Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

Il existe des personnages qui paraissent anodins et qui ont un grand impact sur l’histoire. Il existe des personnages qui accomplissent des ...

samedi 2 septembre 2017

Hommes d'Etat


Les Six-Duchés sont un royaume, un ensemble du Duchés fédérés. A la tête se trouve un Roi, Subtil. Le pouvoir se transmet de père à fils ou à fille.
Il faut préciser le contexte de l'histoire pour bien permettre de cerner la personnalité des personnages. Le pays est en guerre, attaqué par les Pirates Rouges, en même temps les Duchés sont divisés sur la marche à suivre pour faire face à ce défi.

Tous ont au cœur la défense des habitants du pays, tous sont prêts à se mettre en péril physiquement ou par le biais de leur magie, le prince Vérité rêvant même d'aller découdre avec les Pirates épée à la main.
Au début du tome 2, il y a ce passage où la ville de Vasebaie est attaquée, où les habitants sont massacrés. L'horreur frappe le lecteur, illustrée par les propos du Fou. Et puis, il y a Subtil, ce vieux Roi fatigué, frappé par la maladie et qui perd le contrôle de son corps et de son esprit. Le vieux monarque est doué de la magie de l'Art qui lui permet de vivre les atrocités subies par ses sujets. Et il pourrait se cacher, détourner les yeux mais il se force à regarder. Pourquoi ? Sa réponse est cinglante : « Pourquoi souffrir ? (…) Je souffre, mon fou, parce qu'ils ont souffert. Parce que je suis un roi. Mais davantage encore, parce que je suis un homme ».
Tous ont conscience qu'ils devront utiliser des moyens énormes pour faire face à la menace. Le conseiller du Roi, Umbre, résume bien la situation quand il affirme qu'ils en sont à survivre. Tous les procédés sont bons à utiliser, même les plus barbares comme le dit si bien Vérité. C'est un passage du récit assez tragique puisque Fitz vient de récupérer le cadavre d'une petite fille des griffes et des dents des forgisés. Fitz s'en sort miraculeusement, en sang, et en se servant de son côté bestial ; arrivés plus tard sur les lieux du drame, les gardes royaux sont dégoûtés par ce qu'ils trouvent. Pourtant, Vérité a bien conscience que Fitz n'a fait que son devoir (« j'ai besoin de lui pour cette immonde guerre secrète (…) Quoi que Fitz doive faire, quel que soient les talents auxquels il doive recourir, (…) il doit s'en servir. Parce que nous en sommes là à présent : à survivre. »

La défense du Royaume passe aussi par la nécessité de trouver des alliés extérieurs. Subtil en a bien conscience et il est prêt à tout pour sauver son pays. Ce n'est pas le bonheur de ses fils qui comptent mais la survie des Six-Duchés. Quand Vérité et Subtil se disputent, il lui dit que « Royal n'a pas choisi une femme ni pour toi, ni pour lui, ni pour aucune raison imbécile de ce genre ! Il a choisi une femme qui doit devenir la reine de notre pays, (…), susceptible de nous apporter l'argent, les hommes et les accords commerciaux. » Les propos pourraient sembler durs envers Kettricken, mais celle-ci a bien conscience de n'être qu'un outil (« je suis ici pour donner un héritier à Vérité »).

Mais, il serait injuste de réduire Kettricken à ce rôle. Elle est aussi celle qui redonne fierté et courage aux responsables de la royauté, et plus important encore à son peuple. Après qu'elle ait été agressée par les forgisés, alors que son peuple ne pense qu'à la vengeance, elle trouve les mots pour canaliser cette vengeance pour la rendre exploitable. Elle force les sujets à réfléchir aux conséquences de leurs actes, à savoir qu'ils tueront leurs propres compatriotes (« serrons les dents et arrachons de notre flanc ce foyer d'infection avec la même résolution et les mêmes regrets que si nous amputions un membre gangrené de notre corps »). Umbre, en homme d’État qu'il est, amoureux de son pays, perçoit bien ce qui est en train de se passer : « Nous redressons la tête, mon garçon, nous nous relevons pour nous battre ».

Car, avant l'arrivée de la Reine, le pays traversait une situation périlleuse, à un point que les dirigeants doutaient de l'unité et de la survie, comme le faisait remarquer Umbre (« nous allons éclater en milliers de petites villes indépendantes (…). Si Subtil et Vérité ne réagissent pas très vite, le royaume va devenir une entité qui n'existera plus que par son nom »).
Ils sont aussi des hommes avec une vision forte, des idées et des valeurs qu'ils défendent. Vérité par exemple. Quand Fitz revient des Montages, affaibli par la perfidie de Royal, on pourrait croire qu'il cherche à se venger de son jeune frère. Mais, il a bien conscience que c'est, encore une fois, l'unité du royaume qui est en jeu. Et il rétorque à un Fitz enragé ceci : « la justice ! Nous l'appelons toujours de nos vœux et nous en sommes toujours privés. Non, nous devons nous contenter de la loi et c'est d'autant plus vrai que le rang est élevé. »

Gouverner nécessite certaines compétences et attitudes. Subtil le sait et il tente de transmettre son message à son plus jeune fils, Royal. On saura plus tard qu'il aura échoué, Royal étant déjà pourri par les délires de sa droguée de mère. Mais comment ne pas vibrer quand le vieux Roi lui dit, en parlant de sa femme et donc de la mère du prince, que « ses ambitions ont toujours excédé ses capacités. En matière de royauté, c'est une faiblesse des plus déplorables ».
Et Umbre, toujours lui, a été celui qui aura fait l'éducation de Fitz en ce qui concerne l'art de gouverner. Ses paroles sont d'autant plus symboliques quand on sait quel est son rôle, lui l'assassin de l'ombre, lui qui intervient discrètement. En fin de compte, il pense que « c'est en en cela que réside le secret d'un bon gouvernement : il doit inspirer aux gens le désir de vivre de façon à ne pas l'obliger à intervenir ».


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