Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

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dimanche 31 octobre 2021

Ambre, rien qu'une étrangère ?

Le Fou a atteint son objectif : il a permis à Vérité et au groupe de Kettricken de réveiller les dragons de pierre. Ceux-ci ont enrayé la progression des Pirates Rouges et vont permettre à un Loinvoyant de rester sur le trône des Six-Duchés. Sa mission accomplie, le Fou s’en va. On le retrouve alors dans les Aventuriers de la Mer, sous le nom d’Ambre, en tant que femme, ce qui sans doute ferait bien plaisir à Astérie.

Dès ses premières apparitions, on sent que Ambre a été fortement marquée par ce qu’elle a vécu dans les Six-Duchés. Elle a vu des hommes et des femmes donner leurs vies pour écrire leur histoire, elle en a vu d’autres baisser les bras et se laisser porter par les événements. Ambre est à la recherche d’un individu particulier et elle pense que c’est Althéa. Elle a repéré la jeune femme Vestrit, dépossédée de son héritage légitime, et qui pourtant continue de se battre : «  beaucoup, naturellement, pestent et ragent contre l’habit que le destin leur a tissé, mais cela ne les empêche pas de le ramasser et de l’endosser, et la plupart le portent jusqu’à la fin de leurs jours. Vous… vous préférez marcher nue à la rencontre de la tempête ». Elle a la même réflexion quand elle finit par rencontrer Hiémain, cette personne à neuf doigts qu’elle recherche tant (« je ne connais pas Hiémain. Mais je sais une chose : quand les circonstances s’y prêtent, les gens qui ne semblent pas y être destinés accomplissent des choses extraordinaires »). Comment ne pas y voir une référence à Fitz, ce bâtard que l’histoire a voulu écraser et qui pourtant a contrarié son destin ?

Mais, Ambre a beau bien parler, a beau rencontrer des gens de Terrilville, elle reste une étrangère dans une société aux règles strictes. Les Marchands protègent leurs avantages, ils tentent de maintenir leurs traditions dans un monde qui change : certains d’entre eux se vendent pour des pièces, le Gouverneur remet en cause la charte d’origine. Dès lors, malgré qu’elle soit commerçante, comment se faire une place ? Ambre est trop différente pour s’intégrer. Elle le sait d’ailleurs et le dit clairement à la vivenef Parangon : « je pourrai vivre aussi longtemps que je le veux dans cette cité, y exercer mon métier le plus honnêtement du monde possible, je resterai toujours une nouvelle venue. Les immigrants ne sont pas les bienvenus à Terrilville, et la solitude me pèse ». Là encore, c’est la conséquence directe de son périple dans les Montagnes : elle a été si proche de Fitz, d’Oeil-de-Nuit et des autres !
Althéa remarque la grande finesse et l’intelligence d’Ambre. Mais, elle a toujours en tête la pensée qu’Ambre n’est pas de chez elle. Quoique Ambre puisse faire, elle ne sera jamais considérée comme faisant partie de Terrilville. C’est pourtant une époque de violence où la cité est menacée, et même les vivenefs comme Ophélie. Là où des Marchands tergiversent, Ambre est claire, il faut agir. Althéa ne peut que remarquer l’attitude d’Ambre, elle « se sentit soudain confirmée dans se craintes. C’était la réaction qu’elle avait espéré de sa mère. Chose curieuse : c’était une nouvelle venue, non un Marchand de Terrilville qui avait immédiatement saisi toute l’importante des nouvelles qu’elle apportait. »
La curiosité d’Ambre dérange Althéa. Ambre, comme le Fou, a toujours aimé creuser sous la surface, en savoir plus sur les gens et les terres visitées. Quand elle veut en savoir plus sur les activités des Marchands, le commerce des biens trouvés des Anciens, Althéa lui répond franchement et fraîchement que « ce sont les affaires des Marchands de Terrilville. On n’en parle pas avec des étrangers ». Notons aussi qu’Ambre est sceptique ; quand elle débarque à Terrilville, c’est avec des préjugés (« jusqu’à ce que je ‘en voie une, que je l’entende parler, je croyais que c’était une fable délirante inventée pour rehausser le prestige des Marchands de Terrilville »).

Ambre se tourne alors vers une catégorie de gens invisibles : les esclaves. Dans l’assassin royal, elle avait déjà exprimé tout le mépris qu’elle exprimait pour l’esclavage. Cette pratique, soi-disant interdite, est pratiquée au grand jour à Terrilville. Une bonne part de l’économie de la cité repose dessus : ils travaillent au port, dans les champs, ils servent dans les maisons, etc. Même Althéa qui a vu son lot de saleté ne parvient pas à bien saisir l’ignominie de l’esclavage, elle ne comprend pas : « tu vois ce qui se passe et pourtant tu ne vois rien. Les esclaves ne sont pas des femmes, Althéa (…) elles sont de la marchandise, des objets, des biens (…) Si une vie peut être évaluée en argent, alors sa valeur peut baisser, sou par sou, jusqu’à ce qu’elle soit nulle. Quand une vieille femme vaut moins que la nourriture qu’elle mange... » 
Il semblerait presque que l’inclination d’Ambre pour les esclaves soit un mystère pour d’autres femmes Vestrit. Par exemple, Ronica ne saisit pas pourquoi Ambre a aidé les esclaves, leur a appris à se coordonner, sans gain apparent (« Ambre a fait tout ça ? Ambre la fabricante de perles ? Pourquoi ? ») Rache, une servante de la famille Vestrit, pense que c’est une affaire personnelle et elle n’a sans doute pas tort (« elle porte un anneau de liberté à l’oreille (…) elle a fini par dire que c’était un cadeau de son unique amour »). Cela fait référence à un cadeau fait par Fitz au Fou.
Pour autant, encore une fois, Ambre a clairement exprimé ses objectifs. C’est Rache qui nous les rapporte : « je suis un prophète, j’ai été envoyée pour sauver le monde ».

Loin des Six-Duchés et de Fitz, Ambre s’ouvre un peu plus. Elle aime le bâtard Loinvoyant, elle le répète, y fait de nombreuses allusions. Elle a bien compris que c’était un amour sens unique, que Fitz est convaincu que le Fou est un homme et que cela représentera toujours un obstacle entre eux (« pour aimer ainsi, il faut admettre que la vie de l’autre a autant d’importance que la tienne. Plus dur encore, il faut admettre que l’autre a des besoins que tu ne peux pas satisfaire »). On sent la détresse, toute la peine d’Ambre. Cela a sans doute contribué au fait qu’il ait besoin de protéger. Il faut aussi préciser que, jeune, trop s’ouvrir lui a causé du tort : dans son pays natal, il a été moqué, brimé quand il s’est clairement exprimé sur son rôle de prophète. Dès lors, il n’est pas étonnant de lire que « mes secrets sont ma cuirasse. Sans eux, je suis très vulnérable à toutes sortes de blessures ».

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