Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

jeudi 10 juillet 2025

La relation entre Kettricken et Fitz

La première rencontre entre Fitz et Kettricken est tout sauf paisible. Mal renseigné par Royal, Fitz ne se doute pas qu’il parle à la future reine des Six-Duchés, il la prend pour une simple servante. Quant à Kettricken, elle a été trompée par les belles paroles de Royal et elle a tenté de tuer Fitz en l’empoisonnant. C’est donc un bien mauvais départ dans leur relation… ce qui ne va pas empêcher qu’un fort lien se crée entre les deux.

En arrivant à Castelcerf, Kettricken sort du lot. Elle a une vision différente de concevoir le pouvoir, de voir la responsabilité du souverain sur son peuple. Mais, son physique aussi la met à part. Sa blondeur et sa musculature font d’elle une femme remarquée. Fitz est sensible à la grâce qui se dégage de Kettricken : « à côté des autres femmes engoncées dans leurs robes et leurs énormes manteaux, Kettricken paraissait agile comme un félin ». Fitz remarque donc la beauté de Kettricken. 

Un aspect compliqué du lien entre Fitz et Kettricken est le lien d’Art entre Vérité et Fitz. Liés comme ils le sont, les deux partagent beaucoup de choses, d’autant plus qu’ils ont parfois tous les deux du mal à garder leurs murailles mentales. Des émotions, des sentiments leur échappent et contaminent, d’une certaine façon, l’un ou l’autre. Ainsi, après une purge contre les forgisés, Fitz est témoin bien malgré lui d’une nuit de passion entre Vérité et Kettricken (« tant que je parvenais à chasser de mon souvenir la fraîcheur des lèvres de Kettricken et la douceur de sa peau blanche, si blanche… »).


Fitz éprouve donc du désir pour Kettricken, peu importe la raison. Les deux se rapprochent encore plus dans un contexte qui les force à se dresser contre Royal et ses manigances. Ils sont les seuls à avoir à coeur le sort des habitants des Six-Duchés et ils doivent protéger Vérité comme ils le peuvent. 

Vérité parti, ce dernier confie à Fitz sa femme. Il lui demande de veiller sur elle. Ils passent donc du temps ensemble. C’est Oeil-de-Nuit qui donnera un avertissement à Fitz, qui le poussera à faire attention à ce qu’il ressent et son comportement. Fin observateur de ce qui se passe, le loup prévient Fitz qu’il y a du « danger » car « ce n’est pas ta femelle. C’est celle de ton chef de meute ».  Si le loup lui dit ça, c’est donc qu’il a perçu ce qui se dégageait de Fitz. Là encore, Fitz est influencé par Vérité : l’Art lui joue des tours. D’ailleurs, Fitz s’en rend compte et il doit se le rappeler (« Kettricken était ma reine, mais je n’étais pas Vérité et elle n’était pas celle que j’aimais, si fou que devint mon coeur quand je la regardais »).


La même situation se répète alors que Fitz et Kettricken s’enfoncent dans les Montagnes pour retrouver Vérité. 

Alors que Fitz s’apitoie sur son sort, se dévalorise, Kettricken tente de lui montrer qu’il est bien trop pessimiste. Surtout, on comprend que Kettricken a regardé au-delà de l’apparence de Fitz ; elle a vu sa fidélité et son courage, son abnégation et son dévouement. Ses mots sont assez clairs et laissent peu de place au doute : « en tant que femme, je vous affirme que, malgré vos cicatrices, vous êtes loin du monstre que vous vous croyez. Vous êtes encore un jeune homme avenant, par des aspects qui n’ont rien à voir avec vos traits physiques, et, si mon seigneur Vérité n’emplissait pas mon coeur, je ne vous dédaignerais pas ». Il faut aussi noter, une nouvelle fois, que Vérité se dresse entre Kettricken et Fitz. Mais, on est loin d’être dans un triangle amoureux où Kettricken ne sait pas lequel choisir : Kettricken aime Vérité et elle n’a aucune intention de le tromper ou de coucher avec un autre.

Toutefois, Fitz et elle partagent une forte connexion qui sera encore plus renforcée grâce à Oeil-de-Nuit. Kettricken trouve dans le loup un ami, un compagnon de chasse (« quand le loup et moi chassions la nuit, Kettricken venait avec nous »). Le loup est admiratif de sa force et de son agilité, et Kettricken gagne son respect. Oeil-de-Nuit a tendance à dédaigner les humains, à ne pas comprendre leur façon d’être et d’agir ; les choses sont différentes avec Kettricken. Il lui donne un nom et il est attentif à ses demandes (« la grande louve m’a demandé de veiller sur toi. Alors je veille »). 

Moqueur, Oeil-de-Nuit prononce une phrase ironique qui montre malgré tout l’estime qu’il a pour la montagnarde : « si ta femelle t’ordonne de me chasser, je me lierai peut-être avec celle-ci ».


Des années ont passé. Fitz s’est coupé du monde, s’est plongé dans un exil volontaire. Le monde, lu, a continué d’avancer. Fitz est forcé de revenir à Castelcerf sous une fausse identité pour retrouver le prince Devoir, le fils de Kettricken, qui a disparu. Sous l’apparence d’un domestique, il arpente les couloirs du château royal et finit par apercevoir Kettricken. Sa réaction montre qu’il conserve encore un fort respect pour Kettricken : « à sa vue, mon coeur cessa de battre, et je songeai à la fierté que Vérité aurait éprouvée (…) « Oh, ma Reine » fis-je tout bas. Elle s’arrêta net il me sembla presque l’entendre prendre une brusque inspiration ». On croirait presque que les années de séparation ont renforcé la puissance des sentiments de Fitz ; Kettricken lui a tellement manqué que la revoir suffit à le bouleverser. 

Kettricken est également contente de revoir Fitz. Son absence l’a peinée mais elle a respecté sa décision (« vous aviez tout sacrifié à votre devoir, et, si la solitude était la seule récompense que vous désiriez, j’étais heureuse de vous l’accorder. Pourtant, j’avoue être heureuse de votre retour »). On perçoit là quand même un sacré regret : Kettricken sous-entend que Fitz aurait pu mériter mieux, aurait pu réclamer plus que l’anonymat. Mais, elle a su respecter la décision de son ami sans pour autant la partager pleinement. 


Une scène va illustrer l’intimité de Fitz et Kettricken. Alors que son loup est mort, Fitz est triste et incapable d’entamer son deuil. Il n’a personne avec qui partager sa douleur, pas même son vieil ami le Fou. C’est Kettricken qui va lui permettre d’entamer le processus en partageant avec lui un moment physique intente : « elle resta debout près de moi, tenant ma tête contre son sein, me caressa les cheveux et me laissa pleurer tout en parlant d’une voix brisée de mon loup et de ce qu’il avait représenté pour elle ». Pour que Fitz se laisse aller comme ça, il faut qu’il ait été dans une situation de confiance. Kettricken, elle, a presque une attitude maternelle.

Kettricken dresse ensuite un parallèle avec Vérité. Les deux savent ce que c’est de perdre quelqu’un et de pleurer intérieurement sa mort. La disparition d’Oeil-de-Nuit réveille ça, même si Fitz pelure plus intensément la mort de son loup, comme Kettricken pleurait plus intensément la mort de son mari. Kettricken souligne que « ce n’est pas la première tragédie que nous partageons ». Ce fardeau crée alors un point commun entre les deux (« vous et moi avons traversé seuls une grande part de notre existence »).

Le Fou, lui, est envieux de ce qui existe entre Fitz et Kettricken. Il aurait tant aimé être celui qui console Fitz. Il s’en veut de ne pas pouvoir être à la place de la reine (« ma foi, je suis heureux que quelqu’un ait pu t’aider. Même si je suis jaloux de Kettricken »).


Plus tard, Fitz frôle la mort en éliminant la menace Laudevin. Il git dans son sang, dans un état inconscient. Kettricken est affligée de le voir dans cet état. Elle aimerait utiliser tous ses pouvoirs de reine pour le sortir de prison et l’aider, mais elle ne le peut pas car cela soulèverait des questions que la reine aide un simple domestique. On pourrait, par exemple, se demander s’il est son amant.

Devoir nous fournit une réponse. Kettricken ne voit pas qu’en Fitz un ami, un compagnon de longue date. Elle le voit aussi comme le protecteur de la mémoire, de la lignée des Loinvoyant, elle a conscience de son impact et de son importance. Devoir dit : « savez-vous ce que ma mère voit en vous ? (…à Si elle vous baptise oblat, c’est qu’elle vous regarde comme le roi légitime des Six-Duchés, et cela sans doute depuis que mon père est mort ». 

Pour autant, une nouvelle fois, Kettricken va materner Fitz, prendre soin de lui (« une femme passa son bras autour de mes épaules, me redressa et porta de lait tiède à mes lèvres »).

Et, leur relation va prendre une nouvelle fois un aspect physique quand ils vont s’embrasser sans aucune intention sexuelle (« quand elle posa ses lèvres sur les miennes, j’eux l’impression de me désaltérer longuement à une source fraiche et je sus que ce baiser n’était pas pour moi mais pour l’homme qui nous manquait à tous les deux »). Il n’y a pas de désir sexuel ici ; le baiser est juste un moyen de se rapprocher dans le rappel de souvenirs, de se remémorer Vérité. D’ailleurs, Kettricken le dit clairement : « tout le mal dont vous avez été victime a eu un résultat bénéfique : il m’a rappelé brutalement tout ce que je vous dois et combien je vous estime ».


Dans la trilogie du Fou et de l’assassin, la distance et Molly séparent Fitz et Kettricken.

Les deux se revoient malgré tout quelques fois : la maladie d’Umbre ou la mort d’Eyod. En se rendant dans les Montagnes, Fitz peut chevaucher à côté de Kettricken et échanger avec elle (« je faisais partie des gardes de Kettricken, je portais ses couleurs, le blanc et le violet, et je déplaçais avec la suite royale ». Tout cela montre que Fitz est un homme de Kettricken. Lui a accordé sa fidélité à Subtil puis à Vérité l’a ensuite confié pendant des décennies à la montagnarde. 

Kettricken continue d’aussi bien cerner Fitz. Elle se doute qu’une forme de mélancolie et de tristesse peut très bien accompagner Fitz alors qu’il se rend vers les Montagnes, là où il a perdu à la fois Fouinot (son premier compagnon de Vif) et Vérité. Kettricken en parle à Ortie et affirme que «  le voyage a peut-être réveillé chez toi de vieux souvenirs, des souvenirs tristes ».

Quant à Molly, son dédain est clair. Elle reproche à Kettricken son silence : « Molly n’avait jamais pardonné à la reine de lui avoir laissé croire que j’étais mort ».

C’est dans cette trilogie que Kettricken va réaliser un de ses plus grands rêves : réhabiliter Fitz, faire en sorte que le peuple sache tout ce qu’il a fait. Elle est assez claire car on peut lire son regret que « si peu soient au courant «  et que cela a été « une épine cruelle dans mon coeur ». Kettricken va se servir d’une initiative d’Elliania pour mettre Fitz face à son destin, et présenter le prince FitzChevalerie Loinvoyant à tous. 


Les deux partagent un autre moments forts quand ils croient Abeille disparue pour de bon. Elle anticipe que cela est moment éreintant et éprouvant, et elle passe la nuit avec lui. A nouveau, il n’y a rien de sexuel, juste deux amis qui prennent soin l’un de l’autre. Notons malgré tout que si la chose semble claire pour Kettricken, Fitz est un peu plus dans le doute : « le parfum de Kettricken était omniprésent, et je sentais une pression chaude en bas de mon dos : elle dormait derrière moi, et ses bras m’enlaçaient. C’était mal ; c’était bien ». Kettricken tente d’aider Fitz comme elle le peut, même si elle sent et sait que ses efforts sont vains (« je pense que vous êtes parti quand vous avez perdu Abeille, et que vous n’êtes plus là depuis »).

Le moment est alors venu pour elle de faire ses adieux et d’avouer qu’elle est au courant d’un des plus grands secrets de la saga, à savoir ce qui s’est passé la nuit de la conception de Devoir. Vérité avait emprunté le corps de Fitz pour coucher avec sa femme, Fitz n’avait jamais osé dire ce qui s’était passé. Or, Kettricken savait : « merci pour mon fils (…) je sais depuis des années comment ça s’est passé (…) Votre corps, la volonté de Vérité ». Cela n’a pas l’air de la déranger plus que ça.


Après les événements de Clerres, tout le monde croit Fitz mort. Kettricken est durement touchée par la nouvelle. Abeille remarque qu’elle était « alitée depuis qu’elle avait appris la disparition de mon père (…) elle était pâle et paraissait âgée ». Puisqu’elle pense Fitz parti pour bon, Kettricken a perdu son plus vieil ami, celui avec qui elle a partagé tant de choses. Il n’est pas étonnant de la voir dans cet état.

En réalité, Fitz est vivant mais très faible, rongé par des vers. Il tente de forger son loup de pierre et d’Art. Oeil-de-Nuit contacte Abeille pour la prévenir. Abeille prévient les autres que son père est encore en vie. 

Abeille apprend aussi un fait qui remet un bon nombre de choses en question ; le loup pense que Molly a su apporter et donner à Fitz de l’amour, mais que « c’est Kettricken que j’aurais choisi pour nous ». C’est une énorme déclaration qui montre toute la valeur de Kettricken du point de vue du loup.

Est-ce une relation gâchée ? Kettricken sème quelque peu le trouble en murmurant à Fitz que « vous ne m’avez jamais vue » lors de leurs dernières retrouvailles. Peut-on décerner là des regrets ? Il semble difficile de répondre clairement à cette question.


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