L'assassin royal repose en grande partie sur le développement de la relation entre Fitz, un homme et Oeil-de-Nuit, un loup. Oeil-de-Nuit est recueilli par Fitz alors qu'il est encore petit. Il doit donc l'éduquer en prenant en compte plusieurs paramètres : Fitz a le Vif et peut donc communiquer et partager avec lui, le Vif est mal vu et est considéré comme une magie perverse, Fitz a des obligations qui l'éloignent parfois de son compagnon. Malgré tout, le lien se construit et s’épaissit. Et si Fitz joue son rôle d'instructeur, le loup lui enseigne parfois certaines choses, notamment avec ce qu'il appelle l'esprit de meute, ce que les humains appelleraient une solidarité, une entraide au sein d'un groupe. Dès lors, la chasse est une activité vitale car elle permet de nourrir les membres d'une meute. C'est en tout cas ce que dit le loup à Fitz (« la viande, la chasse, la défense du territoire, et les femelles... tout ça, ça fait partie de la meute. Quand elle aura des petits, est ce que je ne chasserai pas pour les nourrir »). Il pense que la chasse ne peut être une activité solitaire. Elle permet à un groupe de se maintenir en fournissant la nourriture nécessaire au développement de tous, et en particulier des plus jeunes (« c'était le principe de la meute : l'adulte, moi, fournissait la viande pour nourrir Loupiot, le petit. J'étais le chasseur qui rapportait une partie de sa chasse »). Bien chasser est alors un critère d'appréciation important pour Oeil-de-Nuit. C'est sans doute pour ça qu'il estime grandement Kettricken. Il a pu l'observer à plusieurs reprises : il a remarqué sa dextérité, sa précision, son efficacité ; il affirme qu' « elle chasse bien, d'un croc aigu, et elle tue proprement ». Si Oeil-de-Nuit apprécie tant la chasse, c'est parce qu'elle est pour lui une question de survie. Il ne peut pas stocker de nourriture comme les humains, il ne peut pas en acheter ou en faire venir d'autres pays. Lorsque Fitz se retrouve dans le corps du loup, il a un aperçu de la chose : « la vie révèle une pureté que l'on découvre quand on fait que manger chasser, manger et dormir (…) nous n'avions pas envie de chevreuil quand se présentait un lapin et nous ne chassions pas les corbeaux qui venaient picorer nos reliefs ».
Chasser pour manger, chasser parce qu'on partage un lien de Vif. C'est en tout cas ce que pense Fitz. Avant que les gens doués du Vif ne soient traqués et tués, ils semblaient être bien plus présents et aptes à profiter des effets positifs de leur magie : « pour ma part, je la soupçonne d'avoir été autrefois la magie naturelle des chasseurs, par opposition aux paysans, la magie de ceux qui se sentaient une affinité avec les animaux des bois ». Mais, les choses ont changé, surtout après l'épisode du Prince pie. Les gens du Vif ont été traqués, chassés sans aucune merci. Burrich rapporte que « c'est pour ça que (…) ce n'était pas un crime de les chasser et de les brûler ». D'ailleurs, les tomes suivants, notamment ceux couvrant les règnes de Royal et Kettricken, montreront toutes les cruautés vécues par les gens du Vif. On appellera cette magie la magie des bêtes et ils seront chassés, découpés, démembrés.
La chasse peut également revêtir un aspect traditionnel. On en a l’exemple avec celle qui se tient lors de la Fête de l'Hiver (« à mi-fête, se tient une chasse ; on répand du sang frais pour maquer le tournant de l'année »).
La chasse est également un loisir, un passe-temps pour certains. C'est le cas des membres de la famille royale. En ce qui concerne Vérité, cela semble être la seule activité extérieure qu'il affectionne (« depuis toujours, son plus grand plaisir, c'est la chasse. Il a un chien de loup, Léon, pour qui il a plus d'affection que certains n'en ont pour leur fils »). Ce n'est pas une activité sans risque et nombreux sont ceux à en subir les frais. Burrich est grandement touché par un accident de chasse en voulant protéger Chevalerie d'un sanglier (« une fois que que sa jambe eut guéri, il comprit que plus jamais il ne monterait à cheval ») et Fitz manque de peu de se faire malmener par un glouton (« si j'ai bonne mémoire, il a bien failli t'avoir, toi aussi »).
Enfin, une autre forme de chasse a lieu : la chasse aux forgisés. Les Six-Duchés sont touchés par un mal qui les ronge de l'intérieur lors de la guerre contre les Pirates Rouges. Des habitants sont privés de tous sentiments, toutes émotions et commettent les pires atrocités, sur les routes, dans les villages. Il convient alors de se débarrasser de cette infection. C'est d'autant plus nécessaire que la reine-servante Kettricken a été attaquée par une horde de forgisés. Au lieu de se terrer ou de se cacher, elle prend les choses en main et organise donc cette chasse aux forgisés. Pour les gens de la cour, cela doit être un événement festif. On se pare de ses plus beaux atours, on sort les belles couleurs... bref c'est une chasse comme une autre. Kettricken voit les choses différemment : il n'y aura aucune gloire, ce sera même une honte de tuer des forgisés. Elle retire tout le caractère social de cette activité (« les chasseurs ôtèrent plumes et rubans, insignes et joyaux de leurs vêtements et les remirent à des pages. L'humeur joyeuse et faraude s'était évaporée. La reine avait anéanti cette protection , forcé chacun à voir en face qu'il allait perpétrer »). Cette chasse n'a pas pour but de se nourrir. Elle est juste une élimination systématique d'un mal qui dérange. Fitz peut concevoir sa nécessité avec sa logique humaine, pas Oeil-de-Nuit : « alors que je regardais les cadavres émaciés que je venais de tuer, j'entendis : ce n'est pas de la chasse, ça. La meute ne fait pas ça ».
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