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mercredi 17 avril 2024

Le Fou, homme, femme ou peu importe ?

Dans l’assassin royal, l’aventure se déroule à travers les yeux de Fitz. Il est le principal narrateur, il est celui qui délivre un bon nombre d’informations, celui qui permet au lecteur d’observer ce qui se passe. Fitz n’est pas neutre, ni objectif, il a des émotions, des sentiments, des préjugés, des attentes. Il faut aussi noter que des informations historiques, des détails de biographie, des compte-rendus de missions d’Umbre et autres choses sont présents à chaque début de chapitre. C’est donc via Fitz que l’on rencontre pour la première fois le Fou. Tout nous laisse croire que le Fou est un homme, un jeune garçon même si son apparence physique rend la chose compliquée à estimer. Quand le Fou est mentionné, ce sont des pronoms masculins qui sont employés, les tenues qu’il porte sont celles des hommes. Pour autant, Fitz a des doutes. Enfant curieux, il demande au Fou s’il est un homme ou une femme. La réponse du Fou est claire et illustre bien qui il est : un individu qui aime jeter un voile de mystères autour de lui, qui a une forte envie de garder ses secrets (« on a beaucoup débattu du sexe du fou. Quand, plus jeune et plus direct que je ne le suis aujourd’hui, je l’interrogeai sur la question, il me répondit que cela ne regardait personne d’autre que lui-même »). Et c’est ce qu’il s’est employé à faire à la cour de Castelcerf, un endroit où les gens proches du pouvoir sont soumis à tout un tas de pression, d’observation et parfois de malveillance.

L’insistance à découvrir le sexe du Fou se fera plus présente lorsque Fitz et les autres partiront à la recherche de Vérité. Dans ce groupe, il y a une ménestrelle appelée Astérie qui est attirée par Fitz. Mais, elle est jalouse de la complicité entre Fitz et le Fou. Elle aimerait que le bâtard royal s’intéresse plus à elle, qu’il ait moins de moments seuls avec le Fou. Astérie analyse alors la situation et en vient alors à une conclusion simple : «  Le fou est une femme, et elle est amoureuse de vous ». De son point de vue des choses, Astérie ne peut admettre que deux personnes soient si proches sans qu’il n’y ait d’attirance physique ou amoureuse. Comme Fitz est un homme, Le Fou ne peut être qu’une femme, déguisée et habillée certes. Fitz, inquiet et vexé, s’en ouvre au Fou. Il l’aborde maladroitement, lui disant que son attitude laisse croire de fausses choses à Astérie. Le Fou lui répond alors que le sexe importe peu, que l’amour ne se définit pas par le genre tout comme toutes les autres relations : « depuis le temps que je vis parmi vous, c’est la seule chose à laquelle je n’ai jamais pu m’habituer : l’importance que vous attachez au sexe de chacun ». Elle est peut-être là d’ailleurs la raison d’une telle différence de point de vue : le Fou n’est pas des Six-Duchés, il vient d’un autre pays, d’une autre culture. De façon grivoise, le Fou questionne Fitz sur son amour pour Molly (« dis-moi, Fitz, était-ce Molly que tu aimais ou ce qu’il y avait sous ses jupes ? »). Autrement dit, est ce que le genre de la personne est un préalable au développement de sentiments amoureux ? Pour le Fou, clairement non. Cette question met Fitz au pied du mur, il ne sait trop quoi réponde, il se perd dans des explications vaseuses.

Des décennies plus tard, les deux auront une violente dispute quand Fitz surprendra une conversation entre le Fou (appelé Sire Doré) et Jek, une amie du Fou. Jek a connu le Fou quand il était Ambre (une femme) dans les Aventuriers de la Mer. Fitz surprend la conversation et est choqué par ce qu’il entend. Si le Fou est une femme, ça remet en cause toute leur histoire commune. Fitz a énormément de mal à assimiler qu’il ait pu partager tant de moments intimes avec un homme, et surtout une personne qu’il ne connaît pas. Il va même plus loin dans les paroles cruelles en disant qu’il n’envisagera jamais de coucher avec le Fou. Il ne peut simplement pas.

Dans la trilogie du Fou et de l’assassin, on se rend compte que le sexe du Fou importe peu. Ceux qui le connaissent ont appréhendé son amour des secrets, le fait qu’il n’aime pas trop en dévoiler sur lui, sa passion des déguisements et ses différentes identités. Umbre s’est servi des talents du Fou (notamment en terme de maquillage) pour perfectionner ses costumes et apparences.

Lorsqu’ils s’en vont vers Clerres, le Fou a un serviteur appelé Cendre. Or, ce dernier est aussi Braise (une femme). Cela surprend Persévérance (« Alors, c’est sa véritable identité ? C’est une fille et elle s’appelle Braise »). Cela choque le jeune homme car il trouve Braise attirante et a du mal à laisser aller ses sentiments en sachant qu’il joue aussi l’homme. La réponse de Fitz le soulage et montre aussi au lecteur tout le chemin parcouru. C’en est Fini du Fitz coincé et buté, qui ne parvient pas à dépasser la barrière du genre. Il lui dit que « son identité est son identité, parfois c’est Braise ; parfois Cendre. C’est comme être père, fils et peut-être époux : ce sont toutes des facettes d’une même personne. »

Abeille, elle, se rend compte que la question du sexe du Fou n’intéresse plus personne : « à bord, Bien-Aimé était devenu quelqu’un qui s’appelait Ambre. Pourquoi il avait tant de noms et pourquoi c’était à présent une femme, je n’en avais aucune idée. Tout le monde paraissait trouver cela normal » .

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