Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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mardi 18 mai 2021

Héritages et trahisons de Royal

Le coup d’État de royal a réussi. Il est parvenu à prendre le pouvoir à la place de son grand frère, Vérité. Malheureusement pour lui, il n’a pas un soutien franc et massif. Rien ne s’arrange avec les Pirates Rouges qui intensifient leurs attaquent le long des côtes et pénètrent même dans les terres. Des gens meurent, beaucoup souffrent. Dans les Montagnes, Fitz et Kettricken finissent par retrouver Vérité. Mais, l’ancien prince n’est plus que l’ombre de lui-même : sa construction d’un dragon de pierre et d’Art lui prend toute son énergie. 

Le Dragon de Vérité chassera les Pirates Rouges et participera à mettre à bas le régime de Royal. Ce dernier aura été marqué par beaucoup de souffrances, de comportements égoïstes et une très forte ambition du jeune homme. A la lecture de la seconde série de livres de l’assassin royal, on se rend compte que l’héritage et les trahisons de Royal perdurent encore dans les Six-Duchés.

La première moitié de l’histoire tourne autour de la situation interne des Six-Duchés. Le prince Devoir a été enlevé par des Pie (des gens qui ont le Vif) et la Reine Kettricken demande à Fitz de le retrouver. Le chef des Pie, Laudevin, est motivé par la vengeance. Les Six-Duchés ont toujours été particulièrement durs et violents contre ceux qui avaient le Vif. Plus récemment, on a vu ce que ça subit Fitz à la fois de la part de Burrich (qui a tout fait pour détruire sa magie) mais aussi de royal ; il ne faut pas non plus oublier la bastonnade reçue par Rolf le Noir en pleine rue sans que personne ne lui vienne en aide. On gagne encore en cruauté et en perversité avec ce que développe Royal. Laudevin nous apprend que sa mère a été découpée en morceaux et« quant à mon père, ma foi, je suis convaincu que le temps que les soldats de Royal Loinvoyant ont mis à exécuter ma mère ses yeux a dû lui sembler des années ». Il n’est donc pas étonnant de voir l’homme développer de la haine et une forte envie de revanche et de vengeance contre les Loinvoyant. Dans cette logique, la capture de Devoir, faire de lui un Pie serait une grande réussite. Sa haine est d’autant plus exacerbée que la méchanceté de Royal ne le concernait pas. En effet, si Royal a traqué des gens du Vif, c’est uniquement à cause de Fitz. Ce sont des disputes entre Loinvoyant qui ont fait souffrir inutilement des centaines de gens (« pourquoi tant de nos parents, accompagnés de leurs bêtes, ont-ils été massacrés dans ces cirques ? Pour trouver un traître prêt à traquer et éliminer le Bâtard-au-Vif ? Il est temps et plus que temps que les Loinvoyant paient pour leurs atrocités »). Des années après la mort de Royal, ses actes ont donc de fortes répercussions et menacent l’équilibre du Royaume.

Il n’est pas si étonnant de noter que Royal fut un piètre dirigeant. Du temps où il régnait, il a totalement délaissé la défense des côtes pour aller se cacher dans l’Intérieur. C’est quand même un choix surprenant quand l’ennemi vient à partir de bateaux.

Dans le roman L’homme noir, la Femme Pâle dit à Fitz que Royal est allé encore plus loin dans la traîtrise. Il était assez surprenant de voir que les Loinvoyant avaient si peu de choses, si peu de renseignements sur l’Art. Certes, Galen fut un exécrable professeur, certes cela était devenue une magie confidentielle. Mais, ça n’expliquait pas tout. D’après la Femme Pâle, l’explication est simple puisque Royal a collaboré avec ses adversaires (« mes agents ont négocié avec Royal, eh oui, afin de placer hors de votre portée certains instruments qui auraient pu faciliter votre tâche »). La réalité éclate ensuite aux yeux de Fitz à Aslevjal : « j’avais devant moi la bibliothèque d’Art qui avait disparu de Castelcerf, secrètement vendue par Royal, pour financer son train de vie fastueux ». Royal a donc joué avec la survie du Royaume pour continuer à se vautrer dans le luxe et le plaisir, il a joué avec la sécurité de ses sujets pour assouvir ses penchants pour les drogues.  

Notons au passage que sa consommation de drogue (la Fumée), héritée de sa mère, perdure après sa mort. La cour singe ses membres les plus influents (« des brûleurs à Fumée, devenus populaires au temps de Royal, commencèrent à faire leur apparition »).

Ce n’est pas la seule chose dont les Six-Duchés gardent la trace. Dans la Reine solitaire, le Fou faisait déjà allusion à ce qui allait se passer. Son ton était grave et inquiet quand il parlait des changements apportés par Royal : « il fait plaisir à son corps à l’aide de drogues et s’insensibilise l’âme à coups de divertissements brutaux ; oui et il propage la maladie à ceux qui l’entourent ». Astérie abonde dans ce sens. Elle qui va et vient sur les routes du Royaume, va de château en château, est une bonne observatrice de ce qui se passe. Elle a vu des gens du Vif être brutalisé. Son constat est simple, elle pense que « Royal a éveillé dans les Six-Duchés un appétit pour les jeux sanglants avec son Cirque du Roi et son système de jugement par le combat ».

Royal a laissé sa marque sur les héros. On sait qu’il a battu à mort Fitz, on sait qu’il a mis à prix la tête d’Umbre, on sait qu’il a traqué Vérité. Mais, même mort, il continue d’avoir une influence sur eux.

Fitz n’a jamais oublié ce qu’il a vécu dans les cachots et il lui a fallu beaucoup de temps pour arriver à l’appréhender (« à l’époque où je me remettais de mon enfermement dans les cachots de Royal (…) j’avais fini par ne plus dormir que le jour et quand je savais Burrich à côté de moi pour me protéger »).

Royal, grâce à son clan d’Art, a violé l’intimité du Fou. Il a pris une des choses les plus importantes (l’amitié de Fitz) et l’a salie, bafouée, piétinée. Des années plus tard, le Fou se sentira toujours coupable de ça, même si il n’y est pour rien (« il gardait un souvenir honteux et douloureux de cette trahison involontaire et, bien qu’elle remontât à de longues années, il portait toujours le poids de ses remords »).

Enfin, Royal sert de point de comparaison, d’échelle de mesure. Il inspire. C’est en tout cas ce que ressent Fitz en voyant le nouveau personnage du Fou. Le Fou a en effet besoin d’une nouvelle identité pour revenir à Castelcerf. Il emprunte celle d’un noble de Jamaillia. Il intrigue, il joue, il séduit, il dépasse les limites et cela choque Fitz : « comment as tu pu inventer ce personnage de Sire Doré ? Je crois n’avoir jamais connu d’aristocrate plus médisant et dépourvu de moralité ! (…) Tu me faisais penser à Royal. »

C’est de Royal dont se sert Fitz pour mettre en garde Umbre et le prévenir qu’il emprunte une route glissante. Umbre est totalement pris dans ses recherches et expériences sur l’Art. Il redoute de vieillir, de perdre ses moyens physiques et mentaux. L’Art doit l’aider à faire face à ça. Mais, Umbre prend des risques, se sert de la naïveté de Lourd. Fitz n’a pas d’autre choix que le secouer. Il lui rappelle l’un des pires traits de Royal, il lui remet en tête l’obsession malsaine de royal (« un autre Loinvoyant a tenté d’utiliser l’Art pour ses propres desseins. Son talent n’était ni puissant ni très affiné mais il puisait dans l’énergie de son clan pour parvenir à ses fins (…) voulez-vous devenir un nouveau Royal ? »)

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