Dame Brésinga a comploté contre le trône royal et la famille des Loinvoyant. Alliée des Pie, elle a participé à l’entreprise de séduction à laquelle devait succomber Devoir. Mais, malheureusement pour elle, Fitz et le Fou ont contrarié ses plans. Elle a alors tout perdu : sa renommée et sa protection. Ce ne sont pas uniquement les Loinvoyant qui se sont méfiés d’elle mais aussi ses anciens alliés. Les Pie forment une organisation particulièrement violente, prête à tout pour atteindre leurs buts ou se venger. Ils n’hésitent pas à dénoncer publiquement ceux qui ne rejoignent pas leurs rangs : être doué du Vif est toujours vu comme une honte pour la plupart des duchéens.
Dame Brésinga apparait donc comme une bonne coupable. C’est elle qui paie l’échec de la tentative d’enlèvement de Devoir.
C’est Umbre qui nous apprend que les choses tournent mal chez les Brésinga. La famille semble avoir perdu toute influence locale. Tout laisse croire qu’ils ont changé d’orientation en ce qui concerne leurs alliances. Pour Umbre, ce n’est pas un choix volontaire mais un acte contraint et presque imposé. Il rapporte à Fitz que « au lieu de l’aristocratie terrienne et de la petite noblesse qu’elle accueillait jusque là, dame Brésinga a reçu plusieurs groupes de chasseurs dont la description m’a donné une impression de rudesse, voire de grossièreté ». Dame Brésinga n’avait pas laissé cette impression après la visite de Fitz et du Fou dans son château : on la sentait ambitieuse mais pas particulièrement vulgaire.
Pour un noble voulant être influent, participer à des fiançailles d’un prince est une nécessité, une obligation. Personne ne raterait ce moment-là. Pourtant, elle n’y assiste pas (« Dame Brésinga, selon ce que Sire Doré avait appris par les potins de la coeur, n’était pas venue assister à la cérémonie de fiançailles, prétextant un méchant tour de reins à la suite d’une chute de cheval »). C’est la deuxième indication que quelque chose ne va pas. C’est presque comme si elle était empêchée de quitter son château de Myrteville.
Tout cela ne peut qu’intriguer Umbre. C’est un mystère trop gros pour qu’il s’en désintéresse. Il enquête donc et apprend que « dame Brésinga passe de plus en plus de temps seule dans ses appartement, même lors des repas de ses invités ».
Selon Umbre, la femme rumine. Elle n’a pas supporté son échec et s’est enfermée dans une spirale de culpabilité. En voulant enlever Devoir et en étant incapable de mener la mission à bout, elle a reçu le courroux des Loinvoyant. A l’avenir, il est impossible pour elle d’envisager de grimper dans l’échelle sociale. Dès lors, il ne serait pas étonnant de la voir déprimée. Comme à son habitude, Umbre passe un bon nombre d’options en revue : « je me suis demandé quelque temps si dame Brésinga ne se trouvait pas elle-même en danger ou en position d’otage, tant ses déplacements étaient limités, et son existence monacale ; ensuite j’ai soupçonné de simples difficultés financières, et, aujourd’hui on m’apprend qu’elle boit beaucoup plus que d’habitude ». Umbre n’est pas loin de la vérité : dame Brésinga est retenue prisonnière dans son propre château, à la merci des mains sales des Pie.
Dame Brésinga est violée. Des Pie profitent de son château, de ses richesses et d’elle pour passer du bon temps. Elle a perdu toute autorité sur ses propres terres et plus personne ne la respecte. Elle partage sa peine et sa douleur avec son fils, Civil (« vos sbires l’ont déshonorée sous prétexte de lui permettre de retrouver son héritage de Pie »). On retrouve là l’idée que le viol est une arme. Pour les Pie, c’est la un moyen de contrôler une femme en utilisant des motifs hypocrites. Laudevin, le chef des Pie, insiste sur ce fait ; il est de toute façon un fanatique de la cause des Pie et a perdu toute logique, tout discernement. Laudevin ajoute d’ailleurs que cela devrait être un honneur pour elle de coucher avec des Pie, de renouer avec sa nature profonde : « c’est difficile, je sais, pour un gamin de voir sa mère comme une femme, mais c’en est une et avenante de surcroit. Elle devrait prendre ça comme un compliment ». Autrement dit, dame Brésinga n’a même plus le contrôle de son corps. Elle n’est qu’un objet dans les mains d’une bande de pervers.
Sans fortune, sans liberté, dame Brésinga n’a même pas le loisir de se suicider. Elle est sous une emprise totale. Il faudra la miséricorde des Loinvoyant pour qu’elle s’en sorte : « dame Brésinga a succombé à un empoisonnement alimentaire, ainsi que plusieurs de ses invités et domestiques ».
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