Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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dimanche 8 janvier 2023

Il était une fois Partage

Pour les rebuts de la société, ceux qui refusent l'ordre de Jamaillia ou les esclaves, Partage est la ville rêvée. Comme d'autres îles, elle est considérée le dernier refuge des exclus. En réalité, c'est un coupe-gorge, c'est la ville des exclus. C'est mieux que rien. Partage n'a pas une bonne réputation. Tout le monde le sait, des pirates aux Marchands en passant par les vivenefs. Parangon en dresse un portait assez explicite : « tu ne sens pas la puanteur de Partage ? Les deux de bois, les latrines, les charniers où ils brûlent leurs morts ? Quand ce n'est pas l'eau, c'est le fleuve qui m'apporte le goût aigre de Partage ». Cette image déplaisante de la ville est répandue. Pour les visiteurs, c'est toujours un choc ; pour ceux et celles qui y vivent, cela semble une normalité réconfortante. Kennit, lui, rêve d'autre chose. Il rêve que les pirates dépassent le fait de survivre dans un cloaque. Il jette donc un regard lucide sur Partage : « qu'avons nous à Partage actuellement ? Une collection de brutes ». Les gens y sont donc violents, ne pensant qu'au présent sans se projeter vers le lendemain. Ils boivent, s'aiment et se tuent. Ce n'est pas une ville où on cherche la repos, où on peut espérer élever paisiblement sa famille. La cité déborde de bruits et de violence (« Kennit avait fermé le petit hublot de la cabine pour empêcher la puanteur de Partage de pénétrer, mais les bruits de débauche nocturne se faisaient néanmoins entendre »).

Ce mode de vie semble plaire. Les gens qui y vivent ont l'illusion de la liberté. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent sans rendre de compte à personne. Sorcor précise que « Partage est une ville d'hommes libres. On n'a pas de chef ». Ce sont de belles paroles. Elles sont loin de correspondre à la réalité. C'est la loi du plus fort, des brutes. Des brigands dévalisent et terrorisent , des femmes sont exploitées pour vendre leurs corps. Il n'y a ni système de protection ni système d'alerte, encore moins de navires de patrouille. Partage est donc ouverte à tous, et surtout aux menaces. Quand les Chalcédiens attaquent Partage, ils la ravagent. La ville est détruite, les gens perdent tout. Lorsque l'équipage de Kennit s'y rend, ils sont choqués par ce qu'ils voient : « on aurait dit des spectres silencieux, loqueteux ». Pire, les habitants de Partage sont là, ils se contentent d'attendre un miracle. Rien n'est fait pour tenter de colmater les brèches, lutter contre les incendies, rebâtir les bâtiments (« la dévastation était complète (…) indiquait que l'attaque avait eu lieu des semaines auparavant mais nul signe d'un effort quelconque de reconstruction (…) Partage, une des plus anciennes colonies pirates, était morte »). Les gens de Partage sont résignés, ils ont baissé les bras. Ils n'ont jamais réellement cherché à développer leur ville et ils en paient là les conséquences. Aucun d'entre eux n'a de réelle vision, de réel projet. Le manque de leader se fait sentir.

Kennit, lui, est ambitieux. L'homme rêve de devenir le Roi des Pirates, il veut marquer l'histoire, dépasser Igrot (celui qui fut son tourmenteur, son bourreau). Ses intentions sont claires : « Nous allons lancer la construction de Partage ». Il faut noter que c'est totalement inattendu et inédit de la part des pirates : d'habitude, ils ne pensent qu'à eux.

Dans son entreprise, il est aidé et soutenu par Hiémain. L'homme est plus ou moins impartial : son éducation ne l'a pas fait fréquenté les pirates ni même les Marchands. Il a étudié l'histoire, il saisit les grandes forces à l’œuvre, il comprend ce qui peut motiver un homme ou un groupe d'hommes. C'est aussi un enfant qui est devenu un homme depuis que son père l'a forcé à naviguer. Les épreuves l'ont marqué et il n'est plus cet individu qui se laisse marcher sur les pieds. Il prend la parole pour exposer ses idées et il le fait clairement : « ce port pourrait être fortifié. Partage pourrait se déclarer au grand jour. Vous pourriez draguer ce bourbier puant que vous appelez port et revendiquer votre place sur les cartes des Marchands. Vous n'auriez qu'à redresser la tête et dire « Nous sommes un peuple, non une bande de hors-la-loi et de proscrits de Jamaillia » - Choisissez vous un chez et prenez-vous en main ». Pour Hiémain, Partage n'est qu'un immense gâchis. Son mythe n'est que mensonge. Partage n'a jamais été un refuge pour les pirates, c'est uniquement un endroit où quelques rejetés du monde attendent que la mort vienne les prendre (« Partage est morte. Elle n'a jamais figuré sur aucune carte, et n'y figurera jamais. Parce que ses habitants étaient déjà morts »).

La résignation est manifeste. Les rescapés se plaignent, ils ne font que se plaindre ou pleurer, chercher de faux coupables. Ils reprochent à Kennit d'en avoir trop voulu : « on risque pas de retrouver une cachette comme Partage ! On était en sécurité, ici, et vous avez tout fichu par terre. Les pillards qui sont venus ici, c'est vous qu'ils cherchaient tout spécialement ».

Les habitants de Partage ont beau protesté, rien ne peut résister à la marche du progrès. Kennit prend les choses en main et change la ville. Ses travaux mènent à sa transformation, et Partage se redresse. Althéa Vestrit se rend à Partage et se rend compte que « pour une ville qui avait été ravagée par le feu il n'y avait pas si longtemps, elle s'était bien relevée ». On comprend que Kennit n'a pas que reconstruit la ville, il a gagné le cœur des gens et leur a redonné de la fierté : « les gens de là-bas ne parlent pas de Kennit comme d'un tyran redoutable. Il est un chef bien-aimé qui a privilégié les intérêts de son peuple. Il libère les esclaves ». Partage est enfin devenu une cité libre, une cité où les esclaves sont en sécurité.


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