L’Union tremble. Valbeck, une ville industrielle importante est touchée par des émeutes. Les ouvriers et le petit peuple se révoltent contre les patrons et les autorités en place. Les leaders des émeutes sont le chef local de l’Inquisition (Risinau) et une femme se faisant appeler la Juge. C’est une personne dure qui terrifie ceux qui la fréquentent. Elle semble intransigeante, prête à toutes les saletés pour arriver à ses fins. La Juge mène un groupe appelé les Incendiaires ; le nom de ce groupe résume assez bien son objectif : mettre le feu à l’Union.
Vick est une espionne qui travaille pour l’Inquisition. Elle est donc au service du trône. Son travail d’Inquisitrice ou son enfance dans les camps lui ont permis de voir un tas de choses horribles, de vivre des moments marquants et horribles. Pourtant, elle est choquée en apercevant la Juge. Son apparence physique ou son aura laissent supposer une femme terrifiante, qu’il ne faut pas prendre à la légère. Lorsqu’elle voit la Juge, c’est presque comme si Vick voyait la personnification de la mort : « La Juge, devina Vick. Une femme dotée d’un grand talent pour le théâtre (…) ses yeux semblaient énormes sur un visage si creux et osseux qu’on eût dit une tête de mort. Se reflétant sur ses pupilles, la lumière d’une torche donnait l’impression qu’un feu brûlait sous son crâne ».
Tallow, un adolescent, informe le prince Orso sur les responsables des émeutes à Valbeck. Si le réel chef est le Tisserand, il parle avec crainte de la Juge. Il dit qu’ « il y a aussi une femme surnommée la Juge. Celle-là est carrément cinglée ». La question de la santé mentale de la juge revient beaucoup. Les individus qui la rencontrent se demandent tout le temps si elle est saine ou non, et si elle joue un rôle. Vick a cette impression en la voyant (« la Juge dévisageait Vick avec ses yeux noirs et vides. Cette femme jouait-elle un rôle, ou était- elle aussi dingue qu’elle le semblait ? »). Bien entendu, Vick n’adhère pas pleinement aux idées de la Juge ou des émeutiers ; ce n’est pas le cas de Sparks. L’homme a clairement peur de la Juge. Quelque chose en elle est si différent, si particulier. On perçoit dans ses pensées une réelle peur (« Sparks n’avait peur de rien, mais la Juge, c’était une autre paire de manches. Une dingue experte dans l’art de rendre les autres fous. Comme si elle était une allumette, et eux des brindilles »). D’ailleurs, on a là un aperçu d’un aspect intéressant de la Juge : elle fascine, elle captive les gens par son apparence et son charisme.
A ce sujet, Broad offre un bel exemple. Revenu de Styrie, cet homme fort, ancien soldat, se retrouve à Valbeck après la saisie de ses terres par un riche exploitant. Démuni, forcé de travailler dans une usine, il est pris dans la folie des émeutes. C’est un homme de peu de mots, marqué par les horreurs de la guerre. C’est aussi un homme attiré par la violence mais qui tente de se contrôler, de lutter contre ses démons intérieurs. Quand il voit la Juge, ses murailles volent en éclat. Il sait que fréquenter la Juge ne peut que lui apporter des mauvaises choses car « elle éveillait toutes les pulsions dont il avait juré de se débarrasser ». La Juge a bien conscience qu’elle a attiré l’attention de Broad, qu’il ne peut pas la quitter du regard. Elle le tente : « quant à toi, superbe salopard, dès que tu en auras marre de faire semblant, sache que mes bras te seront grands ouverts ». Il s’agit là d’une double allusion : sexuelle et à la force de Broad. La Juge a repéré l’homme qu’il se cache à lui-même.
Même le principal instigateur des émeutes craint La Juge. Risinau affirme que « la Juge n’a jamais été très raisonnable » et que « depuis la révolte, elle a carrément tourné au vinaigre ». Il faut dire que la Juge ne parle pas non plus avec des mots tendres de Risinau (« nous n’avons pas renversé nos maîtres pour en servir un nouveau. A vue de nez, Risinau se prend pour un patron face à ses ouvriers »).
La Juge juge, ou, plutôt, elle condamne impitoyablement les patrons et autres gens qui seraient des profiteurs. Malmer, un homme influent parmi les émeutiers, raconte que la femme « a l’intention de juger ses prisonniers pour crimes contre le peuple ». Le résultat ? Des dizaines de personnes pendues…
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