Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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vendredi 20 septembre 2024

Tintaglia ou la volonté de faire revenir les dragons

Quand Tintaglia goûte à nouveau à l’air libre, le monde qu’elle a connu n’est plus. Les cités des Anciens ont disparu, les Rivages Maudits ont grandement changé et plus aucun dragon ne vole dans le ciel. Pire, les serpents lui tournent le dos. Or, Tintaglia a un objectif qui dépasse tous les autres : perpétuer son espèce. 


Dans les premiers temps, Tintaglia conserve un mince espoir qu’un autre dragon ait pu survivre. Elle ne peut pas accepter qu’elle ait été la seule à rester en vie. Elle n’a pas le temps pour autre chose, ni même l’envie et c’est ce qui peut la faire paraître froide aux yeux de Reyn. On sent toute sa volonté (et son arrogance du point de vue de Reyn) quand elle dit que « je suis le dernier Seigneur des Trois-Règnes. S’il reste quelque part un membre de ma race, je dois le rechercher et l’aider. Je ne peux pas me soucier d’une brève étincelle comme toi ». 


Dès lors, Tintaglia parcourt alors certaines parties de ce qui fut avant la terre des dragons. Elle ne récolte à chaque fois que de la déception.

Ce ne sont pas simplement les dragons qui ne sont plus là, c’est toute sa civilisation qui a pris fin. Il n’y a plus rien, « disparu, tout avait disparu. La plage, et les Anciens, et les dragons gardiens, tous disparus (…) Si elle découvrait aucun membre de son espèce, elle trouverait peut-être quelqu’un qui lui apprendrait ce qu’ils étaient devenus ». Pas de dragons donc, mais aussi tout le système qui permettait aux dragons de se développer et maintenir leur influence. Tintaglia découvre un monde qui lui est étranger et ses interrogations restent sans réponses. 

Un espoir existe encore : elle se rend compte qu’il existe encore des serpents. Or, les serpents sont de futurs dragons, il leur suffit de remonter le fleuve, de s’immerger dans leur cocon pour en sortir en dragon ; c’est un processus compliqué et périlleux. Elle aimerait donc reproduire ça avec ces serpents-là, mais ils ne la reconnaissent pas. Ils la craignent et refusent de lui répondre (« tous ses efforts avaient été vains. On aurait dit que les serpents ne la reconnaissaient pas. Constater que les survivants de son espèce l’ignoraient la décourageaient, jusqu’au fond de l’âme. Le terrible sentiment de son inutilité mêlé à la faim qui la harcelait alimentaient en elle la colère »). Si les serpents lui tournent le dos, la réciproque n’est pas vraie.


Tintaglia doit donc trouver des autres alliés. Elle n’a pas abandonné l’idée de transformer les serpents en dragons mais elle sait aussi que la géographie a trop changé. Elle a donc besoin que des créatures travaillent pour elle : les humains. Tintaglia n’a pas une haute estime des humains. Pour elle, comme ils ne vivent pas longtemps, ils n’ont pas d’importance. Toutefois, elle leur trouve une qualité : ils aiment et savent construire, modeler leur environnement. Elle pourrait donc se servir d’eux : « les humains bâtissaient. Pouvaient-ils draguer le fleuve, le canaliser et l’approfondir (…) Ils le pouvaient. Mais le voudraient-ils ? (…) La contrainte ou la subornation ? (…) Elle pouvait obliger les humains à la servir. Son espèce allait peut-être survivre ». Tintaglia est donc prête à faire des compromis, à mettre son orgueil de côté et demander de l’aide aux hommes et aux femmes. 

Selden Vestrit a compris que Tintaglia est au pied du mur, qu’elle est prête à tout pour permettre aux dragons de revenir, soit en forçant les humains soit en négociant avec eux (« les dragons et les serpents sont bien plus importants pour elle que les gens (…) Si elle réussit dans ses projets, d’autres dragons vont partager notre monde »).


Ce n’est pas seulement les humains que Tintaglia est prête à sacrifier mais elle aussi. Elle consacre toute son énergie à sa quête, toute sa volonté. Elle affirme que « je sais que je ne peux pas dormir tout mon soûl ni chasser ni manger à ma faim. Parce que je dois tenir ma promesse, si je veux sauver les derniers survivants de ma race ». Plusieurs fois, Tintaglia est à deux doigts de s’effondrer, sans forces. Elle tente de gagner le soutien des gens de Terrilville en chassant les gens de Chalcède et en permettant à Reyn de retrouver la femme qu’il aime, Malta. Elle se plie à des choses qui ne la concernent pas pour atteindre son objectif. Elle met donc en danger sa santé, son repos parce qu’il faut plus que tout que d’autres dragons reviennent. 

Mais, plus le temps passe et plus elle devient lasse du comportement des humains qui passent leur temps à se battre plutôt que l’aider. Elle tente d’asseoir leur autorité sur eux en employant son charme de dragon ou en levant la voix (« vous êtes toujours en train de vous quereller et de vous entre-tuer. Ce ne sera plus toléré. Vous mettez tout ça de côté jusqu’à ce mes objectifs soient atteints »). Quelques uns se soumettent à ses ordres tandis que d’autres, comme Hiémain, se rebellent. On trouvera d’ailleurs le même genre d’attitude quand elle participera à la libération de Glasfeu à Aslevjal.


Une fois la guerre à Terrilville terminée, les Marchands tiennent leur promesse et aménagent une partie du fleuve des désert des Pluies pour répondre aux exigences de Tintaglia. Mais, la nature est impitoyable. C’est un voyage compliqué, d’autant plus que les serpents sont faibles. Et beaucoup meurent. Dans la tradition des dragons, Tintaglia et les autres serpents les mangent (« à chaque mort, Tintaglia rugissait de chagrin. Elle partageait les corps entre les autres pour qu’ils s’en nourrissent. En dépit de son dégoût extrême, Althéa pensait que c’était aussi bien. Le dragon lui-même ne paraissait guère plus vaillant que les serpents »). Althéa, elle, voit là une façon d’ingurgiter de la nourriture et reprendre des forces. Mais, c’est un peu plus que ça car Tintaglia et les serpents ingurgitent ainsi les souvenirs des morts et permettent ainsi, d’une certaine façon, la survie de l’histoire des dragons.

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