Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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lundi 9 octobre 2023

Les dragons ne sont pas là pour rigoler

Les différents livres de la saga du Royaume des Anciens sont remplis de sang, de morts et de violence. Fitz est un assassin, Kennit un pirate, il est normal qu’il y ait des victimes. Des esclaves meurent dans des cales de bateaux, des soldats sont tués à la guerre. Les pays se disputent : Chalcède attaque tout ce qui est à sa portée, les Pirates Rouges menacent les côtes des Six-Duchés. 

Et puis tout change dans le tome la Reine Solitaire. Vérité construit son dragon d’Art et de pierre, et même si ce n’est pas un véritable dragon, on a un aperçu de ce qu’ils peuvent faire. Le dragon de Vérité est particulier, il est rempli des souvenirs de Vérité, il a ses motivations. Contrairement aux réels dragons, Vérité a conscience des frontières humaines. Il ne considère pas toutes les terres et toutes les mers comme son territoire légitime. C’est pour ça qu’il ne sème pas la désolation dans les Six-Duchés. Il se réserve pour l’île d’où viennent les Pirates Rouges : « il devait s’agir des îles d’outre-Mer. Vérité avait toujours rêvé de porter la guerre là-bas, et il s’y employa furieusement ». Des années plus tard, la narcheska Elliania sera courtisée par Devoir ; nul doute que son ressentiment vient en partie des dégâts commis par Vérité et ses dragons. Lors de leur quête de Glasfeu, Fitz et son groupe doivent se rendre à Aslevjal : ils font escale à Zylig et trouvent une ville encore marquée (« je me rappelai avoir entendu raconter que les dragons des Six-Duchés avaient poussé jusqu’à cette grosse bourgade pour apporter la mort et la destruction »). Une de ces armes de ces dragons est leur capacité à troubler les esprits. On peut ainsi lire que « les dragons les ont survolés et ont jeté les hommes dans une hébétude complète avant de détruire le vaisseau à l’aide de bourrasques et de vagues violentes que leurs ailes pouvaient susciter ». Les dragons ont donc semé la désolation et la mort, ils ont permis aux gens des Duchés d’envoyer un signal fort aux outriliens. Ces derniers ont vu leurs terres et leurs maisons déjà horriblement éprouvées par le temps être ravagées. Il y a un autre aspect important à prendre en compte : leur société valorise les femmes fortes. Les outriliens manifestent un grand respect pour Kettricken, cette femme qui est parvenue à envoyer des dragons pour sauver son peuple (« elle leur inspire une révérence sans bornes d’avoir su non seulement préserver un royaume mais encore porter le fer chez eux sous la forme de dragons »).

Pendant un moment, la seule véritable dragonne fut Tintaglia. Libérée grâce aux efforts de Malta, Selden et Reyn, elle découvre un monde qui a changé. Il n’y a plus de dragons et les humains n’obéissent plus à ses désirs. Voulant faire revenir les dragons, et cela nécessite la protection des serpents, elle décide de négocier un accord avec les gens de Terrilville. Pour cela, elle doit nettoyer le port de la ville des navires de Chalcède. Elle s’y emploie vaillamment : « à son second passage, elle choisit comme proie un deux-mâts. Les hommes à bord, en la voyant fondre sur eux, remplirent l’air de leurs flèches qui rebondirent sur elle pour retomber sur le navire ». Tintaglia est impitoyable. Elle parle aux gens d’un ton hautain, elle méprise leurs intentions, elle les considère à son service. Ce n’est pas tout. Elle est une créature puissante, certaine de sa force. Quand elle combat, elle ne se retient pas. Ceux qui sont témoins sont choqués par ce qu’ils voient. Reyn nous fournit un bon aperçu. La guerre est quelque chose de sale, la mort n’a rien de noble et elle l’est encore moins quand il existe un fort écart entre les belligérants. Il est donc écrit que « Reyn se sentit pris de nausée. Les Chalcédiens étaient des ennemis, plus vils que des chiens et ils ne méritaient aucune pitié. Mais le spectacle de cette mort soulevait le cœur. Les corps continuaient à se désagréger, perdant toute forme humaine. Une tête roulait détachée du tronc, et s’immobilisa sur le côté tandis que la chair liquéfiée coulait du crâne ».

Les prouesses de Tintaglia entrent dans la légende et deviennent presque un mythe. Ceux qui ont vécu la bataille en parlent encore des années après. Ils s’attendent à ce que tout le monde soit au courant de ce qui s’est passé, comme le souligne le Marchand Jorban à Castelcerf (« N’avez-vous pas eu vent de la bataille de la baie des Marchands, où un dragon de Terrilville, bleu et argent, à chassé les Chalcédiens de notre côte ? ») 

Les Marchands parlent de Tintaglia avec fierté, elle a détruit la flotte qui menaçait leur ville et leurs possessions. Ils se l’approprient et ils sont presque enclins à faire circuler la rumeur que la dragonne est à eux. Est-ce en réponse aux dragons des Six-Duchés ? Est-ce pour impressionner leurs ennemis ? Difficile de savoir. En tout cas, un rapport de Vinfodra contribue au mythe : « Cette créature, baptisée Tinnitgliat par ses auteurs, s’éleva des ruines fumantes auxquelles les Chalcédiens avaient réduit le quartier des entrepôts et chassa les navires ennemis des eaux de Terrilville ».

Dans les Cités des Anciens, les dragons sont présents en masse. On les suit jusqu’à Kelsingra, on les voit grandir et s’affirmer, devenir indépendants et capables de se débrouiller seuls. C’est aussi dans ces romans que les nouveaux dragons font la connaissance de Glasfeu, un mythe parmi ces créatures exceptionnelles. Glasfeu est en colère, il cherche la vengeance depuis que des gens de Chalcède ont voulu l’empoisonner. Il propose donc aux dragons de détruire la capitale et le château du duc de Chalcède.

Selden est captif du duc. L’homme suce le sang de l’Ancien, il veut prolonger sa vie. Il fait ça en attendant de capturer un dragon, leur sang aurait des propriétés magiques. De sa tour il a une bonne vue sur ce qui se passe : « un sillage de destruction était à présent visible tout autour de la forteresse du duc, il s’élargissait vers le centre, les bâtiments effondrés et les corps, rongés par l’acide se rapprochaient de la tour où logeaient les deux prisonniers. Le plan des dragons était évident : tout ce qui se situait dans le cercle serait noyé dans le venin ». Les dragons ne crachent pas de feu, ils produisent du venin, une substance mortelle.  La ville est ravagée, le duc meurt. Un compte-rendu succinct fait à Umbre résume bien ce qui s’est déroulé (« le duc de Chalcède n’est plus ; une horde de dragons montés par des hommes en armure a surgi des étendues sauvages et attaqué la cité de Chalcède »).

Les dragons ne pardonnent pas, n’oublient pas et se vengent. Clerres l’apprend à ses dépends. La cité avait presque réussi à détruire les dragons des décennies auparavant. Les Quatre ont tout fait pour que les dragons ne réapparaissent pas. Malheureusement pour eux, Tintaglia, Glasfeu, Gringalette et les autres sont de retour. Et quand Fitz vient demander de l’aide, ils se rappellent qu’ils doivent réparer des méfaits du passé. L’heure est à la vengeance, elle est impitoyable et touche tout le monde. Le fou le dit à sa façon, il n’y a pas d’innocents. Et même si il y en avait, que pourraient-ils faire ? Même les alliés des dragons risquent leurs vies, certains meurent d’ailleurs comme Parangon Akennit. A la part de destruction apportée par Fitz et Abeille, les dragons en font de même. Le malheureux Prilkop voudrait une trêve, une port de sortie pour quelques uns. Il se rend compte que les dragons « détruisent tout (…) ce qu’Abeille a commencé avec l’incendie, ils l’achèvent avec de l’acide et à grands coups d’ailes et de queue ».

Les dragons vont et viennent, ne prêtent pas attention aux frontières. Quand ils ont faim, ils chassent et se moquent de savoir si le bétail appartient à quelqu’un. Tintaglia, la dragonne la plus connue, montre son entêtement et son indépendance, elle n’obéit à personne et se moque des querelles des humains. Elle intervient seulement quand cela sert son intérêt. Ou quand il s’agit de vengeance. Réparer une offense semble être une des activités préférées des dragons et ils ne font pas les choses à moitié. Quand ils l’exercent, c’est totalement et de façon radicale. Et le monde s’en trouve changé. 

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