il a passé quelques temps à l’espionner, cela a fini ne par lui suffire. Fitz avait besoin de plus ; il a fini par rêver de Molly de façon intense. Or, Fitz a une particularité : il maîtrise plus ou moins bien la magie de l’Art, c’est-à-dire que certaines de ses pensées peuvent lui échapper. Cela lui arrive une fois alors qu’il est tranquillement perdu dans son songe nocturne. Un Vérité amusé et grognon de ne pas assez dormir le convoque. Il lui explique que Fitz lui impose ses pensées assez coquines (« et moi, j’ai besoin de dormir, pas de me réveiller en sursaut enfiévré par ton… admiration pour cette jeune fille »). Bien entendu, la situation dérange Fitz. Il a honte d’être surpris comme ça. Et pour ne rien arranger, Vérité le titille, le fait tourner en bourrique quand il lui laisse croire que Molly a pu surprendre ses fantasmes (« et prie pour que ta dame Jupe-Rouges n’ait pas le don de l’Art, car sinon elle n’a pas dû manquer de t’entendre pendant toutes ces nuits »). Pour Fitz, l’humiliation est totale et sa réaction ne laisse pas de place au doute : « je ne me serais pas senti plus gêné si je m’étais présenté tout nu devant la cour »).
La situation inverse produit. Quand Kettricken lance une chasse aux forgisés et réveille la fierté de son peuple, elle enflamme également le désir de Vérité. Ce dernier ne voit plus en elle une jeune femme fragile qu’il faut protéger, mais une reine, sa femme, la femme qu’il désire et celle qui doit porter son héritier. S’ensuit alors une nuit de passion à laquelle Fitz assiste bien involontairement. Tout enfiévré par son désir, Vérité abaisse sans le vouloir ses murailles. Témoin, Fitz se sent pris par du désir pour Kettricken : « j’espérais être le seul à avoir ainsi tout perçu ; alors, nul mal n’en sortirait tant que je n’en parlerais pas. Tant que je parviendrais à effacer de mon souvenir la fraîcheur des lèvres de Kettricken et la douceur de sa peau blanche ». La chose est claire : Fitz sait que son voyeurisme, bien involontaire, est mal. Il en a honte. Mais, on sent pointer aussi une autre chose : une passion de Fitz pour Kettricken. C’est quelque chose qui se répètera plusieurs fois dans le récit et qui sera accentué par Oeil-de-Nuit qui estime énormément la Montagnarde.
Bien plus tard, Fitz finira par céder aux avances d’Astérie. La ménestrelle n’a cessé de le draguer, de mettre en avant son intérêt. Alors que Vérité est prêt à éveiller son dragon pour combattre les Pirates Rouges, Astérie et Fitz s’isolent pour partager un moment intime. Mais, Fitz n’est jamais seul car Oeil-de-Nuit est avec lui, liés qu’ils sont par le Vif. Ainsi, même si la distance les sépare, une connexion émotionnelle, sensorielle les lie. On a donc un moment assez amusant quand Astérie voit le loup agir comme si il avait participé aux ébats (« le loup, en s’étirant, s’inclina profondément devant elle. La ménestrelle se retourna vers moi, les yeux écarquillés »). Astérie est donc surprise. Toutefois, sa réaction laisse songeur car la ménestrelle savait le lien entre les deux (« voilà qui éclaire d’une façon tout à lait nouveau le fait de lui gratter les oreilles »)…
La passion entre Fitz et Molly a traversé les âges. Après avoir sauvé les Six-Duchés des Pirates Rouges, après avoir sauvé Devoir des Pie puis de la Femme Pâle, Fitz a enfin pu vivre une vie de couple avec Molly, son amour d’enfance. Et ils en ont profité pour rattraper le temps perdu, passant beaucoup de temps l’un avec l’autre, de façon intime et peu importe l’endroit. Persévérance rapporte qu’il fallait « toujours frapper deux fois à leur porte (…) puis attendre un peu et frapper à nouveau ». Car leur appétit sexuel était bien connu : « on n’entre jamais sans y avoir été invités : on ne sait jamais quand ils vont se sauter dessus ». On peut supposer que quelques serviteurs sont tombés sur le couple en train de faire l’amour.
Enfin, il faut finir sur une note plus négative, plus déplaisante et qui concerne Dwalia. Même si elle est celle qui a enlevé Abeille, il est triste de la voir subir les assauts d’un capitaine d’un navire qui la prend pour un autre. Dwalia n’a pas d’autre choix que coucher avec lui si elle veut maintenir l’illusion. Abeille entend ce qui se passe sans comprendre ce qui se passe (« j’entendais des coups rythmés en provenance de la cabine, et je caressais l’espoir que c’était sa tête qui cognait contre la cloison (…) Elle poussait à présent de petits cris aigus, à peine audibles à travers le solide panneau de bois »). La description laisse peu de place au doute : Dwalia est en train de coucher avec le capitaine.
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