Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

jeudi 8 mars 2018

Les marches du trône


La saga des Aventuriers de la Mer se déroule juste avant la deuxième trilogie de l'Assassin royal. Si on retrouve le Fou (sous les traits d'Ambre), le récit fait la part belle à de nouveaux personnages, et notamment la famille des Marchands Vestrit, des pirates (Kennit, Etta), des vivenefs (des bateaux magiques comme Vivacia, Ophélie ou Parangon le maudit), les Chalcédiens, Tintaglia la dragonne…

En terme de lieux, l'action se déroule principalement au sud des Six-Duchés : de Jamaillia à Terrilville, en passant par les Iles Pirates. Ces territoires sont placés sous l'autorité du Gouverneur.
Quand s'ouvre le tome neuf, de grandes tragédies se sont déjà déroulées : Terrilville a été secouée, les membres de la famille Vestrit sont éparpillés, le Gouverneur a disparu et les différentes villes et îles semblent s'affranchir de son commandement. En outre, les histoires personnelles se mêlent, se croisent : des fils et filles de Marchands abandonnent leur confort, des pirates ont des origines inattendues, la guerre éclate, des traditions sont reniées, d'autres personnages sont marqués par Tintaglia et ainsi de suite…

Tout le long du roman, on sent que les dragons prennent une place prépondérante dans les changements et les événements : ils sont une nouvelle force à prendre en compte. Selden Vestrit nous en donne un premier aperçu en disant à sa mère et à sa grand-mère que « la richesse que les dragons vont nous apporter excédera de loin l'argent (…) ce qui fait notre valeur aux uns et aux autres, c'est que chaque race présente à l'autre un miroir de présomption et de vanité ». On notera d'ailleurs que le Fou tiendra plus tard les mêmes propos à Umbre avant que les gens des Six-Duchés ne se lancent dans la quête de Glasfeu.
Tintaglia, par son attitude et ses paroles, montre à tous et à toutes la véracité des propos de Selden. Elle se considère au-dessus des humains, ils sont à son service (« je suis un dragon, humain. Dans l'univers, vos rêves, vos projets, vos ambitions ne comptent pour presque rien. Vous ne vivez pas assez longtemps pour avoir de l'importance »). La susceptibilité des hommes et des femmes est souvent perturbée.
Bien entendu, la puissance et la magnificence de Tintaglia déclenchent deux genres de réactions :
  • l'admiration. Ambre (qui a déjà vu les dragons de pierre) dit par exemple que « seul un authentique dragon est un dragon. Tous les autres ne sont que pâles imitations »
  • la mise à mal de la fierté. On peut par exemple citer les propos d'Althéa (« il tient tranquillement pour acquis que nos vies lui appartiennent, et j'ai du mal à l'avaler »).

Tintaglia a la faculté de marquer certains humains et de commencer leur processus de transformation en Ancien. C'était déjà le cas de Selden, ce sont aussi Malta et Reyn.
La dragonne fait clairement à comprendre à l'habitant du désert des Pluies que sa vie a basculé : « Reyn, si tu trouves une compagne, que tu engendres des enfants, la prochaine génération sera formée d'Anciens ».
De par leur nature, les vivenefs sont des dragons (en attente, non transformés, emprisonnés). Ils sentent donc quand ils sont en présence d'une personne touchée par un dragon ; Vivacia accueille Malta en lui souhaitant la « Bienvenue à toi, Amie des Dragons ».
Malta, qui elle aussi a grandement évolué depuis le premier tome et n'est plus la gamine capricieuse, retient même l'attention de Tintaglia (« tu as bien choisi. Elle est faite pour être une reine des Anciens, et porte-parole des Dragons »). D'ailleurs, même Althéa sent que sa nièce a changé ; quand elles se retrouvent par hasard sur le pont de la vivenef Vivacia, elle ne peut que constater sa métamorphose (« les grands rêves d'avenir d'une petite file romanesque avaient été remplacés par une volonté adulte de survivre au lendemain »).

Ce qui fait la richesse des Aventuriers de la Mer et de ce tome sont toutes les histoires personnelles.

C'est par exemple Ambre. On la connaissait déjà sous les traits du Fou, on en découvre un peu plus ici, on en apprend encore sur ses motivations et parfois ses peurs (« on m'a traitée de folle aussi souvent que de prophète ») ; surtout on a plaisir à voir que Fitz l'a marquée à un tel point qu'elle sculpte son visage sur la figure de proue du Parangon : « il mourait de curiosité, sachant qu'il avait le visage de quelqu'un qu'Ambre avait aimé. »

C'est surtout Althéa qui s'est vue dès le début être privée du droit de diriger la vivenef de la famille mais qui en plus a tout abandonné pour vivre une vie de marin plus que compliquée (elle a dû se faire passer pour un homme, elle a eu des expériences douloureuses, elle a subi l'incompréhension de sa famille).
Elle vit encore une terrible épreuve quand elle est violée par Kennit. Même si certains sont aveugles ou sourds (Hiéman dans un premier temps) suite à ce qu'elle a subi, ce n'est pas le cas de deux personnages féminins importants : Etta et Vivacia. La compagne de Kennit dit à un Hiéman incrédule que ce que raconte Althéa est la vérité (« cette révolte, chez une femme, rien d'autre ne peut la provoquer »). Quant à la vivenef, elle est consciente de tout ce qui se passe à bord. On ressent toute sa peine et sa colère lorsqu'elle met Kennit en face de ses faits : « c'est le plus grand préjudice que l'on peut causer à une femme ou un dragon femelle. Cela me révolte, cela me dégoûte au pus haut point »).
Dès lors, Althéa est profondément changée par son viol, elle alterne colères et doutes et cela perturbe même son intimité avec Brashen.
Heureusement, à la fin du roman, se produit quelque chose que nous avons déjà vu avec Fitz dans la Reine Solitaire. Sa peine, sa douleur lui sont retirées. Si elle garde le souvenir du viol, « elle n'était pas obligée de s'accrocher à la souffrance » qui a été captée par Vivacia.

De son côté, Kennit meurt. Son histoire est complexe. Pirate, Roi des Pirates, il est le fils d'un Marchand et a été lui-même abusé par un pirate. Fier, il a de grands projets pour les Iles des Pirates. Il est celui qui a réussi à capturer une vivenef, il est content d'apprendre que sa compagne porte une fils même si il ne le montre pas mais il est capable aussi d'actes cruels comme le montre le viol. Comme Brashen le dit, Kennit est « mort dans les bras de Parangon ». La vivenef l'a absorbé. Il lui appartenait.


C'est aussi un tome où les bouleversements politiques sont nombreux. Dès le début, au détour d'une conversation entre Keffria et Ronica, on apprend que « des Tatoués parlent de s'embarquer pour les Six-Duchés. C'est un pays rude, quasi barbare mais ils croient qu'ils pourront recommencer leur vie là-bas ».
Le Gouverneur a également vécu des épreuves pour lesquelles il n'était pas prêt, lui qui a toujours vécu dans le luxe et l'abondance. Si on peut douter de la pérennité de son changement, il faut bien admettre qu'il prend des décisions audacieuses, certes sous la pression de Malta et de tous ceux qui le pressent.
Il sait que « Jamaillia est vulnérable à l'attaque des marins chalcédiens. JE suis avisé de rechercher de plus sûrs alliés ». C'est ainsi qu'est officialisée la naissance et l'indépendance des Iles des Pirates.
Sérille (ancienne dame de Compagnie du Gouverneur) nous informe un peu plus sur les changements intervenus : « le Gouverneur n'a plus besoin d'alliance, puisque Terrilville a été reconnue comme ville-Etat indépendante ». La famille Vestrit devient l'interlocutrice privilégiée du Gouverneur mais aussi du désert des Pluies (il faut dire que Selden est offert au désert des Pluies, aux dragons, serpents) et que Malta et Reyn vont se marier.
Ce qui se passe au Palais du Gouverneur résume parfaitement la nouvelle situation : «  personne ne voulait manquer l'occasion d'entrevoir une fois encore la belle, la svelte,la grandes reine des Iles des Pirates, mais surtout de voir danser le couple d'Anciens ».

Enfin, le roman annonce ce qui se passera dans les Cités des Anciens (« les immenses cocons reposaient sur la rive boueuse comme des cosses géantes » ).

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