Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

samedi 2 septembre 2017

Scènes d'adieux

La première scène d’adieux qui me marque est celle entre Fouinot et Fitz. Une scène tronquée car Fouinot est mort. Ce n’est donc pas la séparation violente et traumatisante vécue par Fitz à cause de Burrich. Mais celle où Fouinot donne sa vie de son plein gré pour sauver le petit garçon avec qui il a parcouru les rues de Casterlcerf. La scène conclut d’ailleurs le premier tome de la saga et offre la possibilité à Robin Hobb de finir sur de superbes phrases : « Les hommes ne pleurent pas leurs morts avec l’intensité des chiens. Mais nous pleurons de longues années. »

Molly est la première fille que Fitz a aimé (il n’a pas de souvenirs de sa mère et il est vite séparé d’elle). On peut dire sans aucune contestation que ses approches envers elle ont été laborieuses, compliquées. Mais, il est parvenu à ses fins et leur amour aura été fort, puissant, intense et ô combien compliqué.Car, à part le soutien de Vérité, tout aura été contre eux : les conseils de Patience ou Umbre, la situation particulière de Fitz à la cour, sa condition de servante, etc. Molly a beau envoyé des signaux explicites à Fitz, celui-ci ne les comprend pas. Et ce qui devait arriver arriva. Lors d’une dernière discussion douloureuse, la vérité éclate. Fitz n’est plus la priorité de Molly et les adieux sont colériques : « Ne me touche pas, gronda-t-elle. Ne pose plus jamais la main sur moi ! »
Grand-père de Fitz, Subtil est le roi des Six-Duchés, un roi sans pouvoirs, un roi sans forces. Car plus notre lecture avance et plus cette impression se renforce. Son corps ne lui obéit plus, sa volonté faiblit et Fitz est désemparé quand il se présente face à son Roi. Mais quand Fitz va pour le soustraire des mains traitresses de Royal, le vieux Roi se redressera une dernière fois pour délivrer ses dernières paroles teintées de la force royale (« Mon jeune assassin, qu’ai je fait de toi ? Comment ai-je pu ainsi pervertir ma propre chair ? Tu ignores à quel point tu es jeune encore ; fils de Chevalerie, il n’est pas trop tard pour te redresser. Relève la tête, vois au-delà de tout cela. »)

Il n’est pas illusoire de dire que beaucoup de lecteurs des aventures de Fitz vouent un véritable culte au Fou. Il n’est pas non plus faux de dire que c’est avec ce personnage que Fitz aura vécu une de ces relations les fortes, les plus abouties. Pour autant, il ne faudrait pas oublier l’instant, cet instant où les deux ont cru qu’ils ne se reverraient jamais à la mort de Subtil. Et le moins que l’on puisse dire est que les mots du Fou ont été cruels, durs pour Fitz. Tels des uppercuts en pleine face, le bouffon du Roi assène au bâtard royal des « Tu l’as tué, tu l’as tué ! Tu as tué mon roi, traître immonde ! »

Burrich n’est pas qu’un mentor de Fitz, c’est celui qui remet toujours Fitz debout, celui qui est le plus exigent avec lui. Dur avec lui, intransigeant. Et ça Fitz le supportera jusqu’à sa résurrection où tout finira par éclater. Des années de rancœur, un retour à une vie qu’il ne voulait plus et des mots lâchés en pleine face qui auraient énervé plus d’un homme. Mais pas Burrich, non lui encaisse, se redresse et s’enfonce dans la nuit noire. Et le lendemain, quand il prend conscience que Fitz ne peut grandir, ne peut vivre sa vie en étant constamment sous l’ombre protectrice de quelqu’un, il lui dira des paroles pleines de tendresse : « Va te peigner. Tu as l’air d’un sauvageon. »

Et puis, il y a Vérité. Vérité et son destin étonnamment proche de celui du Fitz. Lui aussi se sacrifie pour son pays, lui aussi sacrifie son amour, lui aussi porte le fardeau de la solitude l’Art. Vérité aura été plus qu’intime avec Fitz. Quand Vérité le Dragon s’envole pour nettoyer les Six-Duchés de la traîtrise de son frère et des malveillances des Pirates, Fitz perd plus qu’un ami, un mentor ; il perd une partie de lui-même. Et Vérité, en digne fils de son père, prononcera là encore des paroles puissantes : « Et prends mieux soin de toi que je l’ai fait de moi-même. Je t’aimais, tu sais, ajouta-t-il à coup ;  malgré tout ce que je t’ai fait subir, je t’aimais. »


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