Alsevjal.
Voilà l'île où Fitz et le Fou rencontrent enfin la Femme Pâle.
Les deux savent que l'endroit ne sera pas plaisant puisque le Fou y a
prophétisé sa propre mort et qu'ils doivent tuer un Dragon.
Alors
qu'ils bravent le froid et la neige, ils tombent dans un piège de la
Femme Pâle et deviennent prisonniers. Séparés, malmenés, ils vont
faire face à celle qui a grandi avec le Fou.
Le
plan de la Femme est claire : elle désire faire de Fitz son
catalyseur, qu'il remplace l'inefficace Kebal Paincru. Et pour cela,
elle doit le convaincre , elle le soumet donc à certaines
tentations : la chair, la chère, le pouvoir entre autres.
Ainsi,
elle lui offre à la fois un spectacle qu'il n'avait pas vu depuis
longtemps et un confort dont il était privé. En effet, pour venir
des Six-Duchés, ils ont effectué un long voyage, se contentant de
plats simples ; puis, la nourriture dans les Îles était loin
de leurs habitudes. Il n'est donc pas étonnant de la voir proposer
des plats délicieux (« De la soupe, en effet délicieuse, épaisse
et veloutée flottaient des morceaux de légume et de viande
fondante. Je n'avais rien goûté d'aussi bon depuis mon départ de
Castelcerf ») pour mettre le bâtard royal dans de meilleures
dispositions.
S'il
est agréable de bien manger, il est encore mieux de le faire en
bonne compagnie. La tâche s'annonce ardue pour la Femme, elle a en
effet menacé le Fou, une personne à qui Fitz tient tant.
Elle
n'hésite donc pas à montrer sa richesse et sa capacité à tirer
d'un environnement si frustre un endroit agréable à vivre malgré
tout : « assise sur un trône sculpté dans la glace et
couvert de fourrures blanche, d'ours, de renard, et d'hermine dont la
queue noire pendait aux accoudoirs, elle portait une robe de laine
immaculée qui ne laissait rien ignorer des courbes de son corps ».
D'elle dégage une impression de puissance et de connaissance
magnifiée par sa beauté. C'est une femme forte et puissante, dure
et confiante et qui règne sur son monde. Elle a beau vivre entourée
de glaces et de guerriers, elle continue à prendre soin de son corps
et n'a pas peur qu'on lui fasse du mal (« elle avait les
membres longs et la taille souple, comme le fou, mais avec les
hanches et la poitrine pleines (…) cela ne l'empêchait pas de se
présenter nue devant nous, gardes et prisonniers, comme si son
pouvoir sur nous se trouvait renforcé de ce qu'elle pouvait
s'exhiber sans craindre d'attentions malvenues »).
S'il
y a une tentation à laquelle Fitz a bien du mal à résister, c'est
la reconnaissance de sa famille. Il faut dire que son histoire
personnelle a été tragique : abandonné par ses parents,
utilisé par ses oncles et son grand-père, quitté par sa femme,
incapable de dire la vérité sur sa vie à sa fille.
La
Femme Pâle joue de tout cela ; elle lui démontre que le destin
tient à peu de choses et que l'Histoire aurait très bien pu être
différente. Fitz n'était pas condamné à vivre dans l'ombre, à
voir d'autres recueillir la gloire et les honneurs qu'il méritait.
Non. Quand elle lui dit « vous avez des cicatrices
intéressantes et le physique d'un guerrier (…) je désire
contempler le visage nu de celui qui a failli être roi », elle
cherche à insister sur sa parenté royale bien entendu mais surtout
sur tout ce qu'il n'a pas eu. Il n'était pas nécessairement destiné
à effectuer les sales besognes, vivre sous un déguisement de
servant ou de guerrier. Mais puisque cela a été le cas, elle glisse
un petit compliment qui vante ses aptitudes et son apparence.
Enfin,
il y a la question de la descendance. Certes, Fitz a eu avec Molly
une fille (Ortie) et il a adopté Heur. Il n'a pas vu grandir Ortie,
il n'a rien pu lui transmettre et lui apprendre. Pire, il sait qu'un
autre s'occupe d'elle (Burrich) et que sa fille le considère comme
son père (elle n'a aucune idée que FitzChevalerie Loinvoyant est
son père). Quand il est forcé de lui révéler la vérité, il ne
reçoit que colère, mépris et reproches. La Femme Pâle lui offre
son corps, un futur commun : elle lui affirme que « notre
enfant sera magnifique (…) Notre fils fera ton bonheur, je te le
promets. » On peut dresser un parallèle avec des propos de
Caudron qui, à la fin de la Reine solitaire, disait à Fitz que sa
famille ne lui avait apporté que des souffrances (« que vous
avez déjà dû renoncer à trop de bonheurs pour un roi qui ne vous
a donné que des peines et des épreuves en guise de remerciement. »)
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