Oeil-de-Nuit est le réel Roi. Le Fou versus la Femme Pâle : le combat du siècle. Oh Malta, Malta, Malta. Gloire au dragon fou Glasfeu. Les Anciens ne sont que des gosses. Keffria, tu remontes dans notre estime. Il était une fois Clerres.

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Petit-Furet dans la légende

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jeudi 14 novembre 2024

Un artefact : la boucle d'oreille de Burrich

Les objets importants n’ont pas forcément un impact important sur l’histoire ou une origine magique ou légendaire. Ils peuvent l’être simplement par leur histoire, leur symbolique. Ils ont pu traverser des époques, lier des gens sans qu’ils en aient conscience. La boucle d’oreille de Burrich en est un bel exemple car elle a été portée par le maître des écuries de Castelcerf, par le prince Chevalerie, par le bâtard FitzChevalerie ou par le Fou. Il est assez rare de voir un objet être détenu par tant de personnages de premier plan.


Originaire de Chalcède, Burrich a obtenu cette boucle par sa grand-mère. Elle est la preuve qu’ils n’étaient plus des esclaves, qu’ils avaient pu acheter leur liberté. C’est donc quelque chose qui est remarquable et mémorable. Bien peu de choses auraient pu pousser Burrich à s’en débarrasser. Pourtant, il l’a donnée à Chevalerie (« je croyais qu’on l’avait enterrée avec lui (…) C’était à ton père. Je lui en avais fait cadeau »), ce qui montre bien la force de l’amitié qui unit ces deux hommes. Burrich n’aurait pas été contre que Chevalerie soit inhumé avec. D’une certaine façon, il aurait ainsi accompagné son prince. 

Mais, Patience en a décidé autrement et a changé le cours des choses. Elle a récupéré l’objet l’a conservé pendant des années. Quand elle a décidé de revenir à Castelcerf après son exil à Flétribois, elle l’a offert à Fitz : « elle en prit une à motif de minuscule résille d’argent dans laquelle une pierre bleue était emprisonnée ». Fitz n’a aucune idée de ce que c’est, de l’histoire de l’objet.


Dès lors, Fitz la porte. Quand il revient de la mort après avoir été torturé par Royal, c’est un des rares objets qu’il a conservé. Mais, Fitz devient une cible, sa tête est mise à prix et il doit se cacher comme il peut. Il change de nom et cache la boucle. Malheureusement, il est capturé par des soldats de Royal. Sa boucle lui est prise (« je remarquai que ma bourse avait disparu. Pêne avait dû s’en emparer pendant que j’étais inconscient ; mon coeur se serra à la pensée que je ne reverrai plus la boucle d’oreille de Burrich »). La tristesse de Fitz peut s’expliquer par le fait que c’est l’un des derniers objets qui le rattache à son ancienne vie. C’est aussi le témoignage qu’il tenait à Burrich, cet homme qui l’a éduqué et a sacrifié sa vie pour prendre soin de lui. Lorsque Fitz parvient à s’échapper et tuer Pêne et ses hommes, le bijou devient la première chose qu’il recherche (« je fouillai soigneusement le cadavre et mis la main sur la boucle d’oreille de Burrich »).


Après avoir permis à Vérité de chasser les Pirates Rouges, Fitz fait un choix douloureux. Il abandonne son passé derrière lui. Il fait une croix sur Molly et Ortie. Pourtant, il y a un homme à qui il veut faire savoir qu’il est encore en vie : Burrich. Il veut montrer à son ami qu’il n’est pas devenu une bête dominée par le Vif, mais qu’il a agi en tant que soldat, en tant qu’homme de Vérité. D’une certaine façon, l’objet doit montrer la dévotion de Fitz, son sens du devoir. C’est ce qu’il dit au Fou : « j’aimerais que tu le lui apportes, et aussi que tu lui dises, que je ne suis pas mort devant la chaumière d’un berger, mais en restant fidèle au serment que j’ai prêté à mon roi ».

Les choses ne se passeront pas comme prévu. Le Fou se trouve pris dans d’autres aventures à Terrilville et conserve le bijou avec lui. Il ne le remet pas à Burrich.


A Terrilville, le Fou est devenu une femme, Ambre, et elle détonne. Son apparence intrigue, ses paroles intriguent. Des questions sont soulevées sur son identité, d’autant plus qu’Ambre donne bien peu d’informations sur elle. On tente de la cerner comme on peut et on repère la moindre chose qui donne des indications. La boucle en fournit certaines. Rache remarque qu’ « elle porte un anneau de liberté à l’oreille, vous savez, l’anneau que les esclaves affranchis de Chalcède doivent acheter et arborer pour prouver qu’on leur a accordé la liberté ». L’hypothèse est donc qu’Ambre serait une esclave ou une ancienne esclave. Ambre donne une réponse différence : elle dit même la vérité bien qu’aucun de ses interlocuteurs ne soit capable de la comprendre.  Ambre confesse « que c’était un cadeau de son unique amour ». La boucle symbolise donc l’amour, l’attachement. C’est un objet qu’Ambre porte fièrement, à la vue de tous, pour montrer son lien avec Fitz, même si personne ne le sait. Pour Ambre, dans le contexte de Terrilville, la boucle devient un objet important. La chose est manifeste quand elle remodèle le visage de la folle et dévastée Parangon ; elle lui donne le visage de Fitz et n’omet aucun détail. Elle lui fait le nez cassé et « déposa la grande boucle d’oreille dans la paume de Parangon ». Ambre a donc reproduit en plus grand la boucle d’oreille. 


La boucle suit donc le Fou. Ce dernier décide de revenir dans les Six-Duchés et de retrouver son meilleur ami, Fitz. Fitz n’est pas déçu de voir que le Fou a conservé la boucle. Il ne le voit pas comme une trahison de sa volonté. Mieux, quand les deux se saluent, la boucle sert presque de connecteur émotionnel entre les deux : « il passa les autour de moi et m’étreignit brutalement ; je sentis le clou d’oreiller de Burrich presser sur ma gorge ».

Toutefois, le Fou reste le Fou. S’il est devenu Sire Doré, il reste influencé par les prophéties. L’une d’elles dit qu’il doit mourir pour atteindre son but. Il envisage alors de se débarrasser de ses possessions, de ses richesses. Il envisage même de rendre à Fitz la boucle alors que ce dernier l’avait fortement enjoint à la garder, même après leurs retrouvailles (« il leva la main pour ôter la boucle d’oreille en bois que Sire Doré portait toujours »). Fitz refuse, il ne peut tolérer comportement mortifère. Il aurait l’impression de perdre son ami si il le laissait faire. Fitz trahit alors le Fou en l’empêchant de partir avec lui à la recherche de Glasfeu. Il sait pourtant que c’est important pour le Fou.

Le Fou, laissé à Castelcerf, solde sa vie. Il rencontre même Burrich, venu demander des comptes (Ortie a transmis un message de Fitz laissant croire qu’il était encore en vie). C’est Ortie, la fille adoptée par Burrich, qui remarque le changement de Burrich : « lui-même porte maintenant une boucle d’oreille, une sphère sculptée dans le bois. Jamais, je l’avais vu porter ce genre d’ornement ». La boucle est donc revenue à son propriétaire. Le fait que Burrich la porte n’est pas anodin : cela montre qu’il sait que Fitz est vivant, qu’il accepte cette vérité. On peut même penser que c’est une façon de témoigner sa fidélité et son amitié à Fitz.

Plus tard, c’est un Burrich à la porte de la morte qui donnera le bijou à Leste, son fils ayant le Vif (« l’enfant dormait à côté de son père dont une main pendait hors de ses couvertures ; en la replaçant au chaud, je m’aperçusse qu’elle était serrée sur une boucle d’oreille en bois »). Il faut aussi noter que c’est un geste de réconciliation de Burrich qui a tout fait pour éradiquer le Vif en Leste ; il lui montre ainsi qu’il l’accepte comme il l’est ; Burrich n’est plus hanté par son histoire personnelle.


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