Les dragons et loups chassent pour se nourrir. Les hommes également mais la viande chassée n'est pas leur unique source d'alimentation. Certains animaux sont élevés, des produits sont importés, en tout cas avant la guerre contre les Pirates Rouges qui a énormément freiné le commerce. On sait que les châteaux ont des cuisiniers, il y a des boutiques qui vendent à boire et à manger. Puisqu'on suit Fitz, on voit ce qu'il mange. Ce qui est intéressant est que Fitz voyage, fréquente la noblesse et aussi le peuple : on a donc une vision élargie de ce que mangent les gens des Six-Duchés dans les trois premiers tomes (l'apprenti assassin, l'assassin du roi et la nef du crépuscule).
La première fois qu'on voit Fitz, il est en compagnie de soldats qui sont en garnison près de la frontière des Montagnes. Ce ne sont donc pas des plats préparés avec soin dans le château de Castelcerf mais des aliments qui doivent tenir au corps. Jason, un soldat, lui donne de quoi manger : « il étendit viande et fromage sur une tranche de pain ». Notons que ce qui peut sembler être une ration militaire sera plusieurs fois répétée dans d'autres contextes.
Ramené à la capitale du pays, Fitz passe beaucoup de temps dans le bourg, dans la ville qui s'étend autour du château. Lorsqu'il est petit, dans un premier temps, avant que Burrich ne surveille son éducation, son alimentation n'est pas contrôlée. Il mange tout et n'importe quoi, en tout cas tout ce qui est à sa portée (« je passais un certain temps chaque jour à grappiller à droite et à gauche – quignons brûlés chez les boulangers, lustrons et algues sur la plage, poissons fumés dans les séchoirs »). Plus tard, lorsqu'il rencontrera Molly et passera du temps avec elle, les deux jeunes gens improviseront des pique-niques ou dégusteront une bonne boisson dans les rues (« sur le chemin du retour, nous fîmes halte dans une échoppe de thé ; elle m'offrit du vin chaud »).
Mais, Fitz n'est pas du même milieu social que Molly. Il est le fils, certes bâtard, d'un prince. Il est reconnu par la royauté et il a donc accès aux festivités. A ces occasions, les plats sont variés et divers. Après une fête, il y a des restes et cela ne peut que combler un garçon comme Fitz : « sur les tables de la Grand-Salle trônaient des trésors : pâtisseries entamées et plats de viande. J'avais aussi découvert des coupes pleines de pommes et des tranches de fromage (…) Je m'étais attribué un gros pâté en croûte. » Que ce soit à Castelcerf ou ailleurs, les plats semblent plus recherchés. Lorsqu'il est envoyé en mission pour savoir ce que trafique le duc Kelvar, on se rend compte que la nourriture ne lui plaît pas : il n'est pas habitué à quelque chose de plus raffiné. C'est la déception pour Fitz quand on lit que « je rêvais d'une bonne assiette de viande bien chaude, avec du pain pour éponger la sauce, mais on nous proposa de minuscules bouchées de viande étrangement épicées, des compotes de fruits exotiques, du pain pâlot et des légumes blanchis à l'eau, puis assaisonnés ». Grâce, une jeune femme assez futile à ce moment du récit, précise un autre plat du repas : « il était frais et bien cuit. La même truite que celle que j'ai eue au dîner ». En se rendant dans les Montagnes à l’occasion du mariage à distance de Vérité, Fitz tombera sur des plats plus à sa convenance (« ils s'avancèrent sans hésiter et déposaient des roues de fromage, des miches de pain noir, des viandes séchées ou fumées, des condiments et des bols de fruits »).
A Castelcerf, il faut nourrir au quotidien les habitants du château, la famille royale, les soldats, les maîtres (d'armes, des écuries, d'écriture, de construction de bateaux). La nourriture doit donc être abondante et quasiment tout le temps à disposition pour celles et ceux qui ont un creux. Mijote, la cuisinière en chef, y veille particulièrement : « en entrant dans les cuisines, j'imaginais déjà l'énorme saladier en terre cuite recouvert d'un linge dont Mijote veillait toujours à ce qu'il soit plein de biscuits moelleux, et aussi certaine meule de fromage très piquant en me disant que les deux iraient très bien avec une chope de bière » et « Mijote gardait en permanence une marmite de ragoût à bouillonner au-dessus du feu, du pain et du fromage attendaient sur la table, ainsi qu'une motte de beurre d'été ». Cela est alléchant et appétissant ; malheureusement les choses changent bien vite pour Fitz quand il suit l'enseignement du maître d'Art Galen. Le menu est bien différent, on y trouve « gruau froid de grain bouille, pain, eau et purée de navets ». Plus tard, Fitz sera mis à la disposition de Vérité et ce sera l'occasion de voir ce qu'un prince peut manger au petit-déjeuner. L'assiette est bien garnie : « pain chaud fourré de miel et de raisins secs, viande froide, une assiette de fraise accompagnée d'un pot de crème, le tout en petites portions (…) Je versai le thé fumant dans une chope, il était abondamment aromatisé au gingembre et à la menthe poivrée ». Quand Vérité demande à un page de lui apporter à manger, on peut penser que les gens de la famille royale ont accès à une autre alimentation (« et lui ordonna d'apporter du vin et des friands dans son cabinet »). D'ailleurs, à un Subtil en perte de forces, Le Fou apporte un plat revigorant et plaisant : « je sentis l'arôme d'un bouillon de bœuf et de pain à l’œuf tout frais sorti du four ».
En ce qui concerne la boisson, il y a bien entendu de l'eau, du thé, mais aussi de l'alcool. Fitz remarque qu'il avait déjà « tâté de la bière, brune et blonde, et du vin » alors qu'il est encore un adolescent. L'alcool semble être de tous les repas, de toutes les occasions. Alors que Fitz et Umbre se rendent à Forge, ils partagent un repas frugal accompagné d' « long trait d'une outre d'eau, puis un autre, plus court d'une flasque d'eau-de-vie ». Bien entendu, tous ne boivent pas : c'est le cas de Molly qui a l'alcool en horreur.
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