Fitz
n'a pas eu une enfance simple ou calme. Abandonnée par sa mère, il
ne se souvient même pas des années qu'il a passées avec sa famille
maternelle. Recueilli par les Loinvoyant, il est très vite formé à
l'art de l'espionnage et de l'assassinat. Pour en faire un outil
affûté, Umbre ne cesse de lui répéter qu'il ne peut que consacrer
tout son temps et toute son énergie au trône royal. Même Burrich,
cet homme qui a tant souffert des actes des Loinvoyant, participe à
faire de Fitz un adolescent isolé. Quand Fitz trouve un échappatoire
avec le Vif, le maître d'écuries en parle négativement :
c'est la magie des bêtes, c'est indigne d'un homme, c'est une
souillure. Mais Fitz fait rarement ce qu'on lui et plus tard cela lui
créera d'immenses douleurs. Ainsi dans les premiers chapitres de la
saga, le bourg de Castelcerf deviendra son lieu d'évasion.
Là
où ne le connaît pas (sa réelle identité en tout cas), il peut
enfin être un enfant, un adolescent : il joue, il rencontre des
gens de son âge, il goûte à la bière, il croise la première
fille qui l'attire. Je crois que ces premiers instants ont été
vitaux pour lui et ont contribué à sa survie, morale et mentale en
tout cas. Sans cela, qu'aurait été sa vie, à part celle d'un
apprenti assassin ? Des journées à s'exercer, à contempler
les quatre murs sinistres de sa chambre et à être réveillé en
pleine nuit par un vieillard excentrique (Umbre). On peut donc dire
merci à Molly, Fouinot... et n'oublions pas Kerry, Kerry qui finira
forgisé. C'est Kerry qui fera rire Fitz, partagera sa première beuverie. C'est Kerry et la bande d'amis qui passeront des heures à parcourir les rues de la ville (avant que Burrich ne vienne tout gâcher).
Dans
une époque trouble pour les Six-Duchés, les destin de Kerry était
tout tracé : il avait beau avoir trouvé un apprentissage pour
se sortir de sa misère, il y avait de fortes chances qu'il soit
rattrapé par la guerre contre les Pirates Rouges. Son sort montre
aussi à quel point la lutte est inégale, presque sans issue. Ce
n'est pas un combat classique entre deux camps, deux armées mais une
lente infection qui se répand parmi les habitants des Six-Duchés :
le pouvoir semble incapable de les protéger, des villages sont
rasées et les Pirates laissent des forgisés. Et les forgisés
n'offrent pas la certitude de la mort, ils ne disparaissent pas, il
n'y a pas de corps à enterrer et de deuil à faire. Non, les proches
voient la déchéance de ceux qu'ils ont aimés, leur ingratitude et
c'est ça le pire.
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