Les choses vont mal pour Malta à Terrilville. Elle se sent prisonnière auprès des parents qui lui restent (Ronica et Keffria) et son père donne très peu de nouvelles. Courtisée par Trell et Reyn, elle oscille entre l’un et l’autre sans vouloir réellement décider. C’est là qu’intervient un personnage majeur qui va tout basculer : Tintaglia. Bien qu’encore captive dans son cocon, Tintaglia a une capacité majeure, elle peut parler aux humains en pénétrant leurs rêves. Elle va d’abord se tourner vers Reyn puis Malta en se rendant compte que l’homme est intéressé par la jeune femme. C’est lors d’un moment d’évasion nocturne que Tintaglia et Malta font connaissance : « c’est un rêve. Je suis en sécurité dans mon lit. Je n’ai qu’à me réveiller tout de suite. Réveille-toi. » Si Tintaglia parle avec Malta, c’est uniquement par intérêt. Elle désire que Malta la délivre de son cocon. Après quelques péripéties (des effondrements, un tremblement de terre), Tintaglia est libérée et parcourt à nouveau les ciels et les mers. Mais, Malta est perdue ; Reyn va alors voir la dragonne pour lui demander de l’aide. En colère, alcoolisé ou plein de désespoir, il accuse la dragonne d’avoir tué Malta. Il refuse de croire Tintaglia qui lui affirme à plusieurs reprises que Malta est bien vivante, qu’elle le sent en elle (« nous avons été liés un certain temps, comme tu le sais, Reyn Khuprus. En conséquence, je conserve une certaine conscience d’elle »).
On peut presque penser que Tintaglia a une certaine affection pour Malta. Elle n’a pas que partager des souvenirs des Anciens avec la jeune femme, elle la conseille. C’est elle qui lui dit comment se comporter avec Reyn, c’est elle qui tente de la convaincre que les femmes valent mieux que les hommes. Son ton est clair et péremptoire : « Ne dis pas de sottises ! Il n’est qu’un homme. Toi et moi, nous sommes des reines. Nous sommes destinés à dominer nos mâles. C’est l’équilibre du monde. Réfléchis-y. Tu sais très bien comment obtenir ce que tu veux. » Malta et Reyn affronteront un bon nombre d’événements ensemble et y trouveront un lien fort, l’amour. Fortement influencés par Tintaglia, ils auront également des changements physiques sur leur corps. Pour Malta, c’est principalement une crête, une sorte de récompense pour ce qu’elle a fait. A nouveau, Tintaglia est très franche et montre également que Malta est plus qu’une humaine à ses yeux (« avance dans la lumière petite sœur, que je te voie (…) je vois que tu as été bien récompensée pour la part que tu as prise à ma délivrance, jeune reine. Une crête écarlate. Tu en tireras beaucoup de plaisir »). C’est à nouveau une réflexion liée à la féminité de Malta.
La suite pour Malta se déroule dans les Cités des Anciens. Son monde continue de subir de grands bouleversements. Elle est la Reine des nouveaux Anciens et, avec son frère Selden Vestrit, la porte-parole officieuse des dragons. Elle est celle qui doit négocier avec les Marchands pour ce qu’ont besoin Tintaglia et les serpents. Mais, loin dans le Nord, les gens des Six-Duchés ont trouvé un autre dragon, un mâle, et Tintaglia s’est tournée vers lui pour s’accoupler. Malta est donc abandonnée. Malgré tout, il y a des décisions à prendre. Les Marchands, en ayant assez de payer pour nourrir les dragons, décident de les envoyer à la recherche de Kelsingra. Cela attire un bon nombre de curieux, comme Alise. Alise est la fille d’un Marchand et est dans un mariage triste. Passionnée par les dragons, elle offre son soutien aux gardiens chargés de s’occuper des créatures incapables. Elle a également conscience que la situation de Malta est précaire ; elle s’interroge : « qu’adviendrait-il de Malta, de Selden et de Reyn maintenant que Tintaglia avait abandonné les nouveaux Anciens tout comme elle avait abandonné les nouveaux dragons ? » Quand Malta s’adresse à Alise, on sent cette peur dans ses propos. Alise était convaincue que la jeune femme parlerait très positivement des dragons, ce n’est pas le cas. Elle lui affirme qu’il ne faut pas faire confiance aux dragons (« ne les croyez pas particulièrement nobles ou plus moraux que les hommes, car c’est faux. Ils sont comme nous, en plus grand et en plus fort »). Malta a vu ce que Tintaglia a fait, a entendu son discours égoïste parfois. Surtout, elle a fréquenté Reyn de très près et ce dernier n’a pas des paroles très positives. En outre, elle sait que Tintaglia, à cause de sa nature, se moque du sort des humains : elle a une conception bien différente du temps, de la possession.
Le monde voit revenir les dragons. Ils pullulent sur ce qu’on appelle les Six-Duchés, Terrilville, Chalcède et tout ce qu’il y a autour. Quand on revoit Tintaglia, c’est lorsque Fitz fait étape à Kelsingra dans son chemin pour retrouver sa fille, Abeille. Là, il fait la rencontre de Malta. Dans son imaginaire, c’est la Reine des Anciens et quand il lui parle, c’est avec déférence et respect. Cela est d’autant plus accentué quand Tintaglia décide de repasser par Kelsingra. Malta et Reyn ont eu un enfant, Phron, qui a subi des malformations. Il respire mal, a du mal à se mouvoir et c’est la conséquence de la proximité des dragons. Ils espèrent que Tintaglia les aide mais elle est assez indifférente. C’est Fitz, grâce à l’Art, qui le soigne. Tintaglia débarque donc à Kelsingra et les gens présents hésitent entre attitude réservée, peur et contemplation. Malta, elle, se dresse face à la dragonne. Fitz les regarde, « l’expression de Malta était plus réservée, voire fermée, quand elle descendit les marches pour s’arrêter, minuscule, devant la dragonne. Deux reines face à face, songeai-je malgré moi, en dépit de la différence de taille ». Si Fitz pense avec des termes élogieux, c’est que ça compte, lui qui a fréquenté son lot de reines impressionnantes (Patience, Kettricken, Elliania).
La relation de Malta avec les membres de sa famille a loin d’avoir été simple. Celle avec Althéa est à ce sens assez révélatrice. D’abord moqueuse et insultante (« Malta n’avait pas l’intention de devenir rassise comme sa mère vieillie avant l’âge, ni hommasse comme ce cheval échappé de tante Althéa »), elle finit par respecter sa tante. Elle est à la fois et surprise et contente de la retrouver lors de la fin des Aventuriers de la Mer. Althéa avait une bien piètre opinion de sa fille, elle la considérait comme une fillette gâtée et impertinente. C’est pour ça que quand elle parle assez positivement de Malta, on prend ses paroles très au sérieux : « Malta est exceptionnellement grande pour une femme de ma famille, et plus belle aussi, d’une façon étrangère à la beauté humaine. Quand elle se présente sans cape ni voile, elle m’évoque une statue qui aurait pris vie, incrustée de pierres précieuses. D’après Tintaglia, ils jouiront put-être d’une vie existence beaucoup plus longue que celles des humains ordinaire, mais Malta reste Malta néanmoins ».
Le Fou, que Malta a connu sous le personnage d’Ambre, nous donne peut-être la description la plus honnête de Malta. Il dit que c’est « peut-être la jeune femme la plus exaspérante que j’aie jamais croisée, mais ravissante ». Il a sans doute raison. Mais ce fut un réel plaisir de la voir faire tourner en bourrique Ronica et Keffria, et de bousculer une famille qui était en train de s’enfoncer.
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