Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses.

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Kennit, maître de son destin ?

Kennit est un des personnages majeurs des Aventuriers de la Mer. Comme un bon nombre d’autres, on le voit se transformer au fur et à mesure ...

dimanche 15 novembre 2020

Abeille, le Fou et Fitz dans les derniers chapitres du Destin de l'assassin

Fitz est mort. C’est en tout cas ce que pensent Abeille, le Fou et les autres. Ces derniers sont venus jusqu’à Clerres pour sauver Abeille. La plus jeune fille de Fitz et de la regrettée Molly a été enlevée par les Quatre Serviteurs. Elle est retenue prisonnière.
Fitz traverse le monde pour se porter à son secours. Il rencontre un tas de personnages connus des Aventuriers de la Mer et des Cités des Anciens : Dragons, Marchands, Anciens, matelot, Etta la Reine des Pirates, le commandant Brashen et sa femme. A la tête d’un petit groupe (le Fou, Cendre, Persévérance, Lant), il mène une opération de sauvetage et arrive à Clerres. Ils profitent alors des actes d’Abeille (grâce à l’Art, elle s’est libérée et a mis le feu) pour s’infiltrer. Ils finissent par tomber sur elle et donc la sauver, mais, Fitz doit rester en arrière pour protéger leur fuite. Un tunnel s’effondre et ils sont convaincus que la vie de Fitz s’est éteinte.
Abeille se trouve alors sans mère et sans père, et fait la connaissance du Fou. Elle sait qui il est puisqu’elle a lu un bon nombre de papiers que son père conservait dans sa pièce secrète à Flétribois. La relation entre le Fou et Abeille s’avère plus que compliquée.

Abeille et le Fou ont un point commun, ils ont du sang de Blanc en eux et ils sont les Prophètes de leurs époques respectives. Le Fou a conscience de ce qu’il est depuis qu’il est petit alors qu’en ce qui concerne Abeille, cela lui est venu au fur et à mesure des événements. A peine ont-ils quitté le tunnel de Clerres et retrouvé la liberté, qu’Abeille est déjà à remettre Le Fou en place. Ce n’est pas une attaque qui vise simplement à blesser le Fou mais aussi qui nous rappelle qu’ils partagent ensemble une particularité : “Quand tu me touches, tu me fais voir toutes les voies. Toutes à la fois !”

Mais, le principal point de discorde entre le Fou et Abeille se réfère à la mort de Fitz. Tout a commencé à Flétribois quand Fitz a poignardé le Fou. C’est le début d’une longue aventure et en même temps la reprise de tout ce qui s’est passé avant. Abeille ne l’a pas vécu mais a lu ce qui s’est passé. Elle sait que Fitz a eu son lot de souffrances à cause du Fou et que c’est l’ancien bouffon qui a mené à tout ça (“et c’était lui qui, à l’origine, avait enclenché tout cela en faisant de mon père son Catalyseur”).
Ayant lu la correspondance que Fitz envoyait au Fou, elle sait que son père aimait son plus vieil ami. Elle sait aussi à quel point son départ a créé un grand vite en Fitz, un grand vide que même Molly et Abeille n’ont pas su combler : “Pourquoi ne pas lui dire que tu l’aimais ? (...) Il t’écrivait de longues lettres mais n’avait nulle adresse où te les envoyer”. En réalité, le Fou a dit à Fitz qu’il l’aimait mais le bâtard n’a jamais voulu l’entendre, cela le mettait mal à l’aise, d’autant plus qu’il pensait que le Fou était un homme.
Plus tard, Fitz sera retrouvé par ses amis dans la carrière, le fameux endroit où Vérité a créé son Dragon. Là, Abeille fait connaissance avec son père, elle le découvre comme jamais. Et même si Fitz se vide petit à petit de ses émotions, elle n’aura jamais été aussi intime avec lui. Elle finit par le comprendre, comprendre ce qui a motivé sa vie et ses choix. Elle a aussi un bel aperçu de ses peines et de ses regrets, notamment quant à sa relation avec le Fou. Le Fou a beaucoup demandé à Fitz, il l’a mené à l’article de la mort à de nombreuses reprises et quand il a atteint ses objectifs, il a disparu de sa vie ; la première fois quand Vérité a libéré les Six-Duchés des Pirates Rouges et la seconde fois quand Fitz a participé à libérer Glasfeu des glaces. C’est pourquoi Abeille s’interroge : “je vois un Catalyseur qui a été utilisé sans pitié par son Prophète ; agit-on ainsi avec quelqu’un qu’on aime ? Je pense que c’est la question que se pose mon père à présent.”

Le Fou annonce à Abeille que son père est mort, il n’a pas pu survivre à ce qui lui est tombé dessus, c’est impossible. Abeille et les autres apprendront la façon dont il est mort et cela alimentera la colère de la fille Loinvoyant (‘ça s’appelle la mort des traîtres, et c’est une fléchette qui la donne ; et tu l’as laissé l’affronter seul”). Ce dernier détail est important : Abeille ne peut comprendre que le Foi soit parti en laissant Fitz derrière, même si il est convaincu de sa mort. Peut-on lui en vouloir ? Le lecteur sait que Fitz aurait remué ciel et terre pour retrouver le corps de son ami, il l’a d’ailleurs fait dans le tome Adieux et retrouvailles, il était prêt à sacrifier tout ce qu’il avait.

Le Fou n’apparaît pas seulement dans l’Assassin royal et la trilogie du Fou et de l’assassin, il est également un protagoniste important des Aventuriers de la mer. Il a donc plusieurs identités et Braise résume bien la situation : “Ambre, c’est le Fou. Mais seul votre père l’appelait comme ça. Et Bien-Aimé.” 
Le Fou endosse plusieurs costumes et cela ne semble déranger personne. Fitz s’est fait à Sire Doré, les autres se sont habitués à Ambre, à Sire Gris, à Sire Chance. Abeille est perplexe, elle l’est aussi face aux fréquents changements de sexe du Fou (“Pourquoi il avait tant de noms et pourquoi c’était à présent une femme, je n’en avais aucune idée. Tout le monde paraissait trouver cela normal”).
Abeille n’est pas simplement dubitative quant à ses changements de noms, elle les trouve ridicules. Elle le pense clairement quand elle est en train de lire ses histoires passées : “il s’est surtout étendu sur ses aventures avec celui qu’il nomme le Fou. C’est un nom ridicule, mais, si je m’appelais Bien-Aimé, je verrais peut-être Fou comme un mieux”.
Fitz absent, le Fou pense être investi d’une nouvelle mission, devenir le chaperon d’Abeille. Il agit aussi comme ça parce qu’il estime qu’il doit guider la Prophète de son époque. Lors de leur retour vers Castelcerf, il plonge dans son intimité en lisant ce qu’elle écrit. Abeille le sait et en profite pour faire passer un message au Fou : elle ne tient pas à sa compagnie. On peut ainsi lire que “j’avais envie que Bien-Aimé, Ambre et le Fou cessent tous de me tourmenter, et, chaque fois que j’écrivais dans mon livre de rêves ou dans mon journal, je lui rappelais.”

Mais, Fitz parti, placée dans un monde qu’elle ne connait pas du tout, Abeille n’a pas d’autre choix que se rapprocher du Fou : “je commençais à m’attacher à lui alors même que je cultivais ma colère contre lui quand mon père me manquait la nuit”. 
Elle honore aussi la mémoire de son père en se dressant face à Prilkop (un ancien Prophète, auparavant rencontré à Aslevjal et également captif à Clerres). Le vieil homme noir vient quêter la clémence et du répit pour les gens de Clerres innocents, ils ne sont pas responsables selon lui des actes des Quatre. Le Fou s’y oppose et Abeille lui apporte son soutien (“sans réfléchir davantage (...) je pris sa main gantée dans la la mienne et, debout côte à côte, nous regardâmes Prilkop”). 

Le Fou a bien entendu conscience de l’inimitié d’Abeille. Elle le lui dit clairement. Quand le Fou tente d’amadouer Abeille en servant de la mémoire de Fitz et lui affirme que “tu es tout ce qu’il me reste de lui maintenant”, elle lui répond sans pitié que “alors tu n’as rien du tout.”
Fitz retrouvé dans la carrière, c’est l’occasion pour le mourant de faire ses dernières volontés. Contre toute attente et toute logique, il demande au Fou de s’occuper d’Abeille. C’est surprenant car on sait qu’Ortie ne demande qu’à s’occuper de sa soeur et que Fitz le sait. Et même si Ortie n’est pas disponible car elle a un bébé, il doit bien avoir conscience qu’Abeille est une princesse Loinvoyant et donc que le trône gardera toujours un oeil sur elle. Fitz a bien trop souffert de ça pour ne pas le savoir. Il sollicite donc devant toute l’assemblée réunie (Abeille, Kettricke, Ortie, Devoir, etc.) que le Fou se charge d’Abeille. Le Fou a des doutes, il sait que non seulement Abeille ne l’aime pas plus que ça mais qu’en plus ce n’est pas son futur (il rêve d’être dans le Loup de pierre que Fitz bâtit, il n’attend qu’une demande de sa part pour s’y plonger). C’est pour cela qu’il tente de raisonner Fitz. Il lui dit que “je ne crois pas être la personne idéale pour remplir le rôle de père auprès d’Abeille” et “ça me gênerait moins si elle me détestait carrément, mais, j’ai l’impression qu’elle n’éprouve pas grand-chose à mon endroit”.

Abeille est une spectatrice privilégiée de la déchéance du Fou. Elle le voit errer dans la carrière alors qu’il attend un signe de Fitz. Fitz n’ose pas, le Fou espère. Abeille le dit si bien, le Fou “n’était plus le Bien-Aimé de personne, mais un petit homme triste, un bouffon abîmé.” 
On peut s’interroger pour savoir si Abeille pense réellement ça, si sa vision n’est pas pervertie par autre chose. Après tout, elle a conscience qu’elle ne peut pas aider son père. Il repousse son aide quand elle tente de le guérir par l’Art, il refuse de rentrer avec elle à Castelcerf et on l’empêche de mettre des choses d’elle dans le Loup de pierre. Ses paroles sont alors crues et sans équivoque, on ressent toute sa peine : “mon père ne voudrait pas que je le rejoigne dans la pierre, c’est son Fou qu’il voudrait.”
Mais, Abeille aime plus son père qu’elle méprise le Fou et elle veut voir son entreprise couronnée de succès. Elle ment alors en disant au Fou que Fitz “t’aimait plus qu’il n’a jamais aimé aucun d’entre nous”. Fitz a aimé le Fou et il aura fallu des années pour qu’il accepte de le montrer publiquement. Mais, Fitz n’a pas toujours suivi aveuglément le Fou, il refuse par exemple de le suivre quand ce dernier revient dans sa vie après ses aventures à Terrilville ; il doit s’occuper de Heur. 
Surtout, la dernière trilogie nous montre à quel point Fitz a des griefs envers le Fou. Grâce à Abeille, on sait qu’il lui reproche d’aller et venir dans sa vie sans forcément lui donner de nouvelles et en lui demandant toujours beaucoup. Cela rejoint d’ailleurs ce que disait la Femme Pâle dans le roman L’homme noir (“il danse aux frontières de votre compréhension et vous jette parfois d’infimes indices sur sa véritable nature, comme on jette de petits morceaux de sucre à un chien”). Les derniers romans nous montrent surtout à quel point il a aimé Abeille, son enfant née si différemment et qu’il n’espérait plus. Il l’a protégée puis élevée à Flétribois alors que tout et tous étaient contre lui, il était prêt à tuer pour elle, ou en tout cas à virer du château ceux qui la tourmentaient. Il était sans pitié contre ceux qui se moquaient d’elle, même si ils étaient de sa famille (Pépite et Lant peuvent en témoigner). C’est pour Abeille qu’il a traversé le monde et a réuni une bande hétéroclite.

Les romans nous montrent qu’il existe différentes fortes d’amour et qu’il est très difficile de les comparer. Fitz a aimé Oeil-de-Nuit (un loup), Fouinot et Martel (des chiens), Molly (une femme), le Fou (un Blanc), Abeille et Ortie (ses filles) et d’autres encore. Par exemple, il a aimé Heur ou Kettricken. Mais comment classer ses amours ? Comment les comparer entre eux ? A-t-il aimé plus le Fou que Molly parce qu’il était prêt à tout quitter pour le bouffon dans Adieux et retrouvailles ? A-t-il aimé plus Oeil-de-Nuit que n’importe qui d’autre parce que le loup partageait un lien de Vif avec lui ? Mais alors, où se place l’amour physique ? Fitz a-t-il plus aimé les parties de chasse avec Oeil-de-Nuit que ses moments torrides avec Molly ?

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