Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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mardi 25 mai 2021

L'histoire d'Elliania (partie 1)

Les Six-Duchés et les Pirates Rouges se sont fait la guerre. Elle aura laissé des terribles cicatrices : des forgisés, des morts, des villes détruites et la vengeance. Mais, le temps passe et Kettricken a pour projet de rapprocher les deux pays. Cela va donc passer par un mariage entre Elliania et le prince Devoir. Elliania est une narcheska outrilienne, c’est-à-dire qu’elle est la fille aînée d’une famille influente.

C’est le Fou, de passage chez Fitz, qui parle pour la première fois de la jeune femme. Lui qui a beaucoup voyagé ces dernières années est revenue aux Six-Duchés et en a profité pour quérir un bon nombre d’informations sur l’état du monde. Il confirme les intentions de Kettricken : « il paraît qu’elle va donner le prince Devoir comme époux à une narcheska d’Outre-Mer, pour sceller le traité qu’elle propose ». Le projet est osé et ambitieux, beaucoup de duchéens ont de la rancune envers les outriliens, ils n’oublient pas et ne pardonnent pas tout ce qu’ils ont vécu de mal à cause d’eux. Et ce ne sont pas que ces critiques de gens du peuple, mais aussi de gens influents et proches de Kettricken comme Umbre et Laurier. Le maître assassin pense que la Reine veut aller trop vite alors que la veneuse de Kettricken se dit que la Reine devrait chercher une princesse venant d’une grande famille des Six-Duchés.

Mais le gros des critiques envers Elliania concerne son âge, son apparente jeunesse. Ce n’est qu’une gosse comme le soulignent beaucoup de gens. Le Fou (Sire Doré) sous couvert d’un faux état alcoolisé et de son statut d’étranger aborde la question lors d’un dîner chez les Bresinga. Il veut sans doute tester leur loyauté, voir leurs intentions, et quel meilleur moyen que voir s’ils partagent les vues de la Couronne ? Le Fou parle crûment, il est presque insolent en disant qu’« elle sort à peine de l’enfance. Elle a quoi ? Onze ans ? C’est une gamine ! Elle est beaucoup trop jeune ». Le principal concerné, Devoir, se dit la même chose (« de quoi vais-je bien pouvoir lui parler ? De poupées ? De broderie ? »). Cependant, c’est un mariage arrangé et il n’a pas son mot à dire. Il devrait peut-être se renseigner sur l’histoire de sa mère et voir à quel point il est difficile de débarquer dans une cour où tout le monde vous pointe du doigt, met en avant votre différence. On reprochait à Kettricken sa grandeur, son teint clair, son franc-parler ; on reproche à Elliania son âge et les méfaits de ses concitoyens. La suite des aventures nous montrera qu’elle a autant souffert des exactions des Pirates Rouges de Kebal Paincru que certains gens des Six-Duchés. Fitz y va également de son appréciation (« La narcheska...je l’ai vue. Ce n’est qu’une enfant »). Il est d’ailleurs étonnant de le voir sous-estimer Elliania, lui aussi n’était qu’un gamin quand on l’a formé au métier d’assassin : il doit savoir que la valeur d’une personne ne se mesure pas à son nombre d’années. Umbre lui répond alors, via un euphémisme, que « c’est une reine en bourgeon ». La formulation est déjà plus délicate.

Elliania arrive donc au château de Castelcerf. Elle n’est pas non plus très enthousiaste, elle a des critiques négatives envers les Six-Duchés. C’est totalement différent de sa terre natale, c’est une autre culture, les gens n’ont rien à voir avec les outriliens. Il faut préciser que les îles d’ Outre-Mer forment une société matriarcale. Elliania supporte mal la séparation avec les siennes, sa mère et les autres (on verra par la suite que les raisons sont un peu plus complexes). Elle affirme que « ce prince va m’arracher à la lignée de nos mères comme une branche à un arbre, et je vais me dessécher ici et devenir toute fragile jusqu’à ce que je me casse en petits morceaux ». Kettricken avait déjà eu ce genre de remarques : contrairement aux Montagnes et aux îles d’ Outre-Mer, on demande aux femmes nobles des Six-Duchés d’être belle en toute occasion, de ne pas se livrer à des activités trop physiques. Elles sont là pour faire des enfants. Notons que la guerre qui vient de se dérouler va peut-être changer les mentalités : Kettricken a traversé les duchés pour retrouver son mari, Félicité et Célérité ont lutté contre les Pirates, Dame Grâce s’est affirmée. 

La situation d’Elliania est compliquée, elle n’est pas libre de ses choix ; elle est sous l’influence d’Henja (une servante) et plus encore de la Femme Pâle qui a un moyen de pression : sa mère et sa sœur. Ses tortionnaires se sont rendues compte qu’elle a fait une mauvaise première impression, qu’elle paraît bien trop jeune, pas assez séduisante. Il y a un risque pour que Devoir ne succombe pas à son charme, cela serait contraire à leurs plans. Elles décident donc de rendre Elliania plus attirante : il faut qu’elle montre son corps. Henja lui donne une tenue qu’elle doit porter lors de sa première apparition publique tout en lui disant qu’il y aura des conséquences si elle désobéit (« C’est une robe qui parlera aux hommes des Six-Duchés. Elle la portera (…) Si elle refusait de la mettre, cela représenterait un danger pour la maison de vos mères »).

Devoir et Elliania apprennent à se connaître, sans qu’aucune intimité ne soit possible entre eux deux. Devoir demande à ses proches ce qu’ils pensent de la narcheska. Le bien mal placé Civil lui donne son avis. Il faut préciser que Civil vient d’avoir le cœur brisé. Civil pense que les femmes agissent par intérêt, il dit donc à Devoir de se méfier («Civil n’apprécie guère Elliania ; d’après lui, elle est comme Sydel, la fille qui l’a insulté et qui l’a bafoué : elle cherche seulement un bon parti »). Il faut voir au passage la naïveté de Devoir qui n’a toujours pas compris après son enlèvement (ou fugue) qu’un membre de la famille royale n’était pas libre de ses choix, qu’il a des responsabilités envers sa famille et le Royaume.

Mal conseillé, Devoir commet donc un impair. Il laisse croire à Elliania qu’elle est trop peu intelligente pour maîtriser un jeu, et il se rapproche dangereusement d’une jeune noble (Vanta).  Et, tandis qu’elle fait  patienter Devoir lors d’une sortie à cheval jusqu’à ce que cela en soit humiliant, elle envoie son oncle Peottre mettre les choses au point : « ce n’est plus une enfant selon nos critères (…) dans nos îles, où est la vie est plus âpre que votre terre clémente et hospitalière, nous estimons de mauvaise augure de compter un enfant comme membre d’une famille pendant les douze premiers mois (…) elle a presque le même âge que le prince Devoir ». On retrouve là une différence importante entre les deux pays, c’est aussi une critique assez forte contre les Six-Duchés et leur mode de vie, qui favoriserait l’émergence de gens faibles. 

Lors d’une séance d’espionnage de Fitz, nous en apprenons un peu plus sur Elliania. Le fait qu’elle soit sous emprise, manipulée se confirme. Par une magie inconnue, on fait pression sur elle. Son dos est couvert de tatouage de serpents (sans doute les mêmes serpents qui ne doivent pas éclore selon les gens de Clerres comme on le verra plus tard), des marques imposées par la Femme Pâle. Fitz n’y voit que de la beauté (« elle était torse nue et tatouée de la nuque à la taille (…) l’effet était curieusement superbe, car on avait l’impression que la bête se trouvait emprisonnée sous la peau, semblable à un papillon qui tente de s’échapper de sa chrysalide »). La réalité est ailleurs, c’est un outil de supplice pour la jeune narcheska (« le serpent vert, je crois (…) quand il brûle, c’est si fort que les autres me semblent en feu aussi »).

Dès lors, en colère ou obligée de le faire, Elliania n’a pas d’autre choix qu’imposer un défi à Devoir. Il faut que le prince lui prouve sa valeur, elle veut voir de quel bois il est fait. Elle titille son orgueil et sa fierté en lui demandant de réaliser un exploit (« Apportez-moi la tête de Glasfeu »). Glasfeu est une légende, c’est un dragon endormi. C’est donc un ennemi de ceux qui ne veulent pas voir revenir les dragons. De son côté, Devoir n’est qu’un adolescent qui veut prouver sa valeur, il a en tête les exploits de ses parents : il accepte. 

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