Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

jeudi 18 mars 2021

Le cocufiage dans le Royaume des Anciens

La monogamie semble être la norme dans le Royaume des Anciens. Des couples se forment et se défont, certains vont jusqu’au mariage. Même les gens du Vif ne peuvent avoir qu’un compagnon à la fois.

On retiendra les paroles du Fou dans Adieux et retrouvailles (« tu m’as expliqué que Molly n’accepterait jamais ton lien avec le loup, qu’elle t’obligerait à choisir entre elle et lui »). C’est cette idée qui est sous-jacente dans un grand nombre de livres, on ne peut avoir qu’un seul compagnon. Dans la durée en tout cas. Car les personnages ne sont que des hommes et des femmes, ils sont donc faillibles. Certains ont des amants, certaines trompent leur conjoint.

Fitz pense qu’il est officiellement en couple avec Molly, peu importe la volonté du Roi Subtil. Le destin a beau lui mettre des obstacles dans la route, c’est la chandelière qui est sa femme. Il se détourne, sans trop la vexer, de Célérité. Fitz commet une faute, il se laisse séduire par une jeune femme lors d’une fête au château de Castelcerf (« elle me tapota la jambe amicalement. Un peu plus haut qu’elle n’avait posé la main »). A sa décharge, il est drogué, intoxiqué par des poisons qu’il vient de débarrasser dans les appartements de Subtil. La réaction de Patience nous montre à quel point la simple tentation de l’adultère est mal vue dans cette société et aussi par elle, à cause de sa propre histoire. Patience a toujours en travers de la gorge le fait que Chevalerie ait eu un bâtard avant de l’épouser. Patience dit donc crûment à Fitz que ce qu’il fait est honteux : « C’était un prétexte pour te faire sortir avant que tu ne te déshonores complètement (…) comment peux-tu te comporter de cette façon ? Es-tu ivre ? »

Ceci étant dit, Fitz a quand même quelques valeurs. Il repoussera longtemps les avances d’Astérie, tenu par sa fidélité envers Molly.

Un autre cas intéressant est celui de Vérité et Kettricken. A ce stade du récit, il faut noter deux choses importantes : Vérité et Fitz sont liés par l’Art et Vérité est parti en quête des Anciens. Kettricken est donc seule, seule dans un monde qu’elle connaît peu et où elle a beaucoup de mal à s’intégrer. Elle est la pâle étrangère, trop grande, trop différente. Elle se rapproche donc de Fitz, son seul ami.

Mais, Fitz est donc sous l’influence de l’Art de Vérité, une magie que le Roi-servant maîtrise bien mieux et plus puissamment que lui. Est-ce à cause de ça que Fitz ressent une attirance physique pour la Montagnarde ? En tout cas, Oeil-de-Nuit le prévient qu’il y a « danger (…) ce n’est pas ta femme. C’est celle de ton chef de meute. »

Fitz est tenté, on sait déjà qu’il a une grande estime pour Kettricken : elle sait se battre, elle parle bien, elle est adroite à cheval. Quand il la regarde, il voit une femme forte. Rien ne s’arrange donc quand il a Vérité qui l’accompagne (« Kettricken était ma reine, mais je n’étais pas Vérité et elle n’était pas celle que j’aimais, si fou que devint mon cœur quand je la regardais »).

Astérie et Fitz ont une relation particulière. La ménestrelle a dès le début montré son attirance physique pour le bâtard. Elle veut coucher avec lui. Fitz se considère l’époux de Molly, il la repousse. Quand Fitz lui avoue que leur mariage n’est pas officielle et que Burrich veille sur Molly, Astérie insinue le doute en lui (des doutes qui seront confirmés bien plus tard quand, croyant Fitz mort, Burrich et Molly se mettront ensemble). Fitz se demande si Molly a bien pu ressentir des choses pour l’ancien maître des écuries, d’autant plus qu’il sait que Burrich plaît aux femmes. On peut ainsi lire les interrogations de Fitz : « avait-elle jamais eu des vues sur lui ? Non, c’est avec moi qu’elle avait fait l’amour ce jour-là, à moi qu’elle s’était accrochée bien que nous ne puissions nous marier ».

Notons qu’Astérie parviendra à faire l’amour avec Fitz, seulement quand Fitz aura tiré un trait sur Molly.

Plus tard, nous retrouverons Astérie et Fitz dans une situation identique, sauf que Fitz apprend qu’il est l’amant et qu’Astérie est mariée. C’est Heur qui le lui dit. Cela force Fitz à cesser ses aventures sexuelles avec la ménestrelle, il ne veut pas faire d’un autre homme un cocu. Astérie, toujours aussi agile avec les mots, proteste et ridiculise son ami. Elle ne comprend pas sa réaction, pourquoi il accorde tant d’importance à ce genre de choses, alors qu’il sait que les ménestrelles donnent leur corps à qui ils ou elles veulent. Astérie précise donc la situation (« il ignore tout, par conséquent ça lui est égal (…) Tu as transmis ta morale rigide à ce jeune homme ; j’espère que tu es fier de savoir que ton éducation a donné naissance à un autre père la Vertu comme toi, toujours prêt à juger les autres au nom de sa pudibonderie ! »)

A-t-elle tort ? Fitz a toujours eu du mal à déclarer ses sentiments : il lui a fallu un temps fou pour dire à Molly ou au Fou qu’il les aimait, il lui a fallu beaucoup d’événements pour se lier à Oeil-de-Nuit. Mais, il n’est pas si coincé que ça, il aura connu intimement trois femmes (Molly, Astérie et Jinna), si on met de côté l’épisode Kettricken. Et si il a repoussé des femmes (Miel, Fifre, Tassin), c’est parce qu’il se considérait comme lié, marié à Molly. Il avait en tout cas du désir pour elles.

Là où Astérie a raison est que son éducation, ainsi que le fait de vivre avec Burrich, l’ont mené à de la retenue. Il a conscience qu’il n’est pas bon d’être que le cocu et que dans ce cas-là, « ton mari en souffrira si jamais il apprend ce qu’il y a entre nous (…) les ragots peuvent blesser ce genre d’homme plus profondément qu’un poignard. »

Dans l’assassin royal, c’est donc la relation entre Molly et Fitz qui illustre bien la question de la fidélité. Doit-on en vouloir à Molly d’avoir aimé Burrich ? Peut-on reprocher à Fitz d’avoir reconquis Molly après la mort de Burrich ?

Fitz se retrouve une fois dans la peau de l’humilié, du cocu. Dans la trilogie du fou et de l’assassin, Molly meurt quelques temps après la naissance d’Abeille. Cette dernière est si menue, si différente qu’on s’interroge sur sa survie, et sur la réelle identité de son père. Évite (ou Pépite), bien à l’aise dans son costume de provocatrice, pose clairement la question : « Dites-moi, quel noble a-t-il engendré le petite, qu’elle doive se cacher auprès de vous ». Humilié par les allusions, Fitz se retient (« une tempête d’émotions s’était soudain levée en moi (…) je crois que, pour la première fois de ma vie, j’eusse frappé une femme sans défense »). Se penser trompé est donc un camouflet.

Témoin privilégié malgré son jeune âge, Persévérance éclaire parfaitement la relation entre les deux (Fitz et Molly) en racontant une anecdote croustillante à FitzVigilant : « il n’en existait qu’une pour lui : dame Molly ». S’il dit ça, c’est que des ragots ont circulé à Flétribois quand la jeune et belle Évite est arrivée au château. Certains murmuraient que c’était la nouvelle maîtresse de Fitz.

Enfin, on ne peut pas passer à côté du triangle constitué de Sédric, Hest et Alise. Dans les Cités des Anciens, Alise est une fille de Marchande qui vient d’épouser, contre toute attente, Hest. Ce qu’elle ne sait pas est que Hest se sert d’elle comme couverture. Car, non seulement, Hest la trompe mais en plus il préfère les hommes aux femmes. Sédric (un ami très proche d’Alise) est donc son amant. Les choses se compliqueront encore plus quand Alise aura une aventure sentimentale avec Leftrin.

Hest use de tous les moyens pour cacher sa relation avec Hest. Quand Alise lui demande si il a une autre femme dans sa vie, il répond que non. Il se sert même de Sédric pour appuyer ses propos et se jouer d’elle : « Il n’ y a pas d’autre femme dans la vie de Hest, Alise ». Il a donc l’avantage sur sa femme et n’hésite pas à le pousser à fond. Il prend la pose de la victime, du pauvre mari éploré : « Vous m’insultez, vous m’humiliez devant Sédric, et vous trouvez à dire que je regrette ? »

Précisons quand même que Sédric trouvera un peu de courage, à la fin du récit, pour tout avouer : « tu as passé ta nuit de noces avec moi, et tu as fait de ton épouse la risée de tes amis (…) j’étais ton amant, Hest ; je participais à ton entreprise de duplicité. »

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