Dans les romans des Cités des Anciens, nous suivons principalement des dragons. Ce ne sont pas des créatures remarquables, majestueuses : elles sont égoïstes, attardées physiquement. Elles sont dépendantes de la bonne volonté des humains de les nourrir. En réalité, les dragons sont devenus un poids, un fardeau que les humains, les Marchands en tête, ne veulent plus supporter. Ils cherchent à s'en débarrasser, à les éloigner. Mais comment et où ? Car les terres sont désolées, il est déjà compliqué de nourrir les humains qui y vivent. Alors, les Marchands proposent à des jeunes gens désœuvrés de s'occuper des dragons, de les emmener loin.
Ce sont les dragons eux-mêmes qui proposeront une destination : Kelsingra. On comprend que Kelsingra est une cité mythique, et aujourd'hui disparue. La géographie montre que la terre a grandement changé, que sans aucun doute des catastrophes ont eu lieu. Leftrin, un capitaine de vivenef, nous informe que « deux autres cités des Anciens, se sont enfoncées dans la terre ou ont été ensevelies (…) le même phénomène a pu se produire pour Kelsingra (…) on sait qu'un énorme cataclysme a frappé le pays il y a très longtemps ; il a provoqué la disparition des Anciens et la quasi-extinction des dragons ; il a tout changé. » Très rares sont les humains qui ont des souvenirs ou ont trouvé des traces de Kelsingra. Pour les dragons, la situation est différente puisqu'ils ont les souvenirs des dragons qui ont existé avant. Mais, ces dragons-là ne sont pas que des ombres d'eux-mêmes, ils ont également une mémoire incomplète. Mercor a une vision idéalisée et biaisée de Kelsingra, sans doute qu'il s'est forgé une image plus belle que la réalité. Surtout, il cherche à convaincre les autres dragons de la nécessité de partir, lui a bien senti que le vent a tourné et que les humains ne veulent plus s'occuper des dragons. Il s'exclame alors qu' « aucun de nous ne t'oublie, pas même ceux qui ne veulent se souvenir ! Kelsingra, berceau des Anciens, cités de puis aux eaux d'argent, de vastes places de pierre baignées par le soleil d'été et des collines giboyeuses. » Sintara se rappelle d'un temps plus simple, d'une époque où des dragons n'étaient pas réduits à se comporter presque comme des proies : « des souvenirs de la cité la submergèrent (…) elle avait été dessinée pour refléter la cohabitation harmonieuse des Anciens et des dragons. » Mais, il y a un souci comme le remarque un dragon : « nous ignorons son emplacement, et nos souvenirs ne servent à rien pour la localiser. »
C'est là qu'Alise, une Marchande, entre en jeu. La jeune femme cherche à échapper à un mari manipulateur et à combler sa passion des dragons. Elle les étudie, elle rassemble tous les documents qu'elle peut les concernant. En arrivant à Cassaric, Alise tombe sur Malta Vestrit et des Marchands en plein débat : ils se demandent ce qu'il faut faire des dragons. Le consensus est donc de leur trouver de nouvelles terres, de faire en sorte qu'ils s'éloignent et qu'ils ne pèsent plus sur le développement des villes. Ils ont également entendu les dragons et leurs rumeurs : Kelsingra. La cité fait saliver les Marchands : ce n'est pas seulement l'opportunité de se débarrasser des dragons mais aussi de faire le commerce de biens, objets hypothétiquement trouvés. Mais, comme pour les dragons, la même question se pose : où est Kelsingra ? Alise ne peut que leur donner une réponse incomplète : « je ne puis vous répondre avec précision. Autant que je sache, on n'a jamais découvert de carte des zones que nous regroupons aujourd'hui sous le nom de désert des Pluies. » Pour autant, Alise est convaincue que Kelsingra existe (« j'ai relevé suffisamment de références de Kelsingra pour savoir qu'elle a existé -et qu'elle existe encore quelque part »). Retrouver Kelsingra sera donc un réel défi, non seulement pour les humains mais aussi pour les dragons. Car, en plus, parmi eux, certains ont baissé les bras. Ils ont abdiqué ; on sent le dragon Sestican résigné quand il dit que « ils ont besoin autant de nous de terres sèches et sans limite. S'ils pouvaient voyager dans cette directions, ils l'auraient fait depuis longtemps, et, si Kelsingra existait encore, ils l'auraient découverte. »
Retrouver Kelsingra sera donc ardue. La ville est prometteuse et alléchante. Ce n'est pas qu'un nouveau départ pour les dragons mais aussi pour les gardiens chargés de prendre soin d'eux (Sylve : « Graffe affirme qu'on put changer les règles, qu'une fois à Kelsingra, nous en ferons notre ville où nous vivrons avec nos dragons – et où nous édicterons nos propres lois absolument sur tout »).
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